EN IMMERSION Le vélo à Nîmes pour l'amour du risque !
Depuis quelques années, les pouvoirs publics incitent à la pratique du deux roues. A Nîmes, l'agglomération a lancé lundi dernier le Vélo Tango, premier service de location de vélos. Objectifgard l'a testé pour vous dans les rues nîmoises et ce n'est pas de tout repos... Accrochez-vous !
La théorie c'est bien, la pratique c'est mieux. Après l'inauguration en grande pompe - c'est le cas de le dire - du Vélo Tango, ObjectifGard a enfourché la bicyclette violette pour savoir s'il était facile de se déplacer dans les rues de Nîmes.
Il est 10h30 du matin, Nîmes la travailleuse est déjà bien éveillée. Moi, pas trop. A la gare, là où se trouve le seul espace de location Vélo Tango, il n'y a pas grand-monde.
Nid-de-poule, l'ennemi du cycliste
A 3 euros la location à la journée pour un vélo classique, ce n'est pas très cher (sauf si l'on emprunte le vélo pour dix minutes : le prix sera le même). Bien sûr, il existe des abonnements au mois, à l'année où le citoyen écolo s'y retrouvera certainement. Seul hic : le chèque de caution de 200 euros qui, en cas de vol ou de dégradation, sera immédiatement encaissé. Je prie donc tous les Dieux pour que ma balade se déroule sans encombre. Direction : Valdegour, siège du journal. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas roulé en ville - et oui, je suis une cycliste des salles de sport !- et je comprends très vite les difficultés des cyclistes nîmois pour lesquels je n'ai en temps normal aucune sympathie particulière : en témoignent mes regards torves et nombreux coups de klaxons.
Rouler en vélo présente des avantages : l'air libre caressant mon visage et mes quadriceps en surchauffe me donne un sentiment de liberté et me permet aussi de faire du sport. Deux pour le prix d'un. Mais arrivée à l'intersection Feuchères/Courbet, j'oublie bien vite les bonnes résolutions pour quelque chose de plus concret : la jungle nîmoise ! Me v'là au milieu des voitures, des coups de klaxon et des insultes. Sans rétroviseur, je me faufile comme je peux. Dans la seconde qui suit, je pile pour laisser passer une voiture et je me rabats à droite derrière un bus. Il grille le feu rouge, je le suis ! Et la voiture derrière moi me suit aussi. C'est la fête : bienvenue à Nîmes !
Mais je paie très vite ma folie : un nid-de-poule taquin a raison de ma prise d'élan et me fait mal au derrière. J'opte désormais pour la prudence : le trottoir. Problème : il faut slalomer entre les passants tout en négociant les descentes des trottoirs. Je continue ma course par les quais de la Fontaine. Pour l'instant, je ne suis toujours pas tombée. Dieu me prête toujours vie. Pour rejoindre Valdegour, j'emprunte la route de Sauve. Les même obstacles se présentent à moi : nid-de-poule, crevasses… Le trottoir n'est pas épargné par les racines des arbres assoiffés. Soudain, la pente se raidit et mes muscles m'envoient des messages de détresse. A cet instant, pas le choix : j'abandonne et descends du vélo. "Il aurait mieux fallu prendre le vélo électrique", me lance une sexagénaire à bord de sa voiture. Un vieux assis verra toujours mieux qu'un jeune debout, dit un proverbe africain.
Un dernier effort et j'arrive à la rédaction après une demi-heure de course… Essoufflée mais vivante ! Le souffle coupé, j'étanche ma soif et raconte mon épopée sportive à mes collègues. Ces mêmes observations seront transmises au personnel de Vélo Tango qui assure que "les pouvoirs publics attendent de voir si Vélo Tango a du succès avant de poursuivre leur efforts autour des aménagements cyclables". Il ne me reste plus qu'à faire le chemin inverse pour récupérer mon chèque de caution avant de rentrer chez moi… Mais en voiture cette fois.
Coralie Mollaret