UNIVERSITÉ DE RENTRÉE Arnaud Montebourg cherche un nouveau départ à Laudun-L'Ardoise
Aux cotés de son fidèle lieutenant Patrice Prat, l'ex-ministre de l'Économie congédié par Manuel Valls s'est posé en "alternative" de la politique menée par le gouvernement.
Continuer à exister, et encore mieux : se placer pour d'éventuelles primaires avant 2017. Tels sont les défis que s'est fixé, sans vraiment le dire, l'ex-ministre en organisant ce week-end l'université de rentrée de son mouvement Des Idées et des Rêves à Laudun-L'Ardoise. Le choix du lieu n'est pas dû au hasard, puisqu'il s'agit du fief du député frondeur Patrice Prat. Proche d'Arnaud Montebourg, l'animateur de son courant dans le Gard a d'abord chauffé l'assistance en fustigeant les "résultats bien mitigés" du gouvernement "ventriloque des politiques d'austérités".
A la tribune, Arnaud Montebourg s'est présenté comme le leader d'une autre voix socialiste, en dénonçant "l'austérité à la française" et en militant pour "une profonde rénovation de la vie politique". L'ancien locataire de Bercy ne s'est pas privé d'un petit retour en arrière : "en août, un gros bloc de la montagne du gouvernement s'est effondré. Trois ministres ont pris la décision, dans le bureau de Christiane Taubira, de quitter le gouvernement pour des questions d'orientation de la politique économique".
"Austérité à la française"
Son angle d'attaque reste l'économie : "la seule obsession du gouvernement est de réduire les déficits publics. Elle deviendra bientôt l'erreur fondamentale du quinquennat". Et d'appuyer son propos avec les avis d'experts dont celui de la directrice générale du FMI Christine Lagarde "qui dénoncent l'absurdité de ce cercle vicieux". Une fiscalité trop lourde sur les ménages et entreprises qui nuit à la reprise économique et prive, de surcroît, le gouvernement de recettes fiscales pour combler ses déficits.
"Ces dirigeants sont responsables de la propagation de la crise. C'est d'abord une crise des élites politiques qui jettent avec arrogance des solutions de technocrates sur la population (…) Une alternative est possible ", plaide Arnaud Montebourg. Pour sortir de la spirale de "l'austérité", tout en maitrisant les dépenses, le socialiste ressort des cartons la vieille règle du trois tiers : "l'excédent budgétaire sous Jospin avait été réparti en trois : un tiers pour les ménages, un tiers pour les entreprises et un tiers pour la dette. Nous aurions pu faire la même chose. Aujourd'hui sur les 17 milliards que le gouvernement prévoit de redistribuer (loi de Finances 2015, NDLR), seulement trois milliards sont destinés aux ménages. Il reste 14 milliards !".
Arnaud Montebourg invite tous les opposants à la politique de François Hollande à se manifester avec une mention spéciale pour la maire PS de Lille et ancienne candidate aux primaires, Martine Aubry : "sa voix nous manque, il est temps qu'elle dise ce qu'elle pense". Le troisième homme de la primaire 2011 garde toujours les présidentielles en ligne de mire, sans trop l'avouer, ni appeler franchement à une primaire. Le rassemblement de Laudun "est le premier d'une large série", a assuré Patrice Prat qui, avec les partisans d'Arnaud Montebourg, espèrent bien fédérer davantage.
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Coralie Mollaret