Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 05.06.2015 - eloise-levesque - 2 min  - vu 579 fois

FAIT DU JOUR Arsenic et plomb : l'ARS lance une surveillance sanitaire en Cévennes

Ruisseau de Paleyrolles, photo prise en contrebas de la mine Joseph. Photo : S. Garcia

En contrefort des Cévennes, à quelques kilomètres d'Alès, un site de 2 000 hectares, situé sur les communes de Saint-Félix-de-Pallières et de Thoiras, est confronté à une importante pollution de métaux lourds. Plusieurs études scientifiques en ont fait le constat dans le silence général. Après plusieurs années de combat des associations locales, l'Agence régionale de santé lance enfin une surveillance sanitaire. Insuffisante selon les habitants.

Le sol de l'ancienne exploitation de plomb et de zinc de St-Félix-de-Pallières, fermé en 1971, contient du mercure, de l'antimoine, de l'arsenic et du plomb en quantité extrêmement élevée : 400 000 mg/kg de terre au lieu de 50 mg, la dose normale. Le cabinet d'expertise spécialisé dans les mines Géodéris l'a montré en 2008. Il a été suivi par une étude scientifique de trois toxicologues de renom.

"Comme on le sait, ces métaux lourds sont cancérigènes et atteignent le foie, le sang, et le système nerveux", souligne un responsable de l'association alésienne Basta!Gaz. Pourtant, le site est toujours ouvert au public. Mieux, il est inclus dans l'itinéraire proposé par les offices de tourisme et on y cueille notamment des champignons.

Lors d'une réunion d'informations des habitants à Thoiras en 2014. RM/OG

Seulement trois métaux analysés 

Finalement, après des années de combat des associations et devant la pression médiatique, l'Agence régionale de santé a décidé en mai dernier de lancer une surveillance sanitaire. Cet automne, des prélèvements sanguins et urinaires seront proposés à 2800 habitants de cinq communes concernées (Saint Sébastien d’Aigrefeuille, Générargues, Saint Félix de Pallières, Thoiras et Tornac) en vue d’estimer les taux de plomb, cadmium et arsenic dans leur organisme. "L’objectif du dispositif de surveillance sanitaire est de révéler d’éventuels problèmes de santé pouvant être associés aux polluants contenus dans les sols, afin de proposer, si nécessaire, une prise en charge médicale aux personnes concernées", note l'ARS.

"Bien mais insuffisant", répond le docteur François Simon, vice-président de l'Association pour la Dépollution des Anciennes Mines de la Vieille Montagne (ADAMVM). "Seuls trois métaux sont dépistés. C'est dommage. L'antimoine et le thallium sont aussi présents dans les sols. Surtout, cette étude se cantonne à cinq communes alors que d'autres sont concernées, notamment Monoblet et Durfort". Et à Michel Bourgeat, habitant de Tornac, de rappeler : "Ce sont les poussières les plus dangereuses et elles ne s'arrêtent pas à la frontière". De son côté, l'ARS se défend péniblement : "On a peu de connaissances sur les autres métaux, et ils ne nous apporteraient pas plus d'informations sur les risques. Quant au choix des communes, il a été fait en fonction des prélèvements de sol. Mais il n'est pas exclu qu'on élargisse le champ plus tard", soutient l'équipe du pôle santé-environnement.

Une surveillance dans quel objectif ?

Les résidents craignent par ailleurs que cette étude ne mène nulle part. "Si vous pensez qu'on va engager ici des mesures de dépollution, c'est non !", avait averti le sous-préfet du Vigan en décembre lors d'une réunion publique, arguant que les caisses étaient vides. Aujourd'hui, la préfecture et l'ARS se renvoient la balle sur ce point précis.

Malgré la mise en place de cette surveillance sanitaire, l'association ADAMVM souhaite intenter une action en justice pour mise en danger de la vie d'autrui, contre l’État et la société Umicor, ancien propriétaires des mines. "L'étude de l'ARS ne va qu'apporter de l'eau à notre moulin", se satisfait François Simon.

Eloïse Levesque

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