Lhoussain Oulkouch, 34 ans, a été condamné à une peine de six ans de prison devant le tribunal correctionnel de Montpellier. Le 22 décembre 2012, le chauffard, qui n’avait plus le permis de conduire, a tué Charlotte, 18 ans, après avoir bu, fumé du cannabis et pris la fuite.

Procès hors-norme ce jeudi 2 janvier dans la salle René Cassin du tribunal correctionnel de Montpellier. Les bancs réservés au public sont remplis par une centaine de proches, d’amis et de soutiens de Charlotte. Beaucoup d’entre eux découvrent pour la première fois le visage de Lhoussain Oulkouch, trentenaire de petite taille, au teint mat, au crâne rasé, qui se tient droit, les mains dans le dos, face à la présidente du tribunal Claudine Laporte. Lhoussain est seul à cette barre. Sans son co-prévenu et ami, Mustapha Bouchane, qui avait passé une grande partie de la nuit du drame avec lui et qui n’a pas daigné faire le déplacement…

Après avoir renvoyé le dossier de l’absent au 4 mars prochain, la présidente relit les faits, interroge et bouscule le prévenu qui a parfois du mal à admettre certains faits. Sur son alcoolisation le 22 décembre 2012, il finit par concéder : « J’ai bu deux-trois verres de vodka devant un bar à shishas puis sept verres de whisky en discothèque ». Sans compter le pack de bières partagé avec son ami Mustapha. Quand il sera interpellé par les enquêteurs, douze heures après l’accident, Lhoussain Oulkouch sera contrôlé avec 0,57g  d’alcool dans le sang. Selon les experts, son taux d’alcool au moment des faits était compris entre 2,30 g et 4,20 g !

Maître Nguyen-Phung, l’avocat des parents de Charlotte, prend le relais et questionne le prévenu : « Quelqu’un vous a-t-il forcé à boire ? ». « Non », répond le prévenu. « Quelqu’un vous a-t-il forcé à fumer un joint ? ». La tête basse, Lhoussain fait signe que non.  « Est-ce que vous aviez conscience du danger que vous faisiez courir aux autres ? », termine l’avocat. « « Oui », reconnaît l’accusé avant de demander pardon : « Je tiens à m’excuser de mon comportement. Je regrette vraiment. J’ai brisé une famille. Je me sens lâche. Pardon. Même s’ils ne me pardonneront jamais, je tenais à leur dire ».

Dans une longue plaidoirie durant laquelle Maître Nguyen-Phung posera le débat de la qualification juridique, l’avocat répond à l’accusé : « Personnellement, je n’accepte pas ses excuses surtout à cause de ses mensonges ignominieux ». Et de continuer en rappelant le sens du combat des parents de Charlotte qui, depuis les faits, ont créé l’association Charlotte-Mathieu-Adam : « On ne peut plus accepter qu’on appelle cela un accident de la route ».

Alors que Lhoussain Oulkouch encourait une peine de dix ans de prison, le procureur a demandé une peine de huit ans et, après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné l’accusé à six ans de prison. Son véhicule a été confisqué et il aura l’interdiction de passer le permis de conduire pendant un délai de cinq ans.

Ecourés, déçus, en larmes, les parents de Charlotte n’ont pas trouvé les mots à la sortie de l’audience : « On est déçus par la peine infligée au meurtrier de notre fille. Notre combat continue. On fait appel de la décision. Six ans, c’est trop peu », commentera brièvement le père de la victime.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com