PORTRAIT DE VILLAGE. Beaucaire : des candidats à foison pour les municipales
Le 23 mars à l'occasion du premier tour des municipales, les électeurs beaucairois devront choisir entre... cinq candidats ! Si à gauche c'est l'union, à droite les prétendants au trône municipal sont nombreux et une grande incertitude réside, ici aussi, du côté du FN.
Beaucaire, une charmante commune, riche de 16.000 âmes, qui fait d'elle la quatrième ville du département. Ni tout à fait provençale, ni tout à fait gardoise, la ville navigue entre deux cultures, s'exaltant à la fois de ses festivals taurins et de ces fanfares tarasconnaises qui n'ont qu'à traverser le Rhône pour envoûter la ville.
Territoire agricole et industriel, Beaucaire n'a pas été épargnée par les difficultés et les mutations économiques de l'hexagone, en confère l'épopée Moncigale. Du reste, si la population est jeune, elle est peu qualifiée. Un handicap pour l'emploi qui fait planer le taux de chômage de l'ensemble de la population à 15% allant jusqu'à 37% chez les jeunes actifs, selon une étude de l'INSEE, publiée en septembre dernier.
L'UMP en ordre dispersé
Le 23 mars prochain, les 10.000 électeurs inscrits sur les listes seront rassasiés de candidatures. Gare à la crise de foie électorale… A Beaucaire, oubliez qui est de l'UMP, du PS, du centre ou du FN, la majorité des habitants s'attardent d'abord sur le candidat et son projet. Parmi les cinq candidats en lice, quatre
ont le coeur qui bât relativement à droite, le penchant politique de la commune. Prenons d'abord l'UMP. Désireuse de reconquérir la ville arrachée six ans plus tôt par Jacques Bourbousson (Parti Radical) le parti n'a pas optimisé ses chances en laissant se présenter deux candidats : les conseillers municipaux d'opposition Valérie Arese, cadre à Nîmes Métropole et Christophe André, chef d'entreprise.
"C'est vrai qu'avec deux candidatures, nous prenons le risque d'éclater l'électorat de droite, mais nous n'avons pas réussi à nous unir" reconnait Christophe André. Cependant, "un accord a été trouvé", prétend sa rivale, "celui qui arrivera en tête au premier tour aura le soutien du deuxième pour le second tour". Sur le fond, les candidats divergent sur deux points : Christophe André veut placer la ville en ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire) et augmenter le nombre de logements sociaux, contrairement à Valérie Arese.
Un maire qui veut rempiler
Du côté du maire et candidat à sa propre succession, Jacques Bourbousson, l'heure est au bilan. Fier de son mandat, le viticulteur met en avant sa lutte contre l'insécurité avec "le nombre de caméras qui a doublé et la police municipale qui a augmenté", sa politique envers les écoles et les "5 millions affectés pour leur rénovation" ainsi que son aide aux associations dont "les subventions ont augmenté de 30%".
Attaqué par tous les autres candidats, notamment sur l'augmentation des frais de fonctionnement de la mairie et du PLU rétorqué par le commissaire enquêteur, Jacques Bourbousson s'explique : "nous avons augmenté les effectifs dans les écoles, créé une délégation dédiée à la politique de la ville. Concernant le PLU, il n'y a que quelques points qui sont contestés. (…) Moi, au moins, j'en ai fait un de PLU ! Ces 25 dernières années, seulement deux ont été réalisés".
Concernant son élection, certains pensent que les réserves de voix du maire sont asséchées : "il a été élu grâce aux voix du FN (…) Et l'UDI veut sa tête après qu'il se soit présenté contre Lachaud aux dernières législatives", assurent ses opposants. L'agriculteur Bourbousson, ancien vice-président de la chambre d'agriculture, dément ces affirmations et assure avoir conserver ses électeurs.
L'inconnue frontiste
Cette fois, le Front National sera de la partie. Absent aux dernières municipales, Marine Le Pen et les instances nationales veulent transformer l'essai des législatives (36% au second tour, NDL) aux municipales. C'est donc Julien Sanchez, conseiller régional et FN, qui s'est lancé dans la bataille et se dit "prêt à se battre comme un chien".
Joint par téléphone, ce dernier n'a pu donner suite à nos sollicitations. Néanmoins, à l'occasion de la visite de Marine Le Pen la semaine dernière à Beaucaire, le candidat FN a proposé de doubler "les effectifs de la police municipale. Elle travaillera sept jours sur sept, y compris la nuit. (…) Beaucaire à une image déplorable à cause d’une cinquantaine de caïds qui font la loi. Nous ne voulons plus de ça ».
Pour ses détracteurs : "ce candidat est un parachuté et nous attendons encore son programme". Comme dans d'autres villes gardoises, le FN qui veut s'implanter localement rallie aussi à sa cause des déçus de "l'UMPS", adeptes du vote sanction.
Une gauche unie
Vu de loin, la gauche a réalisé l'exploit en rassemblant écologistes, socialistes et membres du Front de Gauche. De plus près, l'alliance ne relève pas du miracle : "il faut dire que nous ne sommes pas nombreux", explique Michael Manon, candidat investi par le PS qui a accordé ses violons avec Claude Dubois, conseiller municipal d'opposition et tête de cette liste d'union.
Parmi leurs propositions : la renégociation du prix de l'eau, mais aussi "l'arrêt de l'étalement urbain". "Nous sommes les seuls à être en rupture avec ce qui est proposé depuis 30 ans", poursuit le colistier. Réunis depuis six ans au sein du collectif Réagir pour Beaucaire, l'équipe a mené ces derniers mois un travail de fond.
Aux dernières municipales, la liste de gauche avait réussi à se maintenir au second tour. Mais parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu, au regard des divisions à droite ? Réponse le 23 mars.
Coralie Mollaret