FAIT DU JOUR Les collections du musée Georges Borias à Uzès bientôt en ligne sur "Joconde"
André Gide, l'écrivain scandaleux, dont le talent a été récompensé par le Prix nobel de la littérature en 1947, restera à jamais une figure emblématique de la ville d'Uzès. Il n'y est pas né, il n'y a même jamais vécu véritablement. Il venait juste -- avant même que le grand public ne puisse lire ses œuvres Les Nourritures terrestres, Les Faux-monnayeurs, L'école des femmes etc, avant que l'auteur ne révèle ouvertement son homosexualité, avant qu'il n'épouse Madeleine, avant d'avoir une fille (Catherine) cachée avec Élisabeth Van Rysselbergue, avant ses prises de position contre le colonialisme (Voyage au Congo) ou contre le communisme (Retour de l'U.R.S.S), avant de créer la Nouvelle revue française, bref avant que son prénom ne soit connu et reconnu -- passer quelques jours des vacances chez sa grand-mère alors qu'il n'était qu'un enfant, sur les terres uzétiennes qui ont vu naître son père, Paul et son oncle Charles.
Il n'en fallait pas plus pour que la commune d'Uzès lui consacre une place de choix dans son musée municipal Georges Borias (2 500 visiteurs par an), caché dans un recoin de la place de l’Évêché depuis 1978. Ce musée qui raconte l'histoire de la ville et de ses alentours au travers d'une collection de quelque 6 000 pièces (archéologie, poteries, peintures etc) met à l'honneur l'écrivain décédé en 1951 dans une salle où les vitrines renferment des trésors de littérature mais pas que. Différents portraits d'André Gide fixent le visiteur qui le découvre à son jeune âge, la bouche dissimulée derrière une moustache, le crâne recouvert de cheveux. Et puis les années passant, la moustache disparaît, le crâne s'éclaircit... On peut aussi y trouver des objets personnels de l'auteur comme ses passeports, son écharpe, sa redingote etc. Près de 600 pièces dédiées à André Gide ont été répertoriées dans ce musée et enregistrées dans l'inventaire papier du musée.
A son arrivée en 2004 place de l’Évêché, la conservatrice Brigitte Chimier s'est lancée le défi d'enregistrer toutes les données de chaque œuvre dans un logiciel informatique. Pièce après pièce, de ses dix doigts, elle a tout recopié, apportant souvent quelques précisions. "C'est un travail long et laborieux mais nécessaire. Chaque objet doit être identifié sur plusieurs critères et illustré par une photographie" explique-t-elle assise devant son ordinateur posé sur un bureau surchargé de documents. "J'ai noté par ailleurs des objets qui n'étaient pas présents dans l'inventaire. J'en suis à 5 515 pièces, mais la collection devrait atteindre les 6 000 pièces."
La conservatrice voit dans ce travail de longue haleine un côté pratique à terme, "parce que rechercher une œuvre dans un logiciel informatique est plus simple que dans un livre, avec l'aide des mots clés on va plus vite." Mais ce confort n'est pas sa seule motivation. Toutes ces données numérisées, Brigitte Chimier les adressera au ministère de la Culture et de la Communication qui les éditera sur son catalogue collectif des collections des musées de France en ligne nommé Joconde. "C'est un véritable outil pour les chercheurs ou même les éditeurs qui recherchent des illustrations d’œuvre. Ils n'ont qu'à cliquer pour trouver l’œuvre qu'ils souhaitent et savoir où la trouver. L'objectif, c'est que toutes nos collections soient publiées dans ce catalogue en ligne." Un objectif que la conservatrice compte atteindre progressivement. Pour l'heure, elle procède à toutes les vérifications nécessaires sur la collection dédiée à André Gide. "Je devrais envoyer mon fichier au ministère d'ici la fin de l'année. Après la mise en ligne sur le catalogue national risque de prendre un peu de temps." Patience donc...
Stéphanie MARIN
stephanie.marin@objectifgard.com