GARRIGUES. Indigné face à la loi ALUR de Cécile Duflot, le maire de Nîmes brandit le référendum local
"C'est un dossier complexe", a annoncé ce matin le sénateur-maire UMP de Nîmes, Jean-Paul Fournier, devant un parterre de journalistes. Suivant à la lettre son imprimé PowerPoint qui en ferait pâlir plus d'un, le premier magistrat a alerté : "la garrigue est sérieusement en danger". Les raisons de ce "péril" ? La loi ALUR qui manque sérieusement d'élégance pour le maire en campagne pour les sénatoriales.
Le texte législatif, à application immédiate, a été présenté par Cécile Duflot et voté par le Parlement entre les deux tours des municipales. Cette loi fourre-tout pour une amélioration de l'accès au logement instaure notamment de nouvelles règles de construction dans les zones naturelles constructibles… La fameuse garrigue ! A Nîmes, la faune et la flore occupent l'espace nord de la commune : on y distingue la garrigue dite "naturelle", constitué de 2.710 ha occupés par des terrains militaires et 2.770 ha de zone naturelle. Plus au sud, une vaste étendue de verdure de 2.200 ha, proche du milieu urbain, est un parfait trait d'union entre les deux environnements. Et, de fait, est davantage habité par l'homme.
Jean-Paul Fournier en guerrier vert
Alors, pour construire sur ces terrains, les propriétaires doivent respecter des règles précises afin de déposer leur permis de construire en mairie. Sous peine d'obtenir une fin de non-recevoir. Le P.L.U (Plan Local d'Urbanisme) de la ville de Nîmes autorisait jusque là, une seule construction par parcelle. En outre, une taille minimum de terrain ainsi qu'un C.O.S (coefficient d'occupation des sols) conditionnent les constructions.
Pour exemple : en Zone N1, c'est à dire proche de l'espace urbain, un propriétaire ne pourra construire que si il possède un terrain d'au moins 1.000 m2 ; 2000 m2 pour la Zone 2 et 3000 m2 pour la Zone 3, la plus excentrée de Nîmes. Quant au C.O.S, il attribue la superficie à bâtir pour limiter l'urbanisme outrancier et défigurant.
Se présentant comme le farouche défenseur de la chose verte, Jean-Paul Fournier qui rappelle avoir été "le premier il y a 25 ans à élaborer une charte pour la garrigue", dénonce : "la loi ALUR supprime la superficie minimale des terrains constructibles et le C.O.S en le remplaçant par une emprise au sol de 30% pour la Zone 1 ; 20% pour la Zone 2 et 15% pour la Zone 3". Ainsi en Zone 1, "on pourra faire construire une maison de 180 m2 (90m2 au sol e un étage) sur une parcelle de 300 m2 oui un collectif de 600m2 (300m2 au sol plus un étage)… Ce qui était impossible avant".
10.000 constructions supplémentaires à venir dans la garrigue
Alors, assurant que les géomètres sont déjà dépêchés sur place, Jean-Paul Fournier s'inquiète : "cela pourrait engendrer 10.000 constructions supplémentaires. Non seulement on assisterait à un mitage de la garrigue, mais nous n'avons pas tous les équipements publics, réseaux d'assainissement ou voiries pour accueillir ces nouvelles constructions et les gens qui y habiteraient… Et puis, est-ce que nous avons les moyens de faire cela ?".
Retrouvant ses accents guerriers de campagne adoucis après les municipales, Jean-Paul Fournir fait savoir que "tous les élus gardois, même l'écologiste Christophe Cavard, on voté ce texte qui va défigurer notre garrigue". Samedi, un voeu pour assurer la volonté des élus de préserver la garrigue sera voté en conseil municipal.
Actuellement, une "réflexion" est en train d'être menée, nous dit-on, pour savoir si oui ou non un référendum local peut s'organiser sur la question. Un référendum qui, si il était avéré, serait le premier des trois mandats de l'ère Fournier… "Et on me dit que je ne consulte jamais ? ", raille avec un brin d'humour l'élu de droite.
Coralie Mollaret