FAIT DU JOUR À Nîmes, la vie nocturne se meurt (1/2)
Objectif Gard ouvre un dossier en deux parties sur la vie nocturne à Nîmes.
Législation toujours plus contraignante, circulation et stationnement difficile, l'activité économique nocturne du centre ville est à l'agonie. Quand certains tentent de trouver des compromis avec les riverains, d'autres militent pour un Nîmes "sans bruit."
Il y a la feria, la primafesca de la rue Fresque ou les Jeudis de Nîmes, sortes de parenthèse dans un paysage nocturne nîmois plutôt plat. Comme dans toute ville méditerranéenne, le cadre et la qualité de vie y sont brandis comme un étendard sur des guides touristiques. Pourtant, la multiplication de mesures restrictives tendant à transformer l’Écusson en un dortoir immergé dans le centre-ville, et le silence, passée les heures de bureaux, devient la nouvelle norme à laquelle les professionnels sont bien obligés de se plier.
Convaincus que l'activité nocturne favorise le développement économique d'une ville moderne, certains en ont fait un combat. C'est le cas de Matthieu-Emile Jaussaud, président depuis trois ans de l'association La Boite à Outils, réseau d'amateurs et de professionnels de la musique électronique. "La loi du silence s'est généralisée. On ne peut pas mettre d'un côté ceux qui veulent dormir, et l'autre, ceux qui veulent faire la fête. Le défis, c'est de vivre ensemble en bonne intelligence, et cela nécessite d'être ouvert et de tolérer les autres." Nîmois d'origine, passé par Paris et désormais résidant à Montpellier, il réclame une instance de médiation entre riverains mécontents, professionnels et collectivités. "Il faut éviter que chaque problème se termine dans le judiciaire."
En face, le collectif Nîmes sans bruit présidé par Henri Peyre pointe du doigt la musique amplifiée avec les portes ouvertes, se répercutant dans les habitations voisines. Et le décret de 2006 sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, mis en vigueur depuis janvier 2008, n'arrange pas les choses. "Les gens sortent fumer une cigarette devant le bar, cela crée des nuisances. Un peu de civisme, ça évitera certaines crispations" explique Matthieu-Emile qui lance avec l'aide des étudiants en communication de la CCI, une campagne publicitaire avant l'été 2016 sur le respect et la prévention.
Nîmes ne fait pas figure d'exception. À Montpellier aussi, ville composée à 25 % d'étudiants et réputée pour ses bars et discothèques, les difficultés sont apparues après ce décret, mais sans trop affecter la vie nocturne. Au contraire, une politique globale des transports en commun a favoriser les flux à destination du centre ville avec les tramway ouvert jusqu'à 1h du matin. Un domaine où la capitale gardoise pêche littéralement. La ligne T1 ne relie que le centre ville au Cap Costières et oublie au passage les quartiers plus reculés. "Une mère isolée vivant à la zup, si elle veut se rendre à la féérie des eaux, elle ne peut pas" ajoute Matthieu-Emile. "S'il n'y a pas d'associations d'usagers de la nuit pour équilibrer les choses, alors il n'y a pas de démocratie".
Des concertations entre les acteurs de la ville sont régulièrement tenues avec le pôle santé de la ville de Nîmes qui a en charge les problèmes liés aux nuisances sonores. Avec la FEMAG, la Boite à Outils, l'Université de Nîmes et l'UMIH30, un diagnostic a été lancé et a débouché sur une enquête auprès des riverains et usagers.
À suivre, la réglementation inadaptée dans les bars, deuxième partie de notre dossier sur la vie nocturne à Nîmes.
Baptiste Manzinali