L’INTERVIEW Au Chemin-Bas, Hassan Ramzi : « J’ai vu ce garçon se vider de son sang »
Mardi soir, à Nîmes dans le quartier du Chemin-Bas, une fusillade a éclaté faisant 4 blessés dont un grave. En réanimation, la victime a été secourue par Hassan Ramzi, entraineur de boxe au club Muaythaï nîmois.
Objectif Gard : Mardi soir une fusillade a éclaté près de votre club de boxe. Que s’est-il passé ?
Hassan Ramzi : Je donnais mon cours de boxe quand tout à coup, j’ai entendu de grosses détonations. Ça m’a surpris, je suis sorti. C’était comme un réflexe. J’ai trouvé ça bizarre : d’habitude, ça ne tire pas au Pont du justice mais plutôt vers les écoles, au cœur du quartier. Quand je suis sorti, j’ai vu tout le monde courir dans tous les sens. Devant l’épicerie, un jeune criait à l’aide…
« J’ai fait un garrot avec un sweat »
Qu’avez-vous fait ?
Je suis allé vers lui. Je me suis rendu compte que je le connaissais. Il a une vingtaine d’années, c’est un ancien élève à moi. Il a reçu un tir de Kalachnikov dans la jambe. Son artère a été touchée, il se vidait de son sang. En tant qu’entraîneur et éducateur, je suis formé aux premiers secours. J’ai pris un sweat, j’ai fait un garrot. L’homme qui tient la pizzeria à côté est venu m’aider. Nous sommes restés avec le jeune, nous l’avons rassuré. En attendant les secours, chaque minute vaut des heures.
Ce jeune est-il lié au trafic de drogue ?
Non. C’est un entraîneur de foot au JSCBA. Il fait partie des jeunes qui se retrouvent sur le petit terre-plein près de l’épicerie, loin des trafics. Un coin neutre qui permet de continuer à vivre.
Comment expliquez-vous cette fusillade ?
À écouter certains jeunes, des messages tournaient sur les réseaux sociaux expliquant que ça aller défourailler dans tout le quartier. Je ne les ai pas vu, mais apparement des jeunes cagoulés sont sortis d’une Renault Mégane noire et ont tiré. Cette voiture aurait été retrouvée brûlée entre Marguerittes et Poulx. (...) Aujourd’hui, j’en ai tellement marre que je suis prêt à afficher les clients sur les réseaux sociaux. Ils sont aussi responsables de cette situation. Et eux, ce sont des cadres, des mecs en costard… Des gens qui ne subissent pas tout ça !
« Il y a urgence à agir »
Comment va ce jeune aujourd’hui ?
Il est resté trois heures au bloc. Là, il est en réanimation. Hier, j'ai appelé son père… Ce qu’il s’est passé est horrible.
Avez-vous pensé à partir du Chemin-Bas ?
J’ai 53 ans et ça fait 53 ans que j’y vis. Pour vous dire, je suis né à la Clinique Pasteur. Si je m’en vais qui va rester auprès de cette jeunesse ? Depuis les dernières fusillades, plusieurs parents refusent de mettre leur enfant au club de boxe. Ils ont peur. Vous pensez que c’est une solution ? Il y a urgence à agir pour cette jeunesse. J’ai proposé au directeur de l’école Jean Moulin et même au premier adjoint de la ville, Julien Plantier, de faire des actions. Pour l’heure, mes demandes sont restées lettre morte.
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