FAIT DU JOUR Nîmes : l'infernal conflit de voisinage aux Courlis
Depuis sept ans, Arlette est en guerre ouverte avec son concierge Mounir*. Ce dernier est aussi en litige avec d'autres dames âgées de cette résidence qu'il accuse de racisme.
Mais quelle mouche a piqué les résidents du paisible lotissement "Les Courlis" ? Depuis sept ans, les querelles sont multiples dans cet immeuble de la route de Générac à Nîmes. Arlette, 67 ans, locataire depuis 30 ans de ce lotissement géré par Habitat du Gard, est enlisée dans un conflit avec son surveillant d'immeuble et salarié du bailleur social public, Mounir. Avec sa femme et ses quatre enfants, il s'installe en 2009 dans un appartement, situé juste en-dessous de celui de la sexagénaire. Au début, tout se passe bien, les relations entre voisins sont cordiales : pas un mot plus haut que l'autre, on se dit bonjour, on se respecte… Normal. Mais, quelques mois plus tard, tout bascule : le point de rupture de cet équilibre si fragile est rompu. Arlette, la brave sexagénaire, se souvient : "je suis allée le voir un après-midi pour lui demander de faire attention au bruit le soir. Il ne l'a pas supporté et la situation a dégénéré", raconte Arlette qui plaide sa bonne foi en assurant "n'avoir jamais eu de problème avec un locataire de mon bâtiment".
"Des insultes, des injures, des crachats"
Les jours, les semaines passent. Le temps qui s'écoule, loin d'apaiser les tensions, fait déborder le vase de la rancune. La sexagénaire demande alors une conciliation avec Mounir : "cela n'a pas marché puisque le concierge continue de me harceler. A chaque fois que je le croise et que je suis seule, ce sont des insultes, des injures, des crachats". Dans l'entourage du salarié d'Habitat du Gard, la version est toute autre : "elle est tout simplement raciste. Depuis que le concierge est arrivé avec sa famille, plusieurs dames lui font des réflexions désagréables. Lorsqu'ils sont revenus de vacances, elles ont lancé ironiquement 'alors, ils sont où les chameaux ?'. Quand il fait le ménage, on entend 'ah, c'est le produit de l'arabe !' C'est invivable !". Qui dit vrai ?
Des accusations graves que réfutent formellement Arlette et ses quatre voisines actuellement en procès avec Habitat du Gard. Après une altercation physique il y a un an - on y reviendra - le bailleur social a décidé de porter plainte et de résilier le bail de ses quatre locataires. Selon une autre source, un ancien concierge, lui-aussi d'origine étrangère, aurait demandé sa mutation après des altercations similaires.
Entre Arlette et Mounir, on l'a compris, c'est la guerre. Les lettres recommandées d'Arlette arrivent en rafale à Habitat du Gard, au Département, à la mairie et même à Nîmes Métropole… A ce jeu de "parole contre parole", difficile de démêler le vrai du faux. "Elle jette sa poussière et ses saletés sur le balcon du concierge. Sa voiture a même été arrosée d'huile de cuisine", soutient le clan du concierge. "C'est lui qui nous a mis de la colle sur notre voiture parce que nous avons eu le malheur de nous garer sur la place de parking qu'il s'est octroyé", rétorque-t-on chez les soutiens d'Arlette. On ne mettra pas les deux camps d'accord.
Des insultes aux agressions physiques
Seulement, l'année dernière, les tensions sont montées d'un cran. Les insultes ont laissé place aux agressions physiques avec une première altercation entre la femme de Mounir et plusieurs dames âgées, dont Arlette ne faisait pas partie. "La femme du concierge s'est faite agresser, on lui a arraché son voile", assure l'entourage du concierge. "C'est faux, c'est elle qui a attrapé une de ses voisines par le cou", répond Arlette qui, du haut de son balcon, a assisté à toute la scène.
Il y a quelques semaines, le fils d'Arlette, Julien, s'est fait agresser dans la cage d'escalier de l'immeuble. Des trémolos dans la voix, sa mère, fixant son regard humide sur les photos de son fils amoché, raconte : "il a perdu connaissance dans l'escalier. On l'a pris par surprise. Lorsque je suis sortie, j'ai vu le concierge et ses enfants… J'ai porté plainte contre le concierge et son fils. Ca, je ne le laisserai jamais passer". Déterminées, celles qu'on appelle désormais "les mamies des Courlis" sont prêtes à aller jusqu'au bout pour faire valoir leur bonne foi. Même discours pour la famille du concierge, en arrêt maladie pour dépression depuis un an. C'est maintenant à la justice de trancher sur cette affaire qui prend en otage les dizaines d'autres occupants de la résidence…
*Le prénom a été modifié.
Coralie Mollaret