ATTENTATS Discours de Hollande : les réactions des parlementaires gardois
Devant les députés et sénateurs réunis en congrès à Versailles, le chef de l'État a annoncé les premières mesures prises en réponse aux attentats du 13 novembre. Les parlementaires du Gard livrent leurs réactions.
François Hollande, chef de guerre. Hier après-midi à Versailles, c'est d'un ton martial que le président de la République s'est adressé aux 925 parlementaires. Un événement rarissime, à la hauteur de la riposte qui doit être engagée après les attaques terroristes de vendredi. Des attaques "qui cherchent à diviser notre nation (…) sans distinction de couleur, d'origine, de parcours, de religion", a insisté le Président, qui s'est voulu comme sa fonction l'exige, rassembleur.
État d'urgence, Charles-de-Gaulle et déchéance de nationalité
François Hollande a débuté son allocution en évoquant la situation de cette "France en guerre" contre ces "lâches assassins" que sont les djihadistes. Jeudi, les parlementaires sont appelés prochainement à prolonger l'état d'urgence pour trois mois. Objectif : permettre à l'exécutif de conserver des pouvoirs exceptionnels. Dans la nuit de dimanche à lundi, 168 perquisitions ont été menées conduisant à 23 interpellations et à la saisie de 31 armes. Cent quatre personnes faisant "l'objet d'une attention particulière des services du ministère de l'Intérieur" ont également été assignées à résidence. Mais François Hollande veut aller plus loin. Il souhaite renforcer l'état d'urgence en modifiant les articles 16 (déclaré en cas de péril imminent) et l'article 36 (utilisé pour l'état de siège) de la Constitution qui, selon lui, "ne sont plus adaptés à la situation que nous rencontrons". Une mesure que Les Républicains jugent inutile. Toujours sur le plan de la sécurité intérieure, l'exécutif compte créer 8 500 postes (5 000 policiers et gendarmes d'ici deux ans ; 1 000 douaniers et 2 500 dans l'administration pénitentiaire et les services judiciaires). Par ailleurs, François Hollande veut pouvoir déchoir de la nationalité française des binationaux condamnés pour terrorisme, y compris quand ces derniers sont nés sur le sol français. À la proposition du président Les Républicains Nicolas Sarkozy de placer un bracelet électronique sur les personnes assignées à résidence, François Hollande a laissé la porte entrouverte, préférant d'abord demander "l'avis du conseil d'Etat". Enfin, sur la question des les actions de la France contre les djihadistes en Syrie, le porte-avions Charles-de-Gaulle sera envoyé dès mercredi en Méditerranée orientale, "ce qui triplera nos capacités d'action" en Syrie. Sur le plan diplomatique, le chef de l'État rencontrera Barack Obama et Vladimir Poutine afin de rassembler tous ceux qui se battent contre Daech au sein d'une "grande et unique" coalition. Concernant le président syrien Bachar Al-Assad, François Hollande reste inflexible : "En Syrie, nous cherchons inlassablement une solution politique dans laquelle Bachar Al-Assad ne peut constituer l’issue".
Coralie Mollaret
Les réactions des députés et sénateurs gardois
Fabrice Verdier, député de la 4 circonscription du Gard : "La France est en guerre. (…) Les propositions faites par le Président de la République seront rapidement étudiées par les acteurs concernés, à commencer par un vote des assemblées dès cette fin de semaine. Nous avons et j'ai pleine conscience que le défi intérieur est multidimensionnel, à la fois économique, sécuritaire, social et citoyen. A la suite de François Hollande, et des présidents de groupes politiques, unis en ce jour, je tiens à réaffirmer que pour le relever, l'unité nationale ne doit plus être un vœu mais une nécessité absolue. Tous les acteurs de la vie sociale, les acteurs politiques en particulier doivent prendre la pleine mesure de ce que cela implique de responsabilité en actes et en paroles. Face à ces défis nous devons garder confiance. En vous, en nous, vos représentants et surtout en l'avenir qui est toujours une fenêtre ouverte vers l'espoir. Nous nous relèverons. Et nous vaincrons en même temps que la joie, la liberté, l'égalité et la fraternité triompheront de l'obscurantisme, de la violence, de la haine et de la barbarie".
Françoise Dumas, députée PS de la 1 circonscription : "J’apprécie le discours ferme, digne et déterminé du Président de la République. Au-delà de l’importance du discours sur les valeurs, le Président de la République, a fait une série d’annonces concrètes que j’accompagnerai et que je voterai parce qu’elles sont justes et à la hauteur des évènements. L’important est de faire évoluer la Constitution, afin de l’adapter à la lutte contre le terrorisme actuel sans recourir à l’urgence. C’est pourquoi, j’approuve l’approfondissement de l’article 36 de la Constitution sur la base des propositions faites par le Comité présidé par Edouard Balladur de 2007. Je me félicite de la création de postes supplémentaires Enfin, le renforcement de la lutte contre la cybercriminalité par le maintien de l’effectif des armées jusqu’en 2019 et une meilleure utilisation de la réserve nationale de Défense seront inscrits au projet de loi de finances pour 2016".
Patrice Prat, député PS de la 3 circonscription : "Le Président de la République a prononcé un discours empreint d’émotion et de détermination, d’unité et de rassemblement. Je retiens plusieurs décisions qui viennent renforcer l’arsenal législatif déjà en vigueur (Plan antiterrorisme, loi sur le renseignement…) : une révision constitutionnelle pour créer un régime juridique mieux adapté à notre situation actuelle ; une réunion avec les Présidents Obama et Poutine avec pour objectif de former une véritable coalition internationale contre le terrorisme ; l’intensification de nos frappes en Syrie ; la saisine de l’Union européenne pour engager la solidarité de nos partenaires… Ces annonces vont dans le bon sens. Pour autant, face à l’urgence et à la gravité de la situation, il faut aller plus loin. Une fois le temps du recueillement et de l’émotion passé, il faudra s’interroger sur les causes de ces drames avec, au premier chef, notre politique internationale au Proche et Moyen-Orient. Je participerai à cette réflexion que j’estime indispensable. Je constate ainsi une inflexion positive sur notre stratégie en Syrie vers davantage de dialogue avec nos partenaires américains et russes que je veux saluer".
William Dumas, député PS de la 5 circonscription : "J'ai trouvé le Président de la République, déterminé, fort et d'une grande lucidité. Cet après midi, la France était cette grande puissance européenne et mondiale qu'elle a toujours été en tant de guerre face à l'obscurantisme. Les réponses sont à la hauteur des attentes d'un Pays meurtri mais debout, qui doit faire face à un ennemi, redoutable, mais non invisible. Il a annoncé la création de plus de 8500 postes pour renforcer la sécurité intérieure et la justice. Les droits régaliens de notre Pays doivent trouver l'espace et les moyens nécessaire pour endiguer le terrorisme. Des annonces fortes, efficientes rapidement dont la révison de la constitution et la loi de 1955 sur l'Etat d'Urgence qui sera étudiée dès jeudi à l'Assemblée Nationale. En résumé, 'le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité'".
Christophe Cavard, député de la 6 circonscription : "Le Président de la République a exprimé sa détermination à lutter contre la barbarie et le terrorisme. Je vis ce congrès comme un moment solennel indispensable pour marquer cette unité. Nous avons pendant le deuil, qui durera par-delà ces 3 jours, une responsabilité : faire face et combattre la barbarie, sans aucune ambiguïté. Car si nous sommes en guerre, alors nous devons la mener fermement avec nos forces et nos principes démocratiques. C’est une guerre pour défendre la vie, la démocratie, la liberté, la laïcité, le droit de croire en ce que chacun(e) veut, et l’égalité. Cela nous amènera à voter dans les jours qui arrivent différentes lois annoncées par le Président de la République pour assurer tout à la fois la sécurité de nos concitoyens et leurs libertés. Parce que je travaille depuis deux ans sur les moyens de nos services de renseignement pour lutter contre la radicalisation et les filières djihadistes, je sais ce que nous avons à affronter, et nous ne devrons pas hésiter, au nom de l’Humanité".
Gilbert Collard, député de la 2 circonscription : "Lors du congrès, Hollande a été un peu Front National, c'est bien, mais hélas il est redevenu très vite Hollande: l'homme des vies et du temps perdus".
Jean-Paul Fournier, sénateur du Gard : "Une série d’orientations fortes ont été proposées. J’en ai pris acte et je les encourage désormais, mais elles devront immanquablement être complétées de mesures immédiates telles que l’isolement des radicaux en prison, la neutralisation des milliers de français partis faire le djihad en leur interdisant le retour ou en les enfermant une fois revenus, la fermeture des mosquées salafistes. J’attends, à ce titre, que les propositions de l’opposition soient entendues avec beaucoup plus de force que par le passé. L’unité de notre pays, rendue indispensable par l’ampleur de la tâche, ne se construira et ne perdurera en effet, au delà de l’émotion, que dans le respect. Or les événements tragiques qui viennent d’endeuiller notre pays ont révélé l’acuité et l’urgence de nombreuses propositions qui avaient été faites et auxquelles personne n’avait véritablement voulu donner suite. L’heure est venue de prendre notre destin en main et d’agir en conséquence".
Vivette Lopez, sénatrice du Gard : "Je suis bien entendu émue et impressionnée d’avoir vécu cet évènement historique en des circonstances aussi dramatiques et ce, après avoir traversé un Paris déserté où à chaque coin de rue nous avons pu ressentir le poids du deuil. J’ai apprécié que l’installation des parlementaires se soit effectuée par ordre alphabétique, sans distinction de parti. Face à la menace extrême qui pèse sur notre pays, notre attente, comme celle des français était forte. Le Président de la république se devait d’apporter des réponses concrètes devant la représentation nationale. Les mots de « république sécuritaire » ont été prononcés, je crois que les propositions des partis ont été entendues. Il s’agit maintenant d’être très vigilant quant à leur mise en application immédiate et déterminée afin de sécuriser la France, les français et ainsi répondre à la grande inquiétude de nos concitoyens".
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