GARD Le Département à l'épreuve du compromis
Les 46 conseillers départementaux désignent aujourd'hui les élus qui siègeront dans les commissions et conseils d'administration des organismes de la collectivité. Sans majorité absolue, la gauche ne peut plus faire la pluie et le beau temps…
"J'aurais aimé une véritable ouverture à l'opposition, hélas c'est le service minimum. La situation promet d'être explosive au Département", souffle un élu centriste, avant de s'engouffrer dans l'isoloir. Depuis ce matin, 9 heures, les 46 élus élisent à tour de bras les conseillers départementaux qui siègeront dans les commissions et autres conseils administration des organismes du Département (SDIS, Pont-du-Gard, Habitat du Gard…). "Cette session est déterminante puisque ces organismes décident des politiques mises en oeuvre dans les différents domaines", explique le président du groupe UDI, Thierry Procida.
Pour l'exécutif, la mission est délicate. Pour la première fois de son histoire, la gauche doit concéder des places à son opposition."C'est vrai que la gestion est différente aujourd'hui, c'est la conséquence d'une majorité relative (22 élus pour la gauche, 20 pour la droite et 4 pour le FN)", constate le président du groupe PCF Christian Bastid, "mais nous devons trouver un consensus pour la continuité de l'action publique et de l'intérêt général".
Si l'intégralité des 13 vice-présidents de Denis Bouad est issue des rangs de gauche, les élus de droite ont commencé à faire leur entrée dans les rouages du système. Au SDIS (service départemental d'incendie et de secours) les UMP Valérie Meunier, Richard Tibérino et Jean-Louis Banino ont obtenu un siège, à l'instar de l'UDI Thierry Procida. L'opposition reste vigilante, et les présidents de groupe que sont Laurent Burgoa (UMP) et Thierry Procida (UDI), écoutent avec attention les noms délivrés par l'exécutif. "M.Bouad, vous avez oublié une place pour l'UMP dans la commission départementale de la coopération intercommunale", lance Laurent Burgoa, agacé, "votre cabinet nous l'avait pourtant confirmé avant hier". Les socialistes se regardent du coin de l'oeil. Le président demande alors à l'élu de Calvisson, Christian Valette, de céder sa place.
Les désignations se poursuivent. Vient le moment des nominations au conseil d'administration du tant convoité d'Habitat du Gard. Composé de 23 membres, le Département doit nommer six élus. Denis Bouad énonce de nouveaux noms, sous le regard méfiant de son opposition : "Bouad, Couvreur, Pissas, Bastid, Dherbecourt et Malavieille". Nouveau tollé de Thierry Procida : "il y avait une place pour l'UDI normalement ! Ca fait deux fois, ça commence à faire beaucoup".
Une interruption de séance est réclamée par Denis Bouad. A droite, les esprits s'échauffent : "On est gentil, mais il ne faut pas abuser", surenchérit Laurent Burgoa. "Oh, dis, ce n'est pas normal. Nous représentons 20 élus, la gauche 22. Nos électeurs méritent d'être représentés", poursuit le centriste. Quelques minutes plus tard, l'exécutif réintègre l'Assemblée : c'est finalement Amal Couvreur qui laisse sa place au profit de l'élu UDI.
Concernant le conseil d'administration du Pont-du-Gard, la droite rafle trois places (deux UMP et un UDI) sur les huit sièges.
"Ben voilà, ça va être un bordel pendant six ans", se désespère un socialiste. "Peut-être pas", réagit Olivier Gaillard, président du groupe PS et vice-président en charge des routes. Le mois prochain, les élus désignés des sept commissions du conseil départemental sont appelés à élire leur président et vice-président.
Un nouveau round dans l'interminable match politique du Département. "Moi, je ne suis pas contre le fait que le centriste William Portal soit vice-président de la commission des infrastructures et des déplacements. (…) Le temps de l'élection est terminé, il est temps de passer à l'action", ajoute Olivier Gaillard qui espère que "du chaos naîtra un nouvel ordre".
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Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com