EN IMMERSION Au volant de la voiture du futur
La semaine dernière, notre rédaction testait pour vous une journée chez les naturistes à Saint-Privat-de-Champclos. Aujourd'hui, nous revenons avec un thème beaucoup moins glamour mais victime, lui aussi, de nombreux stéréotypes. Récit d'une balade à bord de la Renaut Zoé, véhicule 100 % électrique.
Qui n'a jamais aperçu la Zoé au fil des pages d'un magazine ou au détour d'une concession Renault ? Ce véhicule électrique, commercialisé depuis octobre 2012, n'attire pourtant par les foules. En effet, peu de personnes ont - pour l'instant -, osé investir sur un tel achat. Afin de comprendre les raisons de cette frilosité, je me suis lancée au volant de la fameuse voiture en compagnie de Laurent, un fidèle client du garage Renault à Alès.
Clés en main, sur le parking du garage, j'ai tout de même une petite appréhension. Hors de question d'abîmer ce petit bijou ou de provoquer un carambolage dès le premier rond-point. Laurent, lui, a déjà roulé sa bosse. Je le laisse donc volontiers à la manœuvre. 1er round, 1ère leçon de conduite "électrique". Comment mener la Zoé sans faire de dégâts ? L'exercice semble simplissime si l'on observe Laurent. En route vers Vézénobres par la double voie, nous atteignons rapidement la vitesse limite de 110 km/h, sans que le moteur ne vrombisse comme dans les voitures classiques. Silence total au sein de l'habitacle. En passagère, j'observe scrupuleusement le conducteur, avant de prendre sa place.
À mon tour maintenant. Mes craintes cèdent leur place à une réelle curiosité d'être aux manettes du petit bolide. Je m'installe sur le siège du chauffeur, règle le rétroviseur et attache ma ceinture. Ce qui ressemble à un levier de vitesse trouve simplement son utilité dans la sélection du sens de circulation. Quatre positions sont possibles : P comme parking, R pour marche-arrière, N comme neutre - autrement dit le point mort -, et D comme départ, c'est-à-dire la marche avant. Me voilà donc à choisir la position appropriée pour quitter le village de Vézénobres sans trop me faire remarquer par les curieux.
2e round. Par habitude, je cherche la pédale d'embrayage... Mais je n'en vois que deux sous mes pieds. Celle pour avancer, celle pour freiner. J'ai l'impression d'être dans une auto-tamponneuse. Tout de suite, je suis déroutée par la facilité d'utilisation de la titine. Malgré tout, ma main se dirige mécaniquement vers le levier de vitesse, comme pour passer la seconde. "Ce n'est pas nécessaire!", me rappelle Laurent, amusé. En confiance, je me dirige sur la bretelle de la double voie pour regagner Alès. Là, je "pousse" un peu le moteur. En quelques secondes, la vitesse s'emballe, et je frôle déjà les 100 km/h. "Elle a une sacré pêche ! ", dis-je à mon co-pilote, trop habituée à ma Peugeot 207 qui a un peu de mal à monter dans les tours...
De retour au garage, je suis conquise. Seul point noir, et pas des moindres : l'autonomie du véhicule. En théorie, 210 km peuvent être parcourus avec une recharge complète, mais en pratique, Renault indique une autonomie de 100 à 150 km sur des trajets péri-urbains. Un frein pour celles et ceux qui, comme moi, passent beaucoup de temps sur les routes. Cette contraignante gestion de l'énergie est l'une des principales raisons du manque de succès de la Zoé. "Les gens ne sont pas prêts à changer leurs modes de fonctionnement. Ils ont peur de tomber en panne. Personne n'est préparé à passer à l'électrique, à installer une borne de recharge chez soi... Puis nous n'avons pas encore assez de recul aujourd'hui sur le vieillissement de ce type de voiture. Les potentiels acheteurs attendent encore quelques années avant de sauter le pas", observe Laurent. Si le changement aurait donc tendance à effrayer, certains n'ont tout de même pas hésité à investir sur la voiture électrique, notamment les infirmières libérales. "Les personnes qui en ont une sont très contents. Mais c'est difficile de convaincre", constate Régis, conseiller commercial.
Sur le bassin d'Alès, depuis le début de l'année, 22 Renault Zoé ont été vendues. Pour les conducteurs hésitants, le garage propose la voiture en location. L'électrique, bientôt une affaire qui roule ?
Elodie Boschet