LANGUEDOC-ROUSSILLON Un règne de quinze mois pour Damien Alary
Officiellement désigné comme président de région, le Gardois va s'atteler ces quinze prochains mois à ce que le Languedoc-Roussillon ne devienne pas "l'antichambre des Midi-Pyrénées".
Le visage marmoréen, Damien Alary regarde dans le vide. Assis dans l'hémicycle régional, le Gardois esquisse parfois un sourire, furtif, presque gêné, à ses camarades socialistes. Venus en nombre, les responsables politiques du Gard (la députée Françoise Dumas, les vice-présidents du conseil général Juan Martinez, Jean-Michel Suau, Patrick Malavieille…) sont aux premières loges pour assister au sacre de Damien Alary à la présidence de la région du Languedoc-Roussillon.
Un lourd héritage
Ce matin pluvieux de septembre devrait être le jour de gloire du président du conseil général du Gard. Pourtant, au sentiment d'aboutissement de 35 ans de carrière politique se mêle un goût funèbre. Celui du décès, le 26 aout, de l'ancien président de région Christian Bourquin, qui lui a ouvert les portes du plus grand exécutif local.
Disposés sur des chevalets, les portraits de Georges Frêche et de Christian Bourquin rappellent au nouvel exécutif le lourd héritage que laissent derrière eux les deux barons, fières de leur identité. Une fierté qui les a conduit à s'opposer à leur propre famille politique, comme en témoigne le dernier combat de Christian Bourquin contre la réforme territoriale prévoyant la fusion du Languedoc-Roussillon avec celle des Midi-Pyrénées.
Le dépouillement des votes commence. Julien Sanchez, conseiller régional et maire FN de Beaucaire, entasse au fur et à mesure les bulletins qui dessinent la victoire du candidat socialiste. Damien Alary reste impassible. A quoi peut-il penser ? A son parcours ? Celui d'un socialiste de Pompignan, encarté depuis 40 ans dans son parti. Député de 1997 à 2004, le Gardois a lâché son mandat de parlementaire au profit de celui de vice-président de la région. Les responsabilités locales confèrent davantage de prestige, de reconnaissance de la part de ses administrés... C'est en substance ce que dira Damien Alary dans son discours d'intronisation, puisque ça y est : le voilà officiellement élu président de la région du Languedoc-Roussillon avec 42 voix, contre 10 pour l'UMP, 9 pour le FN et 3 pour l'Union centriste.
Combattre la réforme territoriale
Son mandat ne devrait durer que 15 mois, avant les nouvelles échéances électorales. Présidence de transition, il s'y refuse : "le délais est si court… Il ne serait être un obstacle pour agir. Je serai un président de décisions". Se revendiquant dans la continuité de ses prédécesseurs, Damien Alary a déclaré : "Ma région, notre région, on l'aime".
Si à Nîmes Damien Alary n'avait pas coutume de s'opposer au gouvernement, à Montpellier, c'est un exécutif incisif qui s'exprime : "nous n'avons pas vocation à être l'antichambre de Midi-Pyrénées (…) Nous avons le poids nécessaire pour conserver notre identité. Il ne faut pas laisser une réforme (territoriale, NDLR) décidée sans concertation avec les élus". Le nouveau président a assuré avoir demandé une entrevue avec le Premier ministre Manuel Valls. Il entend rédiger un "mémorandum de dix propositions" à l'occasion du congrès des régions qui se tient à Toulouse les 9 et 10 octobre et espère entrainer dans son sillage les provinciaux de tous bords…
Coralie Mollaret