FAIT DU JOUR "Gang de grands-mères", le pari made in local d’un jeune anglois
A 26 ans, l’anglois Hugo Camusso est déjà chef de gang. Un gang d’un genre un peu particulier, puisqu’il est composé de Monique, Maggy, Raymonde, Christiane, Elise et Chantal, grands-mères tricoteuses de leur état.
Ces as du tricot confectionnent depuis la fin 2014 des bonnets, nœuds-papillons, bracelets ou encore head-bands made in France, et même made in chez nous, puisque les grands-mères viennent de Villeneuve, des Angles ou encore du Vaucluse tout proche.
« De la belle manufacture en petite série »
« Je suis parti du constat qu’il y avait des mamies qui tricotaient en solo pour leur famille ou leurs amis, et que parfois les vêtements qu’elles tricotaient n’étaient jamais portés », explique Hugo Camusso avant de préciser fort heureusement que « nous on veut éviter les pulls en laine avec les rênes et les flocons de neige. »
Ici pas de pull démodé, « l’idée est de reprendre les codes actuels et les allier aux savoir-faire anciens », car la marque du jeune gardois mise sur « un côté chic décalé » et les accessoires. Des pièces conçues est designées par Hugo lui-même, aidé par sa mère Chantal, membre du gang, pour la confection des prototypes. Le résultat est une gamme en laine mérinos ou alpaga, ou encore en coton d’Egypte. « De la belle manufacture en petite série », résume le créateur.
Une gamme colorée et élégante, à la traçabilité indiscutable : « sur notre site le client choisit son modèle, la couleur et même la grand-mère qui va tricoter le produit, détaille Hugo Camusso. Et quand le produit est livré, le client a un certificat. On veut privilégier le local. » Et ça passe aussi par des fournisseurs du coin (Avignon, Aix, Marseille).
« Nous sommes dans une relation de confiance »
On est donc bien loin des grandes usines de confection. Ici les grands-mères tricoteuses sont regroupées au sein d’une association, les Mamies du Gang, à laquelle 10 % du prix de vente de chaque produit sont reversés. « Avec cet argent, l’association organise des activités pour les grands-mères, choisies par les membres, comme des soins esthétiques, des sorties au cinéma, des restos… », explique le créateur, pour qui « c’est donnant-donnant, nous sommes une entreprise sociale et solidaire. »
Car le tricot favorise le lien social : « les grands-mères se retrouvent une fois par mois, partagent leurs expériences, affirme Hugo Camusso. On leur fournit la laine et ensuite elles tricotent à leur rythme, nous sommes dans une relation de confiance. »
Une campagne de crowdfunding pour « donner un coup de boost »
La marque est diffusée dans neuf magasins à Avignon, l’Isle-sur-la-Sorgue, Saint-Tropez, Marseille, Périgueux et Paris. Les débuts sont encourageants, et pour accélérer Hugo Camusso va lancer cette semaine une campagne de financement participatif sur le site Kiss Kiss Bank Bank.
« L’objectif est de lever 15 000 euros en 45 jours, explique Hugo Camusso. On versera 10 % à l’association, et une fois les produits de nos donateurs confectionnés il nous restera environ 5 000 euros pour développer la marque, lui donner un coup de boost. On va prospecter, chercher de nouveaux distributeurs, développer un packaging réutilisable et optimiser le site internet. »
De quoi faire d’Hugo et de son Gang les parrains du made in France, en somme.
Thierry ALLARD