GRAND AVIGNON En images : le Pont d’Avignon reconstitué en 3D
Il fut un temps, certes lointain, où le pont Saint-Bénezet reliait Avignon à Villeneuve-lèz-Avignon, et où on ne faisait pas qu’y danser.
Las, endommagé à de multiples reprises par les crues du Rhône, il sera abandonné en 1669, et plus personne ne reliera le Palais des Papes à la Tour Philippe le Bel en l’empruntant. Il ne reste aujourd’hui que 4 arches sur les 22 initiales, qui portaient le pont à une longueur totale d’environ 920 mètres. C’est sous cette forme que le monde entier connait le Pont d’Avignon.
4 ans de travail et « 6 milliards de coordonnées 3D acquises »
C’est donc une expérience unique que propose la reconstitution numérique et historique en 3D du pont Saint-Bénezet : le voir complet, dans son contexte — c’est à dire avec une île de la Barthelasse naissante par exemple.
L’aboutissement de 4 ans de travail pour ce « projet d’une ampleur inégalée, véritablement territorial, sur les deux rives, deux départements et deux régions », affirme Marc Andrieu, chef de projet au Grand Avignon.
Le président du Grand Avignon et maire de Villeneuve Jean-Marc Roubaud a quant à lui salué « une belle aventure dont l’idée avait germé à la Chartreuse. » La maire d’Avignon Cécile Helle, « bluffée » par la reconstitution, a estimé que « c’est ce vers quoi il faut tendre pour valoriser notre patrimoine côté Avignon et Villeneuve. Cela va renforcer l’attractivité touristique d’Avignon. »
Pour le directeur du laboratoire Modèles et simulations pour l’architecture et le patrimoine (MAP) du CNRS Livio De Luca, le mérite du projet a été de « mêler dès le départ l’aspect scientifique à la valorisation du patrimoine. » Le chercheur a ensuite énuméré des chiffres vertigineux : « 6 milliards de coordonnées 3D acquises, 10 324 photos, plus de 14 techniques de modélisation 3D employées — certaines pour la première fois, 43 personnes au sein de 5 laboratoires de recherches. » Le coût global du projet se monte quant à lui à 2,4 millions d’euros.
Une voie verte numérique en projet
Une application mobile, Avignon 3D, a elle aussi été développée. Elle permet de voir le pont en 3D depuis la tour Philippe le Bel, le fleuve et le Palais des Papes à trois époques : en 1350, en 1675 et aujourd’hui.
« Maintenant, nous allons passer à une étape de développement touristique, a indiqué le président du Grand Avignon. D’ores et déjà, les offices de tourisme de Villeneuve et d’Avignon travaillent ensemble pour offrir au public cette reconstitution. »
Et les élus ne comptent pas s’arrêter là. « Dans une optique d’appropriation par le public nous envisageons la création d’un sentier touristique », a annoncé Cécile Helle. Le directeur adjoint d’Avignon Tourisme Jean-Paul Trinquier a détaillé le projet, qui verrait « trois centres d’accueil, le pont d’Avignon, la Barthelasse et le tour Philippe Le Bel. »
« On donnerait une tablette numérique aux visiteurs qui pourront circuler sur cette voie verte numérique qui mêlera des passages à pied, à vélo et en navette fluviale » a-t-il poursuivi. Les visiteurs pourront voir le pont en 3D grâce à la réalité augmentée. Le sentier en est au stade de projet, et un comité de pilotage vient tout juste d’être créé.
Pour le premier magistrat de la cité papale, il pourrait bien permettre, à terme, « de lier nos deux rives encore un peu plus. »
Thierry ALLARD