ALÈS Ruptures en pharmacie : "Entre 20 et 30 produits manquants par jour"
Hier, le Parisien révélait les nombreuses ruptures de stock en officine qui pénalisent les patients. Dans le Gard, le co-président du syndicat des pharmacies dénonce une mauvaise gestion des fabricants et des lacunes législatives.
Anti-dépresseurs, vaccins, anti-rejets de greffe.... A la pharmacie de l'Abbaye, dans le centre d'Alès, les ruptures de stock font presque partie de la routine. Voilà des années que le problème s'amplifie sans que personne ne n'en inquiète. Avec les conséquences qui en découlent. Aujourd'hui, il enregistre entre 20 et 30 produits par jour. "On ne parle pas d'aspirine, mais de médicaments essentiels pour la survie des patients. Il est fréquent que je passe une heure à chercher une solution pour un patient, en appelant labos et confrères. Dans des cas extrêmes, je dois le renvoyer vers son médecin pour qu'il lui prescrive un équivalent", fustige Jean-Pierre Cornut, pharmacien et co-président du syndicat des pharmacies du Gard.
Selon le praticien, le problème est multifactoriel et décuplé par la saison estivale, au cours de laquelle les chaines de fabrication sont arrêtées et les médecins peu joignables. "La production est à flux tendue. Certains fabricants s'ouvrent à de nouveaux pays mais la matière première n'est pas suffisante pour compenser l'augmentation des besoins. Il faudrait planifier avec un impératif de stock", avance le pharmacien. Et d'ajouter : "Les industriels fabriquent une molécule sur une chaîne pendant une période donnée, puis passent à une autre. Ils ne font pas plusieurs molécules en même temps. Résultat, s'il y a pénurie, on doit tout de même attendre le prochain tour. Enfin, certains laboratoires préfèrent vendre aux autres pays de l'UE comme l'Allemagne. Nos prix de vente - imposés par l'Etat - sont les moins chers d'Europe".
Les ruptures d'approvisionnement ont, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), été multipliées par dix en seulement de sept ans. Le co-président du syndicat des pharmacies du Gard appelle le gouvernement à plancher sur le dossier pour améliorer la réglementation et lutter contre ces dysfonctionnements. En attendant, Jean-Pierre Cornut est n'a plus de vaccin hexavalent depuis 6 mois et la couverture vaccinale a diminué de 80% pour les maladies concernées (coqueluche, tétanos...). "On observe une recrudescence à de ces pathologies à cause de cette rupture", conclut-il.