LE PORTRAIT DU DIMANCHE : Orianne Lopez, championne sur tous les terrains
A 23 ans, Orianne Lopez est une jeune femme ultra-dynamique qui va sur les différents terrains de la vie avec une détermination sans faille et qui franchit tous les obstacles avec une facilité déconcertante. Des obstacles, la jeune femme a en connu dès sa naissance. Elle naît en 1989, à Pignan dans l’Hérault, avec une malformation congénitale qui se traduit par l’absence de fémur à la jambe droite. « Anatomiquement, explique-t-elle, il me manque une cuisse sur cette jambe ». On lui fabrique alors une prothèse à l’âge de 16 mois ce qui lui permet de faire ses premiers pas en même temps que son frère jumeau. « Cette prothèse, je la porte du matin au soir. Je l’attache comme on met une botte. Ca va très vite. Je suis très à l’aise avec ».
Elle grandit, va à l’école où elle suit une scolarité classique comme n’importe quel enfant. Très vite, elle est confrontée aux regards des autres, à leurs jugements, à leurs moqueries parfois. « Je remercie mes parents de m’avoir fait suivre un parcours classique parce que ça m’a montré ce qu’était la vie. Je me sens plus forte », confie Orianne. C’est à l’âge de 14 ans, en 2003, qu’Orianne commence le sport. « J’ai vu une course de Dominique André, l’athlète handisport qui est originaire d’Alès. J’ai eu envie de courir. Et puis, on avait le même prothésiste tous les deux : Patrick Ducros. Il m’a fait une prothèse en carbone et c’était parti ». Sa vie de sportive de haut niveau démarre. Et sur des chapeaux de roue.
A peine un an après avoir commencé l’athlétisme, elle décroche son premier titre de championne de France au lancer de poids. (L’intégralité du palmarès d’Orianne en cliquant sur ce lien). Et depuis, il ne se passe pas une année sans que cette jolie brune aux yeux noisettes ne décroche un titre. Le 19 juillet 2009 restera une date importante de la carrière sportive de la jeune femme. En Suisse, elle devient championne du monde -23 ans du 200 mètres et établi par la même occasion un nouveau record de France. Avec sa coach, Christine Sarradel, la sportive enchaîne les heures d’entraînement, 18 heures par semaine, pour se préparer à l’ultime compétition : les Jeux Olympiques de Londres. Seulement, son épreuve de prédilection le 200 mètres n'est pas au programme des jeux paralympiques. Orianne devra se contenter du 100 mètres et finit la course à la 9eme place. Dernière. « Je n’étais pas déçue et même plutôt heureuse par rapport à mon chrono. J’ai fait le meilleur temps de ma saison ».
En parallèle, l’athlète poursuit sa vie étudiante avec brio puisqu’elle est en cinquième année de médecine et vient de finir major de sa promo lors de ses derniers examens. Décidément, elle lâche difficilement la première place. « En fait, le sport m’a toujours aidé à être bonne à l’école. Je n’ai jamais pu partir faire du sport l’esprit tranquille avant d’avoir appris mes cours. Et sans le sport, je n’aurai peut-être pas non plus réussi mes études aussi bien. Les deux sont très complémentaires ». Plus tard, Orianne voudrait travailler dans la médecine physique et la réadaptation et pourquoi pas pour l’équipe de France handisport qu’elle connaît si bien. Elle était encore en stage avec l’équipe de France la semaine dernière à Malte.
Enfin, pendant le peu de temps qu’il lui reste, la jeune femme accepte dès qu’elle le peut de se rendre à des conférences pendant lesquelles elle évoque son parcours, son handicap. « Il faut parler du handicap. Il ne faut pas avoir peur de la différence. C’est pour ça que j’essaie d’agir à ma manière en participant à des conférences ou quand je suis dans mon rôle de conseillère municipale à Pignan ». Quand on vous disait qu’Orianne est une championne sur tous les terrains.
Tony Duret
tony.duret@objectifgard.com