UNESCO Nîmes, l'ambitieuse candidate
Dans sa course haletante pour être classée au patrimoine mondial, Nîmes vient de franchir une nouvelle étape : la visite de Daniel Janicot, président du Comité des biens français de l'Unesco.
Un parcours de longue haleine. Reconduite aux affaires en 2008, l'équipe de Jean-Paul Fournier (UMP) s'est fixée l'ambition d'inscrire Nîmes et sa romanité au patrimoine mondial de l'Unesco. Un label prestigieux, décroché en 1985 par l'aqueduc voisin du Pont-du-Gard. Si à l'époque les candidatures aboutissaient facilement, la concurrence a rendu, au fil des années, le Comité inter-gouvernemental de l'UNESCO plus exigeant. "Les candidats doivent fournir un dossier solide, avec un plan stratégique de conservation de leur patrimoine", fait état Daniel Janicot, président du Comité des biens français, envoyé ce jeudi en reconnaissance dans la petite Rome française.
Accroissement de 50% de la fréquentation touristique
Après l'audition, en janvier prochain, du maire de Nîmes à Paris, le Comité des biens français décidera s'il valide la candidature. Une première étape qui, en cas d'issue positive, enverra directement le dossier devant le Comité inter-gouvernemental de l'UNESCO, à qui il revient d'accorder définitivement le label. Chaque année, deux sites par pays sont classés au patrimoine mondial. L'adjointe au tourisme, Mary Bourgade, témoigne de la difficulté de mener à bien le projet : "il y a beaucoup de dossiers à remplir et la municipalité doit répondre aux velléités des ministères".
Le jeu en vaut la chandelle : une labélisation entraine une augmentation de 50% de la fréquentation touristique du site. "Selon les estimations, 100 millions de touristes chinois devraient fouler le sol français dans une vingtaine d'années, contre 15 millions aujourd'hui", annonce Daniel Janicot, "il va falloir travailler à une carte touristique nationale, penser à la logistique, aux aéroports, aux hôtels. Le culture est l'un des facteurs de développement d'une ville". Par ailleurs, l'UNESCO s'engage à débloquer une aide sonnante et trébuchante pour la conservation du patrimoine.
Dans leur opération séduction, Jean-Paul Fournier et son adjointe ont concocté à Daniel Janicot, ce matin, une visite aux Arènes et à la Maison Carré, avant de déjeuner sur les hauteurs du Carré d'Art. Si le président du Comité se doit de rester discret sur les chances de Nîmes de décrocher son graal, il s'est autorisé à quelques critiques positives : "lorsqu'on sort de la gare, on arrive sur cette grande avenue Feuchères où l'on a envie de s'arrêter à chaque mètre pour découvrir l'histoire de la ville". Le maire explique alors que "les commercants et propriétaires doivent respecter un règlement dans l'écusson, secteur sauvegardé. Par exemple, le mobilier et les parasols des commerces ne peuvent pas présenter de marque de soda. Quant aux propriétaires, ils bénéficient d'une aide de la mairie pour refaire leur façade en accord avec le patrimoine antique".
L'expert voit également d'un bon oeil le Musée de la romanité : "c'est un atout qui permettra de coopérer avec d'autres musées spécialisés dans la romanité. Contrairement aux Suisses, la France ne voit souvent l'intérêt du travail en réseau, des expositions organisées conjointement". Ni une ni deux, Jean-Paul Fournier rebondit : "nous sommes en contact avec le directeur du Louvre pour exposer certaines de ses collections".
D'ici trois ou quatre ans, Nîmes devrait être fixée sur son sort qui, s'il s'avère positif, sera probablement l'une des grandes fiertés de Jean-Paul Fournier.
Coralie Mollaret