ALÈS Réouverture de l'abattoir : la filière prend le taureau par les cornes
Suite à la diffusion d'images choc sur les coulisses de l'abattoir d'Alès, ce dernier est fermé depuis 3 semaines. Un coup de massue pour la filière de la viande, dans le Gard et au-delà. Plus de 200 éleveurs et bouchers ont assiégé l'hôtel de ville ce matin pour demander une réouverture rapide. Une démarche suivie par le sous-préfet et le maire Max Roustan.
La pluie est battante ce matin dans les rues d'Alès et les crues menacent toujours nos voisins héraultais. Pourtant, ils sont plus de 200 éleveurs, bouchers et négociants à occuper l'hôtel de ville de la capitale cévenole pendant presque deux heures. Un seul mot d'ordre : la réouverture de l'abattoir, maillon indéfectible de la chaîne de la viande dans la région. 25 camions ont fait le déplacement depuis l'Hérault et la Lozère. "Toute la filière est en danger", clame Luc Hincelin, producteur ovin à Lussan et responsable de la commission élevage à la Chambre d'agriculture du Gard. "Notre objectif est que ça ouvre dans de bonnes conditions", ajoute-t-il.
De fait, depuis 3 semaines, les acteurs du secteur de l'élevage gardois peinent à entrevoir un avenir souriant. L'abattoir d'Alès traite entre 60 000 et 80 000 animaux par an et alimente des dizaines de producteurs. "J'habite à Lunel et j'abattais à Alès. Je dois maintenant aller à Pézenas, qui est plus loin. C'est 30% plus cher. Je vais devoir le répercuter sur le prix de la viande", déplore un éleveur de brebis. "90% de ma viande vient de la capitale cévenole. Aujourd'hui, je vais à l'extérieur et ça peut aller jusqu'à 1€ de plus par kilo", constate Christian Chapel, boucher à St-Christol-les-Alès, qui enregistre plusieurs dizaines d'€ de frais supplémentaires par semaine. "On s'en sort, mais il faut pas que ça dure trop longtemps. On est tous menacés".
"Du terrorisme de l'image"
La mine déconfite, le maire Max Roustan descend de son bureau quelques minutes plus tard. L'édile, affecté par cet épisode pour le moins fâcheux pour l'image de la ville, ne mâche pas ses mots : "On a été sali et on veut être blanchi. On a remis aux agriculteurs les rapports de la DDPP* depuis 2012 et il n'y a jamais rien eu à signaler. Il n'y a que les fainéants qui ne font pas d'erreur. On a observé 3 faux-pas sur 50 minutes de film. Si on a 30 rapports favorables pour un défavorable, ça ne vaut pas une fermeture. C'est du terrorisme de l'image. On a reçu des menaces, on a à faire à des sauvages", fustige-t-il, une main sur l'épaule du représentant de la chambre d'agriculture. Et de rappeler : "Certaines pratiques montrées sont issues de l'abattage rituel. S'il y a eu une faute de ce coté, il faut voir avec la mosquée de Paris".
Une délégation de représentants des différents corps de métiers monte ensuite dans le bureau du maire. Rapidement, tous trouvent un accord. "Je veux rouvrir le plus rapidement possible. L'enquête permettra de déterminer qui sont les responsables", conclut le maire devant les éleveurs.
Ultime étape pour des producteurs plus que jamais déterminés : l'Etat. Le cortège quitte donc la mairie pour rejoindre la sous-préfecture, parapluies et banderoles sous le bras. Une dizaine de camions bloquent l'entrée du bâtiment. Après plus d'une heure de réunion, la conclusion est pleine d'espoir. "On est satisfait. Tous ont la volonté de faire avancer le dossier. Une table ronde aura lieu le 13 novembre pour que l'abattoir rouvre dans les meilleures conditions. Il faut mettre tous les atouts de notre côté", sourit Jean-Louis Portal, président de la Fédération Départementale des Syndicats Exploitants Agricoles (FDSEA).
*DDPP : Direction départementale de la protection des population