Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 23.07.2015 - eloise-levesque - 4 min  - vu 349 fois

RING POLITIQUE Christophe Rivenq (LR) : "Le TER à 1€ est une escroquerie"

Christophe Rivenq. EL/OG

Chaque mois, votre journal vous propose une interview complète d'une personnalité politique autour de trois thématiques : personnalité (8h), politique (12h) et quiz (16h). Ce mois-ci, à l'occasion des élections régionales de décembre prochain, c'est la tête de liste Les Républicains (LR) dans le Gard, Christophe Rivenq, qui passe sur le ring d'Objectif Gard. Place à la seconde partie : quelle vision pour la grande région ?

Objectif Gard : Quelles sont les deux idées phares de votre programme ?

Christophe Rivenq : Pour le moment, le programme n'a pas été dévoilé. Je peux néanmoins vous donner quelques pistes. Les grands enjeux se trouvent autour du très haut débit, du développement économique, de la mer, de l'agriculture, et de la mobilité. Mais aussi de l'enseignement supérieur qui est un enjeu régional qui dépasse le Gard.

OG : Concrètement ?

CR : Sur le développement économique, nous souhaitons supprimer les Parcs régionaux d'activités économiques (PRAE). Pourquoi ? En 2004, Georges Frêche a décidé de changer ce qu'avait fait Jacques Blanc (UMP). À l'époque, Blanc travaillait avec les territoires pour déterminer des zones afin de développer l'activité économique et lui, il finançait. Frêche trouvait que la région n'était pas lisible. Il a créé ses propres PRAE. On a dépensé des centaines de millions d'euros pour une vingtaine de parcs. Seuls deux sont pleins aujourd'hui. A La Grand'Combe, le Parc Humprhy Davy est carrément vide. On dénonce cela depuis 2005. Il avait créé ce PRAE pour faire plaisir à Patrick Malaveille. Aujourd'hui, nous souhaitons changer de méthode, discuter avec les territoires et déterminer l'emplacement de zones d'activités économiques en concertation avec les élus. Gros avantage : on pourra spécialiser ces zones. On fera en sorte, au niveau régional, de conseiller - à travers une agence régionale d'activité -, les entreprises qui souhaitent s'installer.

Concernant la mobilité, nous devons réfléchir à comment faire pour que les gens puissent se déplacer suffisamment facilement pour travailler à un endroit et habiter dans un autre. Le TER à un euro est une escroquerie. On ne peut pas prendre de billet sur les lignes principales, notamment Nîmes-Alès. Il faut développer des systèmes de covoiturages dans les zones rurales pour créer de l'intermodalité. Il s'agira d'une plateforme sécurisée. Contrairement à Blablacar qui ne fonctionne que sur les grands axes, on va pousser les gens de tout le territoire à se déclarer sur le site pour que ceux qui habitent dans les coins les plus reculés puissent se déplacer.

OG : Comment les inciter à utiliser votre plateforme ? Le co-voiturage n'est pas encore vraiment rentré dans les mœurs, en particulier à la campagne.

CR : Par la communication. Aujourd'hui, la demande n'existe pas parce que rien n'existe. Le déplacement ne doit plus être un frein.

OG : Et concernant les trains ? Le co-voiturage ne peut être l'unique solution pour développer la mobilité.

CR :  Il faudrait augmenter la fréquence des trains sur les grandes lignes. Cela peut être financé grâce à la suppression du TER à 1 euro. Pour les tarifs, les travailleurs et les étudiants ont besoin d'aides au déplacement.

OG : Êtes-vous également pour une réouverture des lignes de TER rive droite du Rhône et Alès-Bessèges ? 

CR : La réouverture de la ligne rive droite du Rhône me paraît essentielle : c'est aujourd'hui une question de décision. Je crois beaucoup à l'avenir du train. La ligne Alès-Bessèges permet quand à elle de désengorger les routes et Alès, mais aussi maintenir la population dans les petites villages. On ne peut pas accepter les politiques qui favorisent la concentration urbaine : le foncier explose, c'est intenable.

OG : Le TER à 1 € coûte 3,5 millions d'euros par an. Sa suppression ne suffira pas à couvrir toutes ces dépenses....

CR : Pour l'instant, ce sont des pistes de travail pour l'établissement d'un projet en cours. Rien n'est chiffré. Mais d'autres économies sont possibles : il faut rééquilibrer les subventions entre les territoires. Les festivals de Montpellier, Enjoy, et l'Arena sont très soutenus par la Région. Mais il n'y a pas que Montpellier qui existe. La culture doit irriguer aussi le reste de la région. Quant à Lordi, ça coûte 15 millions d'euros par an, il y a de quoi faire.

OG : Justement, vous êtes contre le dispositif "Lordi", mis en place en Languedoc-Roussillon. Êtes-vous favorable à celui de Midi-Pyrénées : l'aide pour l'achat d'un ordinateur, sous conditions de ressources ?

CR : Oui j'y suis favorable. Il faut lutter contre la fracture numérique. On a mis la charrue avant les bœufs. Ça s'est fait sans avoir mis les ENT (Environnement numérique de travail, Ndlr) dans les lycées et sans programme dématérialisé par les enseignants. De plus, au moins 20% des élèves n'avaient pas Internet chez eux. Il fallait d'abord équiper les lycées. Quand on voit que certains ont revendu Lordi, je pense que la mesure a été mal évaluée. Plus de 70 millions d'euros ont été investis sans contrepartie. C'est le budget de fonctionnement d'Alès Agglo.

OG : Certains de vos alliés politiques souhaiteraient un rattachement du Gard en PACA. Le département peut en faire la demande jusqu'en 2019. Quelle est votre position ?

CR : C'est séduisant mais cette hypothèse est déraisonnable voire impossible. Je vois mal un gouvernement accepter le départ d'un département pour une autre région, ce serait très compliqué. Mais j'attends de voir les modalités de fonctionnement de la nouvelle région, je ne sais pas où sera la proximité.

OG : Donnez-nous deux propositions concrètes pour pour lutter contre le chômage.

CR : D'une part, il faut tout faire pour inciter à la création d'industries non délocalisables sur notre territoire. Je suis persuadé que la France a la capacité de faire du produit haut de gamme qui rapporte de la plus-value. D'autre part, il faut miser sur le tourisme en coordonnant l'offre touristique, en développant l'hébergement : il faudrait par exemple passer à un cran supérieur en faisant des resorts. La région peut aider au financement de ces projets, qui sont créateurs de dizaines de milliers d'emplois.

Eloïse Levesque

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