NÎMES. Cour d'Appel : démonstration de force réussie pour les professionnels de justice
Ce matin environ 800 personnes se sont réunies devant le palais de Justice pour demander à Christiane Taubira des précisions sur le devenir de la Cour d'Appel de Nîmes.
En fin de matinée ils étaient plus de 800, selon nos informations, à exprimer leurs vives inquiétudes quant au devenir de la Cour d'Appel de Nîmes. "Ils", ce sont les avocats du barreau de Nîmes, les professions auxiliaires de justice comme les notaires et les experts judiciaires mais aussi les responsables nationaux à l'image du président du CNB et des responsables politiques de tous bords : Jean-Paul Fournier, Françoise Dumas, Franck Proust, Damien Alary... A l'origine de la manifestation : l’AMCAM (Association pour le Maintien d’une Cour d’Appel à Nîmes). L'association a repris du service après avoir fait reculer la ministre de la Justice Rachida Dati, désireuse de fermer le TGI en 2007. Sur les terrasses du palais de Justice, tous les intervenants ont plaidé pour le "maintien dans son plein exercice" de la Cour d'Appel de Nîmes.
A cheval sur trois régions (Languedoc, Paca et Rhône-Alpes, NDLR), la juridiction qui fête aujourd'hui ses 214 ans est menacée par le rapport Marshall. Didier Marshall, premier magistrat de la Cour d’Appel de Montpellier a proposé en décembre à la Garde des Sceaux Christiane Taubira, une juridiction d'appel régionalisée en accord avec le découpage administratif. De quoi susciter la bronca des Nîmois, mais aussi des Bucchos-Rhodaniens qui ont déjà une Cour aixoise surchargée de travail.
Alors derrière le pupitre qui surplombait la foule, le président du CNB (Conseil National des Barreaux) Jean-Marie Burguburu a assuré du "soutien des 60.000 avocats de France (…) Vous savez, les gens de justice manifeste très rarement. Mais nous sommes là pour défendre une justice proche du citoyen et efficace". Sur la table, les bons résultats du tribunal sont avancés : "notre juridiction figure dans le premier tiers des 32 Cours d’Appel du territoire en terme d’activité et d’efficacité", a expliqué la présidente de l'association qui n'est autre que le bâtonnier du barreau de Nîmes,Françoise Heuillon-Schnitzler . Et de remarquer : "cela aurait de sérieuses conséquences en matière d'emploi, mais aussi des retombées sur les commerces. La Cour d'Appel de Nîmes, c'est l'affaire de tous. Elle est vitale pour l'attractivité du territoire".
"Nîmes vivra". De son coté, le président de l'université nîmoise Emmanuel Roux a exprimé "fermement mon (son) soutien pour ne pas priver nombreux étudiants de stages". Des étudiants en droit qui n'ont pas manqué le rendez-vous : "nous demandons la signification précise du Nîmes Vivra de Christiane Taubira", lance Paul, représentant des étudiants. Interrogée le mois dernier par le sénateur PS Simon Sutour à l'occasion d'un débat au palais du Luxembourg, la ministre de la Justice avait alors lancé : " Aucun site judiciaire ne fermera : Nîmes vivra". Des paroles imprécises qui n'ont pas convaincu le monde judiciaire nîmois.
La mobilisation de ce matin se déroule alors que les consultations battent leur plein pour engager une réforme qui devrait atterrir en juin sur la table des députés.
Coralie Mollaret