GARD RHODANIEN Bagnols, Pont et Laudun disent oui à l’accueil de réfugiés
Après l’annonce hier par le Président de la République François Hollande de l’accueil de 24 000 réfugiés syriens, irakiens et érythréens, dont un millier dans les semaines à venir, les villes du Gard rhodanien se positionnent.
« J’ai reçu un courrier du ministères de l’intérieur aujourd’hui, affirme le maire (sans étiquette) de Pont-Saint-Esprit Roger Castillon. On a une invitation à se porter volontaire pour l’accueil de réfugiés. »
« On fera ce qu’il faudra faire »
Une invitation à laquelle l’édile spiripontain, comme ses homologues laudunois et bagnolais, va répondre par la positive : « sur le principe nous nous positionnons pour. » Le maire de Laudun-l’Ardoise (PS) Philippe Pécout ne dit pas autre chose : « je n’ai pas encore vu ma majorité pour aborder la question, mais à titre personnel, oui je suis favorable à cette question là. » Le maire PS de Bagnols et président de l’agglo du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey va plus loin. Pour lui, « le temps de se poser la question si on peut ou pas accueillir des réfugiés est révolu. On doit. On est face à un exode, des gens qui fuient la mort. Dans les années 1940, pour les gens qui fuyaient le nazisme ou le franquisme on ne s’est pas posé la question, on l’a fait. Bagnols prendra sa part. »
Voilà pour le principe, qui fait consensus entre les trois principales villes de l’agglo. Les modalités sont pour l’heure encore pour le moins floues. « On est en train de regarder quelles sont les capacités d’accueil, c’est bien de nous positionner mais il faut maintenant savoir comment et pour combien de temps, s’il s’agit d’un accueil de résidents ou de personnes en transit », explique Roger Castillon. Pour Jean-Christian Rey, cette question dépend de la situation en Syrie : « on fera ce qu’il faudra faire, après j’espère que la Syrie retrouvera la paix, mais ça ne se fera pas dans les trois semaines. » Pour l’heure, aucun des trois maires n’a une idée de combien de réfugiés pourraient être accueillis dans leur commune, ni de quand ils arriveront. Tout juste le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé que les réfugiés arriveront dans les prochains jours dans des centres provisoires « en Île-de-France ou à proximité », avant d’être redirigés dans les communes volontaires « dès que le statut de réfugiés leur aura été reconnu. »
On en saura plus samedi matin, à la faveur d’une réunion place Beauvau en présence de maires et de leurs représentants. « Bernard Cazeneuve nous donnera un canevas de l’Etat, une marche à suivre », affirme le directeur de cabinet du maire de Bagnols Jérôme Talon, qui représentera Bagnols à ladite réunion.
« Il y a une urgence absolue, le reste on fera avec »
Une chose est sûre, les villes du Gard rhodanien auront besoin d’aide et de conseils. « Nous sommes en lien avec Amnesty International pour l’organisation », explique Jean-Christian Rey, quand Roger Castillon compte « le cas échéant mettre à contribution la Croix Rouge et toutes les forces vives qui veulent aider ces personnes qui se trouvent dans une détresse absolue. » Philippe Pécout, qui est aussi conseiller départemental, compte sur les services du département « qui feront sans doute cet effort là auprès des collectivités volontaires. »
Au niveau de l’agglo, le président affirme avoir « déjà eu des communes qui se sont manifestées spontanément », et que l’agglo « va recenser toutes ces initiatives privées et publiques, mettre à disposition un interprète (un employé communautaire parlant le syrien, ndlr) et nos services de crèches. »
Reste maintenant une question épineuse : celle de l’opinion publique. « Il va nous falloir bien communiquer sur ce sujet qui divise la population, notamment et davantage sans doute dans nos communes rurales », note Philippe Pécout. Pour son homologue spiripontain, « il y aura des personnes contre, mais quand quelqu’un est en détresse, les opinions sont de second ordre. Il y a une urgence absolue, le reste on fera avec. » Pour Jean-Christian Rey, qui fera passer une délibération sur le sujet lors du prochain conseil municipal, « le débat n’est pas là. Je suis un responsable politique, je prends des décisions, je fais des choix. Si ces choix ne leur vont pas, les électeurs s’exprimeront dans les urnes. J’espère que tout le monde comprendra la nécessité de se mobiliser. »
Thierry ALLARD