NÎMES MÉTROPOLE Vifs échanges au sein de la Majorité
Diminution du nombre d'élus, extension des locaux de l'Agglo ou création d'une école d'ingénieurs… La séance publique d'hier soir a été marquée par les divergences au sein de la Majorité.
Il aura fallu près de quatre heures. Quatre longues heures pour que les conseillers communautaires viennent à bout des 80 délibérations à l'ordre du jour. Hier soir, les dissonances au sein de la Majorité, entre l'exécutif UDI Yvan Lachaud et l'UPNM (Union pour Nîmes Métropole où siège Jean-Paul Fournier, NDLR), ont été particulièrement nombreuses et bruyantes. Une brèche dans l'unité de la droite, dans laquelle s'est engouffrée l'opposition lassée "de la guerre Fournier/Lachaud".
Parmi les sujets polémiques : la création d'une école d'ingénieurs (ISEN) dès 2016 dans les locaux de l'EMA (École des Mines d'Alès) pour compenser son départ. Pressentant la fronde de son propre camp, le rapporteur Jacky Raymond argumente : "nous demandons à l'assemblée de financer à hauteur de 700 000 euros par an l'implantation de cette école. La France manque d'ingénieurs et ce projet entre tout à fait dans la compétence du développement économique de notre collectivité".
La création d'une école d'ingénieurs entérinée
Les élus UPNM qui se sont abstenus en juin dernier n'ont pas changé leur fusil d'épaule. "Le lien avec le développement économique reste à démontrer", conteste le président Eddy Valadier, "une interrogation demeure aussi sur les locaux. La CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie) dit que l'EMA n'a pas le droit de les louer. Une procédure est engagée au tribunal administratif. Si la délibération a évolué, des zones d'ombres demeurent".
Yvan Lachaud prend alors la parole : "Il faut se renseigner un peu ! Sur la question du développement économique, nous avons un engagement écrit de 25 entreprises (Bastide Confort Médical, ERDF…) favorables à l'implantation de cette école. La Région subventionne le projet à hauteur d'un million d'euro et l’Éducation Nationale met à disposition neuf postes d'enseignants. Sur la question de la location, l'EMA loue déjà une partie des locaux". Et de conclure : "Enfin, je tiens à rappeler que la Majorité précédente dont je faisais partie aidait l'université et je m'en suis toujours félicité". Les efforts de l'exécutif n'y changeront rien : l'UPNM s'abstient. Le groupe IEC (Intérêt et Esprit Communautaire), Front National ainsi que la députée Dumas (Nîmes 2020) votent pour.
Extension des locaux de l'Agglo : l'UPNM vote contre
Autre sujet de discorde : l'extension pour 10 millions d'euros des locaux de l'Agglo. "Sur le fond, nous ne sommes pas contre l'extension des locaux, mais c'est sur l'adéquation du calendrier et les moyens financiers engagés. Aujourd'hui le nombre d'élus diminue, il y a une démutualisation de certains services et les contraintes budgétaires sont importantes. Cette somme serait plus rentable ailleurs", argumente Franck Proust (UPNM) qui annonce que son groupe votera contre cette délibération. L'opposition, par la voix d'Alain Fabre-Pujol (Nîmes 2020) bondit : "ce sont des leçons d'économies que vous donnez M.Proust ? Elles sont étonnantes lorsque l'on sait que la démutualisation que vous avez entrepris va coûter de l'argent aux Nîmois !".
"Pas pour Nîmes", lui rétorque Jean-Paul Fournier, "puisque nous finançons 75% de ces postes". "Oui mais quand sera-t-il de l'Agglo ? Nous avons encore la démonstration ici de la guerre Fournier/Lachaud", répond Alain-Fabre Pujol. "Ce n'est pas du tout un problème Fournier/Lachaud", surenchère Jean-Paul Fournier, "ça embêtera peut-être certains, mais nous avons acquis le Colisée 2 à l'époque pour avoir plus de place. Les locaux sont en bon état, certains devraient les visiter". Pour parer les attaques de son camp, Yvan Lachaud assure que "l'extension des locaux fera gagner de l'argent : nous empruntons 10 millions d'euros sur 40 ans à la Caisse des Dépôts. Cela revient à 115 000 euros par an soit moins cher que les loyers que nous payons actuellement". Malgré l'opposition de l'UMNP, la délibération est adoptée à la majorité.
Dix-neuf élus sur le départ
Enfin, le conseil communautaire a conclu sa longue séance sur l'abaissement du nombre d'élus à 77. Rappelé à l'ordre par le préfet suite au décès du maire de Sernhac, la ville de Nîmes a décidé unilatéralement d'opter pour le seuil minimum d'élus contre l'avis de la majorité des maires (21 sur les 27 de Nîmes Métropole) qui souhaitaient, eux, un nouvel accord local sur une base de 94 élus. "L'UPNM nous dit que c'est pour faire des économies, mais alors pourquoi avoir conclu un accord local en 2013 alors ?", s'indigne Alain Dalmas, maire de Garons et président du groupe des Centristes et Indépendants.
S'adressant à Yvan Lachaud, la députée et conseillère PS Françoise Dumas, fatiguée avec l'ensemble des élus d'opposition d'apprendre les décisions par voie de presse, lance : "il était temps que l'on puisse débattre de ce sujet (…) N'auriez-vous pas pu nous réunir pour nous informer de la lettre du préfet ? C'est un non respect de la démocratie !". Le président UDI, qui n'entend pas endosser la responsabilité de la décision de Jean-Paul Fournier, reprend de volée la députée : "la lettre avait été envoyée aux maires, c'étaient à eux de faire ces réunions. Moi, en tant que président de cette collectivité, j'ai réuni les maires qui se sont prononcés majoritairement pour un nouvel accord local". Si l'hémicycle perd dix-neuf élus, cela ne garantit pas pour autant que le calme revienne dans la Majorité. Réponse début novembre lors du prochain conseil communautaire.
Coralie Mollaret