FAIT DU JOUR Réforme des intercommunalités : quel avenir pour Leins-Gardonnenque ?
Le préfet du Gard a présenté sa nouvelle carte des intercommunalités, suite à l'adoption de la réforme territoriale. Pour Leins-Gardonnenque, situé au milieu du département, la fusion avec Nîmes Métropole semble inévitable. Même si les élus souhaitent à tout prix l'éviter.
Leins-Gardonnenque est un petit noyau au centre du Gard. Constitué de 14 communes, il comporte 12 700 habitants, soit un peu moins que le seuil minimum imposé par la loi NOTRe, adoptée en août dernier - 15 000. Pour simplifier les cartes, le Préfet propose un rapprochement avec Nîmes Métropole. "Ils sont associés au schéma de cohérence territoriale de la capitale gardoise et les habitants travaillent à Nîmes. C'est logique", avance Didier Martin qui a travaillé avec l'Insee pour analyser les habitudes des résidents.
Un choix qui n'est pas du goût des élus concernés, pour des raisons politiques ou territoriales. En tête, son président Michel Martin, maire communiste de St-Géniès-de-Malgoirès. Ce dernier se voit mal gérer une agglo avec un leader de droite, qui lui laissera, de fait, un pouvoir bien moins important. Quant à son homologue Yvan Lachaud, président UDI de Nîmes Métropole, il a bien peu intérêt à revoir la gouvernance. « Quand nous avons dessiné les contours de l'intercommunalité, on nous a dit qu'on s'engageait pour 10 ou 15 ans ! Notre communauté est très bien gérée ainsi. Nous sommes déçus des 3 ou 4 énarques qui ont décrété que le seuil serait fixé à 15 000 habitants », fustige Michel Martin.
Unis dans l'adversité, les maires ont décidé de se souder pour demander une dérogation, et rester seuls. "Avec la démographie, on obtiendra le seuil des 15 000 habitants d'ici 3 ans. On veut défendre une collectivité à taille humaine", répète Bernard Clément, maire PCF de Domessargues. Et de justifier : "On a étudié toutes les possibilités et les chiffres sont clairs. L'annuité de notre dette est à 5€ par habitant, celle d'Alès Agglo est à 45 €, et celle de Nîmes Métropole à 11€. Avec qui que soit, notre dette augmentera. Idem pour les charges de personnel. Alès est 230% au-dessus du ratio national, le Piémont Cévenol 170%, le Pays de Sommières 340%, et Nîmes 50%. Nous sommes à 40%. On a tout intérêt à se protéger".
Tractations avec les communes voisines
Pour mettre toutes les chances de son côté et atteindre le seuil fatidique, la communauté de communes tente actuellement d'attirer de nouveaux villages en son sein. Du nord au sud, plusieurs municipalités limitrophes ont déjà été démarchées. "Aucune n'a dit non, mais ça demande des tractations", prévient Pierre Lucchini, maire de Moulézan. "Je compte notamment sur Crespian, Montmirat et Cannes-et-Clairan. On travaille beaucoup ensemble, on est dans la même vallée et on a des problématiques communes", espère l'édile. "Quant à Boucoiran, situé dans l'agglo d'Alès, il n'aura plus besoin de monter sur la table pour se faire entendre. On n'est pas des villages dortoirs. On a une vraie vie de village et on veut la conserver".
Des arguments qui ne semblent pas encore séduire les dites communes. "Je comprends leur position et je les soutiens. Le sujet sera mis sur la table avec mes voisins. Mais la loi NOTRe a été claire : le seuil passera à 20 000 dans quelques années et on va tous finir par y passer. C'est reculer pour mieux sauter. On a déjà changé en 2013 et c'est beaucoup de travail", regrette avec amertume Sonia Aubry, maire de Cannes-et-Clairan, situé dans le Pays de Sommières. "Il n'est pas question de quitter Alès Agglo pour l'instant. C'est notre bassin de vie. Et puis on a accès à des compétences que n'ont pas encore Leins-Gardonnenque, comme l'école et l'éclairage public", annonce Jacky Fernandez, maire de Boucoiran-et-Nozières.
La piste est donc compromise. D'autant qu'il reste peu de temps, et que Moussac, situé à la frontière du Pays d'Uzès, souhaite désormais faire cavalier seul. Résultat : 1 300 habitants de moins à Leins Gardonnenque. "On n'a aucun intérêt à rester. On n'a pas eu de vice-présidence alors qu'on est le 3e village de l'intercommunalité, notre centre aéré va partir à St-Géniès et on n'a pas plus de halte SNCF", déplore le maire Frédéric Salle-Lagarde. Ce dernier - fort de nombreuses entreprises et peu de chômage, a donc le choix entre Uzès et Nimes. Tous deux lui font les yeux doux. "Je penche plutôt pour Uzès où je conserverai la dotation de la ruralité et la régie de l'eau qui rapportent chaque année 120 000 € à la commune", avance-t-il.
Les collectivités locales ont désormais deux mois pour donner leur avis et se positionner. "Elles peuvent discuter entre elles et faire des contre-propositions", répète le Préfet. En cas de désaccord, seul l'aval de la moitié de chaque conseil municipal suffit. Ensuite, les 45 élus de la commission intercommunale auront trois mois pour négocier et trancher. Un rapporteur général, le maire d'Aubord, devrait être désigné. Pour rappel, cette commission est composée de 18 maires, 18 présidents de communautés de communes, 2 représentants de syndicats, 5 conseillers régionaux et 5 conseillers départementaux. La carte définitive sera présentée pour le 31 mars 2016, pour une application au 1er janvier 2017.
Eloïse Levesque
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