DÉPARTEMENT Les élus attendus de pied ferme par les syndicats
Les 46 conseillers départementaux sont appelés ce matin à réajuster le budget 2015. Ils seront accueillis par des syndicats vent debout après la suppression de leurs subventions.
Pour la deuxième fois cette année, les 46 conseillers départementaux se réunissent en séance publique pour procéder à un réajustement du budget 2015. "Lorsque l'on a voté cet exercice en novembre, il était calqué sur des prévisions. Comme dans toutes les collectivités, il y a toujours de l'argent qu'il faut rajouter ou enlever dans les différents services", vulgarise le cabinet du président socialiste. Seulement depuis novembre, les départementales sont passées par là... Le scrutin de mars a doté l'hémicycle d'une majorité relative : 22 élus pour la gauche, 20 élus pour la droite et 4 pour l'extrême-droite. L'opposition peut donc, à tout moment, battre en brèche une délibération de l'exécutif.
Tel a été le cas en juillet, lors de la commission permanente. L'opposition a rejeté en bloc la délibération portant sur les 150 000 euros de subventions allouées aux syndicats. Vent debout, l'intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-FSU a décidé de riposter en manifestant, ce matin, devant le conseil départemental pour que ce rapport soit réinscrit à l'ordre du jour. Joint par téléphone, Laurent Burgoa, président du groupe Le Bon Sens Républicain, ne compte pas céder. Pas question qu'en période de disette budgétaire "les contribuables financent les syndicats. C'est à leurs adhérents de le faire. La droite a toujours voté contre ces subventions. Alors c'est vrai, avant l'opposition représentait 13 élus et aujourd'hui nous sommes en position de bloquer certaines décisions. Mais c'est la démocratie. Les syndicats doivent la respecter".
Toutefois sur ce dossier, la discipline du Bon Sens Républicain est de nouveau mise à l'épreuve. A l'image des dissonances, le mois dernier, autour de la taxe sur l'électricité, un élu Les Républicains s'interroge sur la pertinence de ce vote : "nous sommes les seuls, en France, à refuser des subventions aux syndicats qui sont des partenaires dans le dialogue social. Je suis encore étonné que cette affaire ne soit pas remontée au niveau national !". Du côté de la majorité, chat échaudé craint l'eau froide. Après le rejet de la hausse de la taxe sur l'électricité, vécu comme une "humiliation", l'exécutif attend un prise de position publique de la droite avant de bouger.
4,6 millions supplémentaires pour le RSA
Sur l'objet même de la convocation, à savoir la décision modificative, les ajustements budgétaires ne sont que "techniques". Sur les 981 millions d'euros de budget, le Département doit débloquer un peu plus de 2 millions d'euros supplémentaires. En cause principalement : la hausse de 4,6 millions d'euros des dépenses liées au RSA (31 000 bénéficiaires dans le Gard). Sur l'année, la collectivité a mis sur la table 173 millions d'euros pour financer la prestation sociale, soit une hausse de 12 millions d'euros par rapport à 2014. Celle-ci s'explique notamment par la revalorisation exceptionnelle du RSA (10 % sur 5 ans), en plus de celle liée à l'inflation.
En ce qui concerne les économies, l'arrêt temporaire du magazine Gard Mag a permis de mettre de coté 400 000 euros. Une réflexion est d'ailleurs engagée pour juger de la pertinence du magazine papier. Pour le reste, "les différents services se serrent la ceinture", fait valoir l'exécutif. Mises bout à bout, ces petites économies permettraient de dégager 2 millions d'euros, au grand bonheur de l'opposition.
Préparer le budget 2016
Mais il faudra aller plus loin pour boucler le budget 2016 qui s'annonce, encore une fois, contraint. Le vote est prévu en janvier par la majorité, après les Régionales et surtout, après les conclusions de l'audit diligenté par KPMG. Depuis septembre, le cabinet privé a auditionné une centaine de directeurs de service afin de juger de l'efficience des politiques publiques. Parallèlement, le Département espère de bonnes nouvelles de l'État : lors du congrès de l'Assemblée des Départements de France la semaine dernière, la ministre de la Fonction Publique a annoncé que des aides exceptionnelles seraient débloquées pour les Départements asphyxiés par le RSA. Le président Denis Bouad a rencontré récemment à l'Élysée le conseiller du président Hollande, Vincent Feltesse. "Grâce à la réduction des dépenses que nous avons engagée, certains bruits de couloirs stipulent que nous ferions partie des départements aidés", chuchote la majorité. A suivre.
Coralie Mollaret