FAIT DU JOUR Régionales : la gauche victorieuse, la FN s'enracine et la droite déchante
Hier soir pour le second tour des Régionales, la gauche unie est arrivée en tête avec 44% des suffrages. Le Front National confirme son score du premier tour en récoltant 35%… Au grand dam d'une droite affaiblie avec 20%.
C'est officiel : le coeur de la région Languedoc Roussillon-Midi-Pyrénées continuera de battre à gauche, ces six prochaines années. Hier soir, à l'occasion du second tour des Régionales, la liste PS-PRG-Front de Gauche-EELV, conduite par Carole Delga est arrivée en tête avec environ 44% des voix. Bénéficiant des réserves de voix conséquentes, la gauche, unie, a également profité d'une mobilisation des électeurs. Dans le Gard, pour le second tour, le taux de participation a grimpé de plus de 10 points par rapport au premier tour, dimanche dernier.
Numéro 2 de la liste de Carole Delga, la candidate estampillée société civile Françoise Bons l'explique : "les abstentionnistes se sont mobilisés. Vous savez, lorsque l'on parlait aux gens pendant la campagne, on se rendait compte qu'ils ne voulaient pas du Front National au pouvoir (…) Ce n'est pas seulement le rassemblement de la gauche qui a fait la différence". Au micro de France 3, Damien Alary est "heureux d'avoir fait barrage au Front National". Seulement, l''ancien président du conseil départemental du Gard s'inquiète du score élevé du FN.
Le champagne du parti socialiste a donc un arrière goût : l'enracinement du FN. Au second tour,au niveau de la grande région, le parti de Marine Le Pen confirme son score avec 35% des suffrages. Dans le Gard, Louis Aliot (FN) arrive en tête avec 42,6 % des voix, contre 37,4% pour Carole Delga (PS) et 19,9 pour Dominique Reynié (Les Républicains-UDI). Alors ce soir, la conseillère régionale sortante Corinne Giacometti ne criera pas victoire : "le FN confirme son score du premier tour et parvient même à grappiller quelques voix : ce n'est plus un vote de contestation, c'est un vote d'adhésion".'
Lire aussi : GARD Satisfaits de leur victoire aux Régionales, le PS s’inquiète de l’enracinement du FN
Le FN ne remporte pas la Région mais…
Le FN ne remporte pas la présidence de la Région. Il demeure cependant une force en puissance sur l'échiquier politique régional. Moins de chiffres mais plus de voix donc plus d'élus. Une quarantaine, la conversion est belle et la multiplication par quatre du nombre d'élu satisfait à elle seule le FN. Mais ce qui est remarquable, c'est surtout le rejet total des politiques adverses marqué nettement par ses électeurs. Les élections hivernales ne refroidissent par conséquent qu'à moitié les responsables du parti qui n'a pas encore gagné mais qui voit son empreinte se dessiner sur la carte de la Région.
Louis Aliot, tête de liste régionale estime : "la gauche minoritaire est divisée mais elle va continuer à exercer la politique qu'on lui connaît. Notre progression en pourcentage peut paraître modeste mais elle est plus forte en nombre de voix. C'est un vrai système de collaboration qui ne durera qu'un temps". Avec le soutien de huit formations politiques pour aider la victoire de Carole Delga, le FN devient le parti ayant le plus grand nombre d'élus. Et oui, le Front étant seul dans la bataille, il n'aura qu'à négocier avec lui-même.
Gilbert Collard abonde et pense quant à lui qu'"il y a des victoires honteuses dont on ne veut pas mais aujourd'hui c'est une défaite victorieuse qu'on accepte. La coalition infâme est face à nous, le partie de la résistance. Nous progressons tout le temps, contre vents et marées, contre les crachats et nous restons fidèles à nos idées. Nous venons peut-être de gagner la présidentielle de 2017!".
Pour Julien Sanchez, tête de liste gardoise de Louis Aliot qui évoque une fusion électoraliste des Régions dans le but d'empêcher la victoire de son candidat si le Languedoc-Roussillon eut été indépendant, les choses sont claires. "Il y a 6 ans, nous n'étions pas au second tour en Midi-Pyrénées car nous ne faisions que 9%. Dans le Gard, nous sommes un peu comme le village d'Astérix qui résiste. Qui aurait dit il y a encore quelques mois que le FN serait à 40%?".
Lire aussi : REGIONALES Le Front National pense déjà à demain
Déception chez Les Républicains-UDI
Certainement pas Les Républicains qui espéraient être récompensés de leur ténacité. En ces périodes de fêtes, les cadeaux pourraient remplir les urnes mais au quartier gardois général du parti, sous le sapin illuminé, les paquets ne sont pas des cadeaux. Les restes fumants du journal de campagne encore ficelé (donc jamais distribué) rappellent l'intérêt porté par certains membres du parti à la tête de liste régionale Les Républicains-UDI Dominique Reynié.
Le grand perdant de la soirée voit "le vote FN permettre à la gauche de conserver le pouvoir. J'espère qu'elle et ses alliés vont s'entendre car ils sont face à une grande responsabilité et ils n'ont plus le droit à l'erreur. J'ai vécu une très belle campagne mais j'ai aussi reçu des coups bas. Nous ne devons pas nous habituer à tout, je refuse ces travers, j'ai combattu et je combattrai encore". Le combat des chefs a été âpre voire amer, celui des élections laissent le même goût d'inachevé et entend déjà le grondement du renouvellement. "La droite est en reconstruction mais si j'avais écouté certaines demandes, nous ne siègerons même pas! Nous aurons moins d'élus que ce que j'espérais mais la Région n'est plus ancrée à gauche, il y a eu un basculement".
Basculement oui. Mais pas forcément vers Les Républicains-UDI qui perdent ce soir lourdement. Pour Christophe Rivenq, la tête de liste gardoise, tout n'est pas à jeter. "On s'est battu, nous sommes allés à la rencontre des électeurs, nous n'avons pas d'érosion de voix et nous gagnons deux points grâce à notre maintien. 2016 sera une année importante avec notre primaire, elle préparera 2017 qui sera l'année des gros enjeux. En national, aujourd'hui, nous sommes à égalité avec la gauche".
La gauche peut-être apaisée remporte donc ces élections disputées. Le FN ne voit pas son capital augmenter fièrement mais son enracinement est bien réel. Ses électeurs rejettent les politiques au pouvoir et assument leur choix. Si le plafond de verre des 40% au premier tour n'est pas encore franchissable par le Front et si les chiffres et le nombre de voix confortent le parti dans une position de coude-à-coude, la finalité n'est pas au rendez-vous. Quelques voix échappées d'une droite maintenue ne suffisent toujours pas à faire du FN un parti de présidence.
Lire aussi : RÉGIONALES Les Républicains-UDI perdent le sourire
Anthony Maurin et Coralie Mollaret