JE SUIS CHARLIE Marine Le Pen à Beaucaire : le rendez-vous manqué du FN
Une brève allocution de Marine Le Pen a mis le feu aux poudres à Beaucaire entre partisans et pourfendeurs du FN, lors du rassemblement en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes.
La manifestation avait pourtant bien débuté : à 15 heures tapantes, des centaines de citoyens (1000 personnes, selon la police) convergent vers l'hôtel de ville de Beaucaire. Munis de leurs drapeaux français et de pancartes dont la plus célèbre "Je suis Charlie", ces défenseurs de la République viennent témoigner de leur indignation après les attentats qui ont violemment secoué la France (Charlie Hebdo et Montrouge, NDLR). Sur le parvis de la bâtisse, un nuage de journalistes laisse présager de la présence de Marine Le Pen et de celle du député gardois Gilbert Collard. La présidente du FN qui a rejoint le maire fronstiste de Beaucaire pour manifester avait appelé ses partisans à ne pas participer à la grande marche de Paris, "récupérée", selon elle "par les partis politiques".
Julien Sanchez qui court son premier mandat prend la parole. Un discours respectueux et sobre qui condamne le "sectarisme" et le "racisme". Le frontiste indique par ailleurs que "dans ce moment sacré aucun discours politique" ne sera prononcé... Mais c'était sans compter les militants du Front National qui scandent généreusement "Marine au balcon (de l'hôtel de ville, NDLR)" avant d'entonner le sempiternel "on est chez nous".
"Meeting politique"
Ces comportements partisans irritent : "Moi je ne vais pas rester ici comme un piquet pour un meeting politique, j'en ai rien à faire", lance Marie qui s'empresse de regagner sa voiture. D'autres restent debout et donnent le change aux militants en s'égosillant "Charlie, Charlie, Charlie !". Les minutes défilent et personne ne bouge. Soudain, le directeur adjoint à la communication de Beaucaire, Damien Rieu, met en place deux enceintes sur le balcon. Après moult tergiversations, Marine Le Pen sort et déclare brièvement : "ces policiers, dessinateurs, journalistes (…) ont été assassinés lâchement par le fondamentaliste islamiste. Merci d'être là pour réaffirmer nos valeurs".
Mais quelles valeurs ont été mises en pratique hier après-midi ? Un concert d'applaudissements mais aussi les sifflets accompagnent le discours de la présidente du FN. A la fin de son allocution, de violents affrontements verbaux éclatent entre partisans et pourfendeurs du FN. Devant les micros et caméras Kader est en colère : "je me suis fait avoir ! Le Pen est venue faire un discours pour remercier les gens qui la soutiennent (…) Le FN veut diviser". "Si vous n'êtes pas content rentrez chez vous", lâche un viel homme, le drapeau tricolore sous le bras. Enragé après les journalistes, un autre militant FN chahute un cameraman : " vous ne dites que de la m****". De la colère, du mépris dans cette société beaucairoise qui semble gangrénée par les divisions. Mais pour Francis, originaire de Tarascon : "Ici nous sommes venus pour Charlie. En 2015, qu'on puisse abattre des journalistes, des policiers et d'autres personnes innocentes, ça m'horrifie et nous devons nous élever contre cela…".
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com