ALÈS Le conseil municipal dit "non" à l'agglo à 75 communes
Hier soir, dans une ambiance survoltée mais acerbe, le conseil municipal alésien a donné - sans surprise - un avis défavorable au redécoupage intercommunal voulu par le Préfet du Gard. Seuls les deux élus PS ont voté pour.
Le débat n'a pas manqué de piquant hier soir dans la salle du capitole. 20h, le conseil municipal dure depuis deux heures et la nouvelle carte des intercommunalités arrive sur la table. Comme chaque commune du département, Alès doit donner son avis. Un avis que le maire Max Roustan ne cache pas depuis l'annonce du Préfet de créer une agglomération à 75 communes, regroupant Hautes-Cévennes, Pays Grand'Combien, Vivre en Cévennes et Alès Agglo.
En préambule, une fois n'est pas coutume, l'édile lit à haute voix l'ensemble de la délibération, contenant 17 points d'argumentation, dont celui de la fiscalité. "Le Pays Grand'Combien et Vivre en Cévennes ont respectivement 19 et 17 points d’impôts. Alès Agglo n'en prélève aucun. Les taxes seraient lissées et les habitants du territoire paieraient 2,3 millions d'€ supplémentaires, sans pour autant donner plus de ressources à la collectivité", soutient-il. Puis Max Roustan lance à la salle : "Le débat est ouvert !"
Il y a un hic. Si tous les conseillers municipaux ont à disposition les 25 délibérations du jour, aucun n'est en possession de celle lue par le maire. La faute fait mouche. "C'est un peu cavalier", ironise Benjamin Mathéaud, PS. "On ne peut pas voter dans ces conditions! Par ailleurs, vous ne nous donnez aucun chiffre précis. Le nombre de conseillers va être revu. Il y aura des ajustements, on ne sais pas lesquels", fustige Ghislaine Soulet, conseillère Front de Gauche. Loin d'être déstabilisé, le maire rebondit sans ménagement : "Ces chiffres, on ne les a pas non plus, on a dû se débrouiller ! Il y aura 121 membres pour 75 communes, et 12 vice-présidents au lieu de 45 aujourd'hui. Ils seront élus commune par commune et le nombre de conseillers alésiens ne bougera pas. Vous devriez vous renseigner au lieu de parler sans savoir!".
Puis les élus Front de Gauche se succèdent au micro avec le même argument : la "confiscation démocratique" et la "liquidation des communes". "Le président ne sera pas élu par les habitants. Pourtant, il agira sur la vie de leur cité. C'est un véritable problème. La collectivité perd de la légitimité", analyse Fabien Gabillon.
"Je serai largement réélu président !"
Enfin, vient la parole au PS. Si tous les autres élus sont contre la fusion des 75 communes pour des raisons différentes et souvent politiques, les élus socialistes - qui ont voté la loi NOTRe à l'origine du redécoupage - sont dans une position délicate. Jean-Claude Holdrinet étant traditionnellement absent, seul Benjamin Mathéaud prend la parole. "Vous ne voulez pas de communistes dans votre agglo. Vous parlez de catastrophe financière, prouvez-le ! Je veux dire aux habitants de Rousson, St-Julien-les-Rosiers et La Grand'Combe qu'ils sont les bienvenus. On a la même histoire minière, on ne peut pas leur fermer la porte", avance-t-il. Sur de lui, Max Roustan lâche dans un silence peu habituel : "L'argument politique n'est pas valable. Je serai largement réélu président. St-Julien et Rousson auraient effectivement dû être avec nous depuis longtemps. Ce n'est pas moi qui n'ai pas voulu d'eux".
L'avis défavorable est soumis au vote. Comme d'ordinaire, aucun élu de la majorité n'a pas pris part au débat, ni aucun des deux élus FN, qui jouent sans complexe les figurants depuis leur arrivée il y a un an et demi. Ghislaine Soulet (FdG) et Fabien Gabillon (FdG) s'abstiennent. Benjamin Mathéaud (PS) et Jean-Claude Holdrinet (PS) votent contre. Le reste des conseillers disent oui à la délibération. Un avis qui n'a qu'une valeur consultative pour la commission intercommunale de la préfecture du Gard, qui rendra sa décision en mars prochain.