FAIT DU JOUR Milhaud, cette commune qui résiste aux logements sociaux
La commune de Milhaud fait partie des mauvais élèves en matière de logements sociaux. Début avril, le préfet Didier Martin en faisait état dans une liste de douze villes gardoises qui ne respectent pas leurs engagements en la matière. Malgré tout le retard et tous les efforts que devra mener la municipalité, l’arrivée d’un nouveau projet dans l’impasse du Temple révolte les habitants.
Mercredi 3 juin, 17h, au pied de la mairie de Milhaud. Une trentaine d’habitants s’est réunie pour un entretien avec le maire, Jean-Luc Descloux. « Ca va être musclé ! », promet l’un d’eux. Il tiendra parole. Dès le début de cette réunion, l’édile rappelle à ses administrés quelle est sa responsabilité, son pouvoir sur le sujet : « Les logements sociaux font partie des engagements des communes. Beaucoup de communes, dont Milhaud, ne s’acquittaient pas de cette obligation de construire ces logements. Et maintenant, nous avons perdu notre droit de préemption sur le foncier. Quand quelqu’un vend une terre, une parcelle, un logement, si l’Etat le veut, on ne peut rien dire ». Pour résumer : le maire est impuissant. Si, il peut retoquer l’architecture du projet, ce qu’il a fait pour le premier qui lui a été présenté. Et ne pas valider le permis de construire. On y reviendra.
Le nœud du problème se concentre dans une impasse : celle du Temple, étroite ruelle au cœur de la ville. Le bailleur « Un toit pour tous » y prévoit 21 logements sociaux. Si les Milhaudois, ils le répètent à l’envi, ne sont pas opposés à l’arrivée des personnes, ce n’est pas le même discours pour les nuisances qu’elles occasionneront. « Vous connaissez les lieux, M. le Maire ?, interroge un habitant. Il va y avoir au moins une trentaine de voitures en plus. Moi, je n’arrive pas toujours à me garer. Comment on va faire ? ». Une dame chuchote, tentant de faire rire sa voisine : « De toute façon, ils n’ont pas de voitures ». Un autre homme reprend : « Et pour les travaux, comment on fait venir les camions ? C’est une enclave ! » Jean-Luc Descloux écoute, hoche la tête. La complainte des malheureux continue : « Où vont passer les éboueurs pour ramasser les poubelles de 21 logements supplémentaires ? », s’inquiète un homme. Son voisin de gauche, lui, préfère prévenir : « C’est truffé de puits perdus ! ». Un dernier s’enflamme quelque peu : « Si demain l’Etat veut détruire l’Eglise et construire trois tours, il le peut ! ». Face à l’avalanche de suppositions, le maire tempère : « Nous n’en sommes qu’au stade des études ».
Tous, en revanche, tombent d’accord sur un point : les méthodes cavalières d’ « Un toit pour tous ». « Un jour, dans la rue, un clerc de notaire distribuait des convocations au tribunal de grande instance. Il faisait peur aux gens », se souvient un habitant du quartier. « Un toit pour tous agit avec beaucoup de légèreté », concède le maire avant de poursuivre : « Si on avait eu notre droit de préemption, c’est clair qu’on n’aurait pas pris l’impasse du temple ». Dans l’assemblée, une personne rebondit : « Ben alors, dites non au permis de construire ! » Jean-Luc Descloux explique : « Je peux dire non au permis de construire. Mais je passerai au tribunal administratif ». « On vous soutiendra ! », jure un habitant. Malgré le soutien promis, le maire ne croit pas en la manœuvre : « Mais le préfet, derrière, il va signer ». L’impasse ! On y revient toujours. Alors on réfléchit, on se concerte, on se calme. Le maire en profite : « Je vous propose de créer une association. Ca permettrait de travailler ensemble ». L’idée séduit les citoyens. Dans son élan, il tente un autre argument : « Sachez que ces logements profiteront d’abord aux Milhaudois ». Là, le succès est moins probant. A Milhaud, comme ailleurs, on pense d’abord à soi.
Tony Duret