HABITAT DU GARD "Je garde la présidence", confie Denis Bouad à ses salariés
Le président PS du conseil départemental devrait garder la tête du bailleur social public, malgré la promesse formulée, en avril, à Alexandre Pissas en échange de son soutien au Département.
Alors, c'est qui le patron ?! Manifestement à Habitat du Gard, c'est toujours Denis Bouad qui tient les rênes. Hier après-midi, après une interminable Assemblée départementale, le président du conseil départemental a rendu une visite inopinée à ses salariés d'Habitat du Gard. Dans son bureau, entouré de quelques uns des responsables, le socialiste atteste : "Je garde la présidence". Des propos rassurants pour ses partisans, mais irritants pour ceux d'Alexandre Pissas, puisque l'exécutif avait promis, par écrit, de lui céder la place.
ANRU, SEMIGA et Pradille : les dossiers clefs d'Habitat du Gard
Souvenez-vous, en avril, le maire de Tresques avait créé la surprise : privé de son investiture PS, le conseiller départemental parvient, contre toute attente, à conserver son siège au Département. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, la majorité de gauche, relative (22 sur 46 élus au Département), lui donne le pouvoir de négocier généreusement son soutien à Denis Bouad, alors candidat à l'exécutif. La liste de doléances est longue : première vice-présidence, présidence du SDIS, représentation du département au CHU, et surtout, présidence d'Habitat du Gard… Si cette fonction est bénévole, l'EPCI, fort de ses 14 000 locataires, 180 millions d'euros de budget et 350 salariés, attise l'appétit de responsables politiques, désireux d'assurer leurs arrières. S'il était président, Alexandre Pissas s'offrirait un joli moyen de parer les attaques de ses adversaires politiques qui, le plus souvent, viennent de son propre camp.
Seulement voilà, Denis Bouad a lui aussi intérêt à conserver la présidence. Le Gard, avec ses cinq quartiers sélectionnés dans l'ANRU 2, s'apprête à vivre l'un des ses plus importants chantiers. "Denis Bouad est président du Département. Il aura une légitimé et un poids plus important pour aller chercher des subventions et défendre les dossiers qu'il connaît très bien", confie l'un de ses soutiens, qui ne se prive pas de tacler : "Alexandre Pissas, lui, avec toutes les fonctions qu'il occupe n'aura pas le temps".
Un vieux serpent de mer pourrait aussi refaire surface : la fusion d'Habitat du Gard avec la SEMIGA, l'autre bailleur social du Département. Sous la forme juridique d'une société mixte, la structure gère 2 000 logements. "Avant c'était compliqué puisqu'il y avait un élu rémunéré, Yvan Verdier, pour présider cette structure. Mais il n'est plus élu aujourd'hui, il y a donc une opportunité pour apporter de la cohérence dans le logement social gardois, en évitant les doublons", poursuit cette même source.
Enfin, troisième raison et pas des moindres : l'affaire Pradille. En 2013, Habitat du Gard a porté plainte contre Claude Pradille, ex-président de l'EPCI condamné pour corruption. Denis Bouad veut garder la main sur le dossier et savoir si le Sauvains, dans l'incapacité d'honorer ses 1,5 millions d'euros de dommages et intérêts, a organisé son insolvabilité.
Alexandre Pissas : "je ne suis pas un petit garçon qui trépigne"
Face à la rumeur persistante qui atteste que Denis Bouad conserverait la présidence, le maire de Tresques garde son calme : "écoutez, on verra. Je ne suis pas un garçon qui trépigne. J'ai de bons rapports avec Denis Bouad et la majorité s'est engagée par écrit à me confier la présidence". Dans quelques semaines, le directeur général d'Habitat du Gard est appelé à convoquer les 23 membres de son conseil d'administration pour élire son président.
"On essaie de tordre le bras à Pissas. Sans doute, qu'il ne sera pas nouveau président, mais il saura rendre la pareille", fait-on savoir dans l'entourage du maire de Tresques. Avec les socialistes, on est visiblement jamais au bout de nos surprises…
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com