CÉVENNES Pollution minière : une action en justice est lancée
Deux riverains de Tornac et Saint-Félix-de-Pallières, touchés par la pollution à l'arsenic et au plomb, portent plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui.
Les mines ont fermé en 1955 et 1971 mais les répercussions sur la vie des habitants ne se sont, hélas, pas arrêtées à ces dates. Après plusieurs années de combat des associations locales, deux riverains ont sauté le pas début août : Michel Bourgeat et Manuel Gomez ont porté plainte. Ils espèrent ainsi obtenir la dépollution des sols et une indemnisation.
Deux actions – l'une au pénal, l'autre au tribunal administratif – vont être menées par les avocats Odile Bertella-Geffroy, Charles Fontaine et Caroline Rigo. « Une plainte au pénal est nécessaire pour que des investigations et des expertises indépendantes soient effectuées sur la pollution des eaux, des sols et de l'air », détaille Maître Bertella-Geffroy, qui est aussi une ancienne juge du tribunal de santé de Paris.
Plusieurs études scientifiques révélant des doses excessives d'arsenic et de plomb ont déjà été réalisées sur le secteur. « Malheureusement, les pouvoirs publics restent inactifs », regrette François Simon, vice-président de l'association. Depuis, l'agence régionale de santé - ARS - à lancé une surveillance sanitaire : des prélèvements sanguins et urinaires sont actuellement proposés à 2 800 habitants de Saint Sébastien d’Aigrefeuille, Générargues, Saint Félix de Pallières, Thoiras et Tornac. Objectif : estimer les taux de plomb, cadmium et arsenic dans leur organisme.
Mais pour les riverains, cela ne suffit pas. Et quand ils ont découvert les recommandations de l'ARS censées les protéger, ils n'ont pas été davantage rassurés :« C'est un manuel qu'on donne au CP pour les enfants. On est en colère ! », peste Maître Fontaine. L'avocat a de quoi être sidéré : il est conseillé aux habitants de se couper les ongles courts, de ne pas manger les légumes de leur potager, de ne pas mettre les mains dans la terre, de préférer la serpillière au balai pour éviter de diffuser la poussière... « En gros, il ne faut pas avoir d'enfants car ils prendraient trop de risques à s'amuser dans le jardin. Certains ont quitté leur maison pour ça », déplore l'un des plaignants. Maisons qui sont devenues invendables.
Plusieurs dizaines d'années après la fermeture des mines, le dossier est donc loin d'être classé. La procédure risque d'être longue. « Généralement, il faut compter une à deux années pour des affaires classiques et celle-ci ne l'est pas, indique Maître Rigo. Bien que nous ayons déjà des documents à disposition, il reste des zones d'ombres ». En attendant que toute la lumière soit faite sur cette épineuse affaire, les riverains vont encore devoir s'armer de patience... Mais ils ne sont plus à quelques années près.