ALÈS Le projet du complexe commercial mis à rude épreuve par les habitants
Un projet de complexe commercial sur les bords du Gardon anime le bassin alésien. Les opposants font savoir que le terrain se trouve en zone inondable quand la mairie répond qu’il n’y a rien à craindre. Une enquête publique, lancée par la mairie, a pris fin aujourd’hui. Autant dire que les commentaires ne sont pas favorables au projet municipal.
C’est à midi, ce vendredi 5 septembre, que le commissaire enquêteur Alain de Bouard a clos l’enquête publique portant sur le projet de Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la ville d’Alès. Une heure avant la fermeture officielle des portes, une poignée d’élus et d’opposants à ce projet est venue témoigner de son désaccord et demander, une fois encore, une réunion publique pour informer la population (lire ici). Pendant plusieurs minutes, dans le bureau alloué à Alain de Bouard, Ghislaine Soulet, conseillère municipale et Jean-Michel Suau, vice-président du conseil général - pour ne citer qu’eux - ont déposé les courriers détaillant leurs remarques, étayant ainsi un peu plus les trois registres remplis par les alésiens et autres habitants de l’Agglo.
« Le Préfet du Gard avait émis un avis défavorable », rappelle un habitant
La consultation des registres laisse peu de place au doute : l’immense majorité des personnes qui se sont déplacées en mairie est contre ce projet. Beaucoup s’indignent des dates choisies pour mener une telle enquête (du 21 juillet au 22 août avant qu’elle ne soit prolongée jusqu’au 5 septembre, NDLR) : « Il est choquant qu’une telle enquête ait lieu en période estivale », s’agace un opposant. Une remarque qui revient également très souvent s’appuie sur un avis du Préfet, comme le rappelle un citoyen : « Les zones sont classées par le PPRI (Plan de Prévention du Risque d’Inondation, NDLR) en zones inondables. Le Préfet du Gard avait émis un avis défavorable ». Un autre ajoute que : « Le responsable de la DDE du Gard » avait, lui aussi, « émis un avis défavorable en 2005 ». Enfin, certains s’étonnent que la mairie d’Alès préfère défendre « des intérêts privés au mépris de la sécurité des personnes » alors qu’un ancien assureur prévient, si le projet devait voir le jour : « Les futures populations n’auront pas la possibilité de couvrir leurs risques ».
L’apport « de nombreux emplois locaux », affirme un partisan
Dans ce lot de mécontents, quelques rares soutiens - des chefs d’entreprise pour la plupart – trouvent bien quelques avantages. L’un voit une opportunité « d’apporter de nombreux emplois locaux sur plusieurs années » alors qu’un patron atteste ne pas avoir été inondé en 2002 et assure qu’il « attend ce projet commercial avec impatience ».
La chance des partisans du projet, c’est que la majorité n’aura pas forcément raison. D’abord, parce qu’il est utile de rappeler que dans de telles enquêtes, ce sont essentiellement les personnes en désaccord qui se déplacent pour le dire. Un partisan juge souvent moins utile de le faire savoir. Enfin, la décision finale revient au commissaire enquêteur qui dispose d’un mois pour donner un avis motivé. Tiens, voilà un point commun aux deux camps : ils vont devoir s’armer de patience.
Tony Duret