Hier soir Marine Le Pen est venue soutenir Louis Aliot pour les régionales de dimanche en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Loin des enjeux locaux, les discours ont donné lieu à une critique acide du gouvernement après les attentats de Paris et Saint-Denis. 

Marine Le Pen a raison. Oui, "les Régions ne pourront pas contrôler les frontières ou arrêter la folle politique pénale", apanage de l'État et de l'Europe. Mais hier soir aux costières, le meeting censé soutenir Louis Aliot pour la présidence du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, s'est transformé en une satire de la politique nationale. Aucune proposition sur LoRdi, le TER à 1 € ou le développement économique qui est la compétence phare de la Région. Pourtant, ce ne sont pas les enjeux qui manquent dans le Gard* avec l'aménagement de la gare de Manduel ou l'aéroport Nîmes Garons toujours dans l'incapacité d'accueillir les long-courriers.

Attentats : "Nous avions lancé l'alerte", lance Collard

Les attaques terroristes de Paris et Saint-Denis ont été la pierre angulaire des discours. Pour l'heure, difficile de prévoir les conséquences électorales de ce sombre épisode. Si le Front National grappille des points dans les intentions de vote pour dimanche, d'autres sondages montrent un bond sans précédent de la côte de popularité de François Hollande (entre 20 à 35 de points supplémentaires). Pour inverser la tendance et tirer les marrons du feu, le FN cogne fort. Le député RMB (Rassemblement Bleu Marine) Gilbert Collard ouvre le bal des hostilités : "Puisqu'ils ont la permission des cimetières, ces abrutis (le gouvernement, NDLR) font tout ce que l'on avait dit". Traduisez : il aura fallu attendre les attentats du 13 novembre pour que certaines mesures sécuritaires du FN soient mises au goût du jour.

Les militants applaudissent à tout rompre. Ils sont nombreux : 3 000, selon le secrétaire départemental du FN du Gard Yoann Gillet (qui malgré les apparences n'est pas d'origine marseillaise mais bien bretonne). "Nous avions tout dit ! Nous avions lancé l'alerte. Mais on nous brocardait, on nous insultait. (…)", reprend de plus belle Gilbert Collard, "maintenant, gagner les régions c'est gagner la France, pour que ce pays redevienne celui de notre histoire, celui de mon père (…) Marine Le Pen est notre espérance".

Le maire de Béziers, Robert Ménard lui emboîte le pas : "Croyez-vous que c'est le nombre de lycées refaits qui vont intéresser les gens ? Le nombre de subventions attribuées ? Croyez-vous que ces sujets intéressent vraiment les Français ? Non ! Les Français ont faim de France, de nation". Vient au tour du principal concerné, Louis Aliot, de prendre la parole : "je ne vais pas faire de grands discours, Gilbert Collard et Robert Ménard m'ont mangé mon temps de parole". Le candidat a juste le temps de "demander la démission de Valls après les régionales" et cède la parole à la présidente du Front National, Marine Le Pen.

Marine Le Pen : "La charia prendra la place de la Constitution"

"Si nous n'éradiquons pas le totalitarisme islamique, le voile sera imposé à toutes les femmes, la charia prendra la place de la Constitution et la barbarie s'installera !", lance la présidente du Front National. Galvanisée par la foule, Marine Le Pen poursuit sur les migrants : "La submersion migratoire est un danger de mort pour le peuple (…) Combien d'Abdeslam Salah qui rentrent par la route des migrants ?". Pour le parti d'extrême droite : "Après le 13 novembres, rien ne sera jamais plus comme avant". Marine Le Pen a remarqué l'élan de patriotisme des Français "qui ont séché leurs larmes dans les plis des drapeaux tricolores. Des symboles jetés au ruisseau par l'UMPS. Mais à vouloir chasser la nation, elle revient au galop". Reste à savoir si ce galop s'élancera, dimanche, vers le Front National.

*Le Gard affiche 53 265 demandeurs d'emploi en octobre.

Coralie Mollaret