GARD Trois questions au reporter de guerre Edouard Elias, parrain des 30 ans du Pont du Gard à l'UNESCO
D'un naturel discret et timide, Edouard Elias n'en reste pas moins un personnage aussi étonnant que talentueux. Du haut de ses 24 ans, ce Gardois originaire de Saint-Quentin-la-Poterie est l'un des reporters de guerre les plus prometteurs.
Ex-otage en Syrie de juin 2013 à avril 2014, Edouard n'a pour autant pas perdu sa passion pour la photographie. Dernièrement, il est parti à la rencontre de la légion étrangère française engagée en Centrafrique et rendra compte de son travail dans une exposition au Pont-du-Gard du 10 avril au 31 mai. Il est par ailleurs le parrain du 30ème anniversaire du site au patrimoine de l'UNESCO. Entre deux destinations, Edouard Elias a répondu à nos questions.
Objectif Gard : En tant que Gardois, qu'est-ce que cela fait d'être parrain du 30ème anniversaire du Pont-du-Gard à l'UNESCO ?
Edouard Elias : "Très sympa, je vais au Pont-du-Gard depuis que je suis tout petit. Bon, avant, je n'avais pas à payer, c'était quand même mieux. Maintenant, il faut escalader (rire). Non je plaisante ! L'idée d'exposer mon travail ici sur la légion étrangère en Centrafrique est très intéressante. Je serai fier de rendre hommage au 2ème REI ici, sur le Pont-du-Gard. C'est un très bel endroit, le patrimoine que l'on peut avoir ici est incroyable. C'est aussi une bonne reconnaissance, pas sur le plan personnel, mais surtout pour ces hommes qui sont engagés là-bas."
O.G : Comment es-tu accueilli par ces soldats, sachant que tu es très jeune (premier reportage en Syrie à l'âge de 21 ans) ?
E.E : "C'est du cas par cas, on est sur des terrains très compliqués. Eux, (ndlr l'armée), ils sont formés ensemble. Quand un confrère journaliste fait des bêtises, on a tendance à mettre tous le monde dans le même sac. J'espère ne pas en faire partie et avoir leur confiance. Je suis plutôt timide, mais quand je suis avec eux je mets la main à la patte. J'essaie de les gêner le moins possible et je me fais oublier en prenant des photos. Ce qui n'est pas évident quand je suis à 20 cm de leurs visages. Lors de mon premier voyage en Syrie, je n'y étais pas du tout préparé, je me suis retrouvé là-bas presque par hasard. Mais maintenant, j'ai une préparation physique, je fais du sport, il faut connaitre les méthodes de soin de premier secours, et aussi les limites de son matériel. J'ai effectué des formations de journalisme en zone de conflit pour ça."
O.G : Quel regard porte un photographe de guerre sur les événements de Charlie Hebdo ?
E.E "Ce n'est pas ma position de journaliste mais celle du citoyen qui a été touchée. Ils savaient qu'il y aurait un grand battage médiatique en s'attaquant à Charlie Hebdo. Ces dessinateurs je ne les connaissais pas personnellement. Qu'il y ait sept millions d'exemplaires vendus au lendemain des attentats et beaucoup moins pour le nouveau qui vient de sortir, ce n'est pas grave. Les gens ne sont pas forcés de le lire. Qu'ils l'achètent au moins une fois pour savoir de quoi il est question, et après à eux de faire un choix. Mon travail, c'est de ramener de l'information et de toucher ceux que ça intéresse, peu importe le nombre. C'est pareil pour Charlie Hebdo."
Baptiste Manzinali