Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 25.10.2014 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 259 fois

NÎMES Les professions réglementées unies contre la réforme

Les taxis sont également concernés par la réforme des professions réglementées. (photo d'archive)

Après la lecture du projet de loi du ministre de l'économie Emmanuel Macron,  les professions réglementées touchées par la réforme manifestent leurs craintes et leurs incertitudes.

Si ce projet de loi ne sera présenté en conseil des ministres qu'en décembre, et au parlement début 2015, les notaires, les pharmaciens mais également les taxis sont pour l'heure dans l'attente de compléments d'informations.

Pour maitre Goucla, de la Chambre des Notaires du Gard, "Le problème est qu'on ne sait pas exactement sur quoi va porter cette réforme. On entend beaucoup de bruit mais rien de concret, on ne connait pas encore les conséquences. Aujourd'hui, les tarifs sont fixés par l’État, on ne peut ni aller en dessus, ni en dessous. Certains des actes sont effectués à perte, et on gagne de l'argent sur d'autres. C'est cet équilibre qui est menacé, je ne dis pas que l'on ne gagne pas notre vie mais il faudrait cibler les tarifs les plus élevés, pas les plus bas."

Concernant la fin du numerus clausus - terme latin désignant la fixation d'un effectif limite par l’État - le notariat semble s'y opposer totalement. "Si du jour au lendemain n'importe qui peut ouvrir son étude, on va avoir une baisse des notaires implantés dans les zones les moins rémunératrices. Et au contraire, dans les villes, il y aura une concurrence accrue. Il y a 9000 notaires en France, nous sommes d'accord pour en ajouter 1000 de plus. Il y a deux systèmes de droit en Europe ; celui des anglosaxons qui est plus libéral, et le droit romain qui est le notre et que pratique la plupart des pays européens. La Chine vient de s'ouvrir à la propriété récemment, et ils ont choisi notre système de droit. Aux États-Unis, un acte sur trois fait l'objet d'un procès, en France on est à moins d'un sur mille."

Pour M.Baudot, pharmacien à Nîmes, "La fin du monopole menace l'avenir de la profession, notamment à cause de la vente en supermarché. On est entre deux chaises ; on travaille dans le domaine de la santé, mais aussi dans celui du commerce. On s'en prend plein la gueule, le chiffre d'affaire ne cesse de diminuer, depuis dix ans on subit de nombreux déremboursements. Je suis un jeune pharmacien, je n'ai pas fait six ans d'études pour finir vendeur à Carrefour. La dernière grève du 30 septembre a montré que les pharmaciens étaient tous unis."

Le pharmacien M. Bramont fait le même constat. "La libéralisation ne pourra entrainer une baisse même temporaire des prix, car nous sommes déjà au plus bas. La marge sur le médicament remboursé hormis le générique est d'environ 20 %, la grande distribution travaille à une marge de 45 %, quel intérêt ? Une trop grande liberté d'installation aura pour conséquence une concentration des pharmacies vers les grandes métropoles et dans les quartiers les plus aisés. Les campagnes, les quartiers difficiles se videront de leurs pharmacies. De la même façon que ce qu'il s'est passé dans l'alimentaire où les habitants des zones rurales doivent parfois faire plus de 20 km pour trouver une alimentation. La santé ne sortira pas gagnante d'une libéralisation sauvage."

Les chauffeurs de taxi T.R.A.N sont également concernés par la réforme, à l'image de jean-Luc, Frédéric et Eric qui déplorent les mêmes problématiques. "On a entendu qu'ils souhaitaient ouvrir la licence à tous le monde. Encore une fois, on est les bons clients. L'Etat nous prend 5 à 7 % sur chaque transactions. Déjà la loi Pasqua donnait la possibilité aux maires d'attribuer des licences si leurs communes en manquaient. Les gens fantasment, nos tarifs sont imposés par la préfecture. Il y a deux ans, ils nous ont demandé de changer les luminaires, 2000 euros par véhicule à nos frais." De plus, les chauffeurs de taxi dénoncent une concurrence déloyale. "Ils ont ouvert la concurrence à Uber, qui est une filiale de google. Eux, ils peuvent même travailler à perte, ils se sont rendu compte qu'il y avait une faille dans la loi, ils se sont engouffrés dedans. Leurs tarifs sont hors réglementations et ils ne cotisent pas comme nous qui avons des status d'artisans."

Baptiste Manzinali

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