Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 16.12.2015 - elodie-boschet - 2 min  - vu 369 fois

ALÈS Conflit à l’hôpital : un salarié suspendu parce qu’il aurait voulu renverser un agent d’entretien

Franck est suspendu de ses fonctions depuis le 9 décembre. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Franck, chauffeur-livreur pour les cuisines de l’hôpital d’Alès, se souviendra longtemps de ce mercredi 9 décembre. L’homme a été suspendu de ses fonctions pour avoir, selon sa direction, « volontairement failli renverser » un agent d’entretien.

« Il était 9 heures ou 10 heures du matin, je rentrais de ma tournée. Au moment de me garer, l'agent d'entretien de la cuisine arrive face à moi. Je ralentis, je le laisse traverser et je poursuis ma manœuvre », se souvient Franck. Une scène de la vie de tous les jours complètement banale. Mais pas tant que ça… Dès le lendemain, Franck reçoit un courrier de la directrice des ressources humaines. Les nouvelles ne sont pas bonnes : on l’avertit qu’il est suspendu à titre conservatoire, qu’il doit restituer ses clés, ne plus se présenter au travail et qu’une procédure disciplinaire est lancée contre lui. La raison ? Il aurait « volontairement failli renverser », indique le courrier, un agent d’entretien tellement effrayé qu’il s’est vu prescrire un arrêt de travail d’un mois.

« La direction nous traite comme des chiens »

Mais Franck n’entend pas se laisser faire. Il se rapproche de deux collègues qui disent avoir été témoins de la scène. Dans un courrier envoyé à la direction, ces derniers assurent qu'il n'y a eu « aucun contact » entre le véhicule et l'agent. « Franck n'a jamais fait de mal à personne. On ne peut pas laisser notre copain de travail se faire dégager comme ça », témoigne Grégory, cuisinier-pâtissier. Pour prouver ses dires, Franck a demandé le visionnage de la vidéo qui surplombe le parking et a déposé plainte pour fausse déclaration.

Mais pour Franck et ses camarades, le véritable problème est ailleurs. Cet incident, un de plus à les écouter, est l’aboutissement d’une série de conflits liés à des conditions de travail « de plus en plus difficiles » avec les encadrants. « Ils sabotent notre travail. Les produits sont de très mauvaises qualités. Il y a des abcès de pus sur la viande. Et quand nous essayons de dénoncer ça, on nous répond que c'est de notre faute, nous les cuisiniers. La direction ne nous écoute pas, elle nous traite comme des chiens. Et comme par hasard, l'agent d'entretien qui aurait 'failli être renversé' est très proche du directeur de cuisine ! »

« Il aurait failli écraser une infirmière »

Le directeur de l'hôpital, Roman Cencic, ne nie pas « des difficultés relationnelles » dans le service. Au contraire. Il décrit une « ambiance détestable » et évoque des « règlements de compte entre des gens qui étaient copains et ne le sont plus aujourd'hui ». Mais sur la suspension du salarié, il n'est pas du même avis : « Il y a eu une autre affaire dans laquelle il aurait failli écraser une infirmière. Il a aussi fait un excès de vitesse avec le véhicule de service. Cet homme est peut-être un danger sur la route, donc il est aujourd'hui suspendu à titre conservatoire. Pendant ce temps, il continue d'être payé ».

En janvier, un audit sera effectué sur le fonctionnement interne dans les cuisines de l'hôpital. Quant à la qualité des produits, le directeur affirme avoir « mangé à plusieurs reprises du sauté de veau, sans jamais avoir été malade ». Rassurant. Sauf pour Franck qui, sauté de veau ou non, est aujourd’hui écœuré.

Elodie Boschet

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