COUP DE THÉÂTRE. Nîmes : le dépôt d'une liste d'union vire au cauchemar pour la gauche
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Du jamais vu ! Ce mardi, les négociations pour établir une liste d'union PS/Front de gauche n'ont pu aboutir au dépôt d'une seule et unique liste validée par la préfecture. Dimanche prochain, les électeurs nîmois seront confrontés à une quadrangulaire. Retour sur cette folle soirée.
Tout était pourtant réglé comme du papier à musique… Enfin presque. A la mi-journée, les négociations entre le PS et le Front de Gauche étaient finalisées. Conduite par Françoise Dumas (14% au premier tour, NDLR), cette liste d'union accordait la troisième place à la candidate Sylvette Fayet (12%, NDLR), avec la promesse de l'élever au rang de première adjointe en cas de victoire. Le nombre de candidats était calé : 24 pour le Front de gauche plus quatre sur les dix premiers de la liste. Concernant le programme, le musée de la Romanité ne verrait pas le jour, laissant place à une Cité des arts capable d'accueillir 1.200 étudiants. Jusque là, tout allait bien...
Seulement, peu avant le dépôt officiel des listes, les choses se compliquent subitement (lire ici) : "nous avions un protocole d'accords et la place de numéro sept de Valérie Pezet, responsable du PRG (Parti Radical de Gauche, NDLR) n'a pas été respectée", houspille sa mère Jocelyne Pezet Romieux. A sa place, la communiste Catherine Bernié-Boissard qui avait choisi de rallier Françoise Dumas dès le premier tour (Lire ici). Les négociations reprennent donc au Prolé… L'heure tourne. Le dépôt de liste se clôture à 18 heures en préfecture, il faut s'activer. A 17h30, les partenaires décident alors de se rendre rue Guillemette.
Sylvette Fayet dépose sa liste à "titre conservatoire"
"Nous étions sur la finalisation de la liste", assure Sylvette Fayet qui, par précaution, n'a pas manqué de se munir de sa liste Vivons Nîmes Ensemble avec les documents CERFA de ses colistiers. A 17h58 : aucun accord n'a visiblement été trouvé. Sylvette Fayet dépose donc sa liste. Elle sera suivie de la candidate PS qui parvient in extremis à déposer la liste d'union.
"Si j'ai décidé de déposer ma liste c'est à titre conservatoire, pour qu'il y ait au moins une liste de gauche au second tour des municipales, on ne sait jamais. Ma liste, je pensais pouvoir la retirer si la liste d'union était validée", poursuit la candidate Front de gauche, coincée derrière les barreaux blanchâtres de la préfecture, "si je sors, je ne peux plus rentrer". Si elle n'était pas désolante, la situation serait certainement cocasse.
L'information circule à toute vitesse sur les réseaux sociaux et les journaux se font l'écho de ce mauvais feuilleton…
Moins d'une heure après le début de cette scène rocambolesque, le maire-candidat UMP Jean-Paul Fournier et son adjoint UDI aux finances Yvan Lachaud débarquent devant la préfecture pour une conférence de presse "en urgence". "C'est inadmissible. La République est foulée au pied", vilipende Jean-Paul Fournier.
"La République est foulée au pied" s'insurge Jean-Paul Fournier
Il faut bien avouer que l'affaire est du pain bénit pour la droite locale… "Nous avons fait un constat par huissier. J'en appelle d'ailleurs au ministre de l'Intérieur Manuels Valls, et nous allons dès demain aller au tribunal", poursuit le maire. A ses côtés, abrité sous un parapluie, l'huissier de justice observe la scène en silence…
Soudain, une vague de jeunes UMP/UDI s'invite aussi aux festivités : "on pourrait inscrire le PS nîmois dans "Incroyable mais vrai" ironise le président UDI Corentin Carpentier. Et histoire d'être certains que la presse attrape les candidats à la sortie, les forces vives de la droite se postent devant chaque sortie. Vous avez dit "too much" ?
Les minutes s'écoulent... Comme des paparazzi, la presse mitraille les protagonistes depuis la rue Bernard Aton qui donne sur les bureaux de la Préfecture. A l'intérieur, les discussions vont bon train avec Françoise Dumas, Sylvette Fayet, le député EELV Christophe Cavard, le conseiller municipal et général PCF Christian Bastid, le premier fédéral Stéphane Tortajada, le colistier Nicolas Cadène (…) mais aussi le responsable des élections Patrick Bellet, et le préfet du Gard Didier Martin qui ne tarde pas à laisser ses services passer au crible la liste d'union.
Deux listes de gauche pour le second tour à Nîmes
A 20 heures, tout ce petit monde sort avec une bonne et mauvaise nouvelle : certes, la gauche sera représentée pour le second tour, mais à travers deux listes. Les deux listes du premier tour de Françoise Dumas et Sylvette Fayet. Incroyable !
"On m'a dit qu'il y avait jurisprudence et que je pouvais retirer ma liste puisque un candidat ne peut pas être sur deux listes. Seulement, il fallait un engagement de 28 de mes colistiers pour retirer ma liste. La préfecture m'a dit qu'après 18 heures, ces derniers ne pouvaient plus pénétrer dans l'enceinte de la préfecture", se désole Sylvette Fayet.
"La liste d'union était tout à fait conforme, nous étions dans les temps légaux", martèle Françoise Dumas tout en reconnaissant que "la personne qui détenait les documents" nécessaires au dépôt de cette liste "a mis du temps à arriver". "Madame Dumas a pris du retard dans ses discutions avec le PRG, celui-ci menaçait de retirer sa candidature. Sans son document CERFA, la liste n'était pas valide", déclare un proche de Sylvette Fayet, Pietro Truddaiu.
"C'est de l'impréparation, du jamais vu !", critique Jean-Paul Fournier qui a quitté les lieux avant la sortie de ses rivaux. La quadrangulaire de 2014 restera malheureusement dans les annales politiques de Nîmes… Elle donne aussi un boulevard à la droite pour le second tour, ce dimanche.
Coralie Mollaret