Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 23.05.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 303 fois

MARIAGE GAY. Christine Boutin : "J'ai prédit qu'après le Pacs il y aurait le mariage. Après le mariage, il y aura la GPA!"

Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate. D.R/C.M

Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate. D.R/C.M

Revigorée politiquement par la "Manif Pour Tous", l'ancienne ministre Christine Boutin appelle les opposants au mariage gay à s'engager pour les élections municipales. Elle vient de créer une délégation du PC-D dans le Gard.

Elle avait prédit la guerre civile… Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate et fervente opposante au mariage homosexuel a dû revoir sa copie. Cet après-midi, celle qui fut l'une des premières femmes politiques de France, notamment connue pour sa levée de bible à l'Assemblée contre le Pacs, a fait escale à Nîmes. Soignée, coquette même, la descendante d'une famille bourgeoise du Berry n'en n'est pas mois accessible. Femme de caractère, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a appris tout au long de sa longue carrière à encaisser les critiques, mais aussi à y répondre.

D.R/C.M

"J'ai prédit qu'après le Pacs il y aurait le mariage. Après le mariage, il y aura la GPA!"

En fin d'après-midi, Christine Boutin a impulsé dans le Gard une délégation de son parti. Il faut avouer que depuis quelques mois, sa formation politique a repris des couleurs : "nous en sommes à 15.000 adhérents alors qu'au début de l'année nous étions 9.000", se réjouit l'ancienne députée, qui bien qu'ayant "laissé sa place à l'Assemblée", veut transmettre son "expérience" et "certains messages".

Des messages sur la loi Taubira. Revigorée par son combat anti mariage gay, Christine Boutin, de plus en plus sollicitée par les médias, a parfois basculé dans la surenchère. Aujourd'hui, si la loi est entérinée, la conservatrice taclé volontiers de "vieille France" par ses détracteurs, a trouvé un nouveau crédo : "la crise de civilisation". Et de pourfendre : "une société consumériste, matérialiste où tout se marchande, comme bientôt le corps de la femme".

Et bien malin, celui qui la convaincra que François Hollande a refusé formellement la GPA (gestation pour autrui). "Parce que vous le croyez vous le président ?! Mais que vaut la parole d'un François Hollande qui un jour explique que les maires bénéficieront d'une clause de conscience et qui, le lendemain, se rétracte après avoir reçu les associations LGBT?", vilipende la militante. Avant d'argumenter : "Si on s'en réfère au droit, la loi Taubira promeut l'égalité. En ce sens, les couples d'hommes auront le droit de réclamer la GPA puisqu'ils ne peuvent pas faire d'enfant contrairement aux femmes (…) Il y a de cela 11 ans, j'ai prédit qu'après le Pacs il y aurait le mariage. Après le mariage il y aura la GPA!".

Au-delà de la rhétorique politique, Christine Boutin regrette que "le peuple n'ait pas été consulté. Et que le débat fut réservé à des élites parlementaires". Si l'engagement n°31 du candidat Hollande autorisant le mariage homosexuel était inscrit noir sur blanc dans le programme, Christine Boutin balaie l'argument d'un revers de main : "On sait très bien que les élections ne se sont pas faites sur le point n°31". Et d'ajouter : "Ce qui est déplorable, c'est qu'il n'y ait pas eu des débats en amont dans les régions, que les gens n'aient pas pu poser leurs questions. Cela a créé de l'incompréhenssion et a fracturé la France en deux". D'ailleurs ce dimanche, la France des "antis" battra de nouveau le pavé dans les rues parisiennes.

Gestation politique. Pour Christine Boutin, la "Manif Pour Tous" est en train de changer la donne politique. "C'est en gestation et comme un bébé, on aimerait savoir de quoi il s'agit. On verra bien !", précise celle qui ne croit plus en la théorie des désespérés qui courent trouver du réconfort dans les bras du FN. Ces soubresauts militants peuvent devenir "une force politique puissante, (…) la seule capable de revenir en arrière et de changer la loi (…) Ne soyons pas dupes, dans le paysage politique actuel, c'est presque impossible". Le message à ses camarades de manifestation UMP est lancé.

Echéances municipales obligent, Christine Boutin appelle les membres de la Manif Pour Tous à s'engager "aux côtés de leur maire ou d'autres candidats qui partagent les mêmes valeurs qu'eux". L'idée d'une étiquette "Manif Pour Tous", défendue par Frigide Barjot, l'autre symbole de cette lutte conservatrice, ne l'enthousiasme pas des masses. Bien sûr, Christine Boutin "ouvre les bras" à tous ceux qui souhaiteraient rejoindre son mouvement. Mais en bonne chrétienne, elle laisse à chacun son "libre-arbitre", elle qui se revendique plus que jamais être "une femme libre".

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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