FAIT DU JOUR À Nîmes, la vie nocturne se meurt (2/2)
Suite et fin du dossier sur la vie nocturne à Nîmes.
À une réglementation stricte et une loi anti-tabac qui favorise les nuisances sonores s'ajoute une intolérance au bruit de plus en plus fréquente dans le voisinage.
Samedi 5 décembre. Une soixantaine de personnes sont conviées à l'inauguration du CRIC, lieu culturel alternatif qui fait ses premiers pas rue Balore. Un groupe electro-rock est programmé pour l'occasion, tôt, à 21h, pour ne pas s'attirer les foudres des habitants du quartier. Pourtant, il n'en faudra pas plus pour que la petite fête soit interrompue par la police à 22h30. Une semaine plus tard, l'association avance l'heure d'un concert à 19h30, mais rien n'y fait. "Je ne m'attendais pas à ce que cela soit autant restreint. Pour une ville qui a l'ambition de se dynamiser par la culture, tout cela ne va pas aider" constate Charlotte Caragliu du CRIC. D'autres se sont frottés à ce genre de mésaventure depuis longtemps déjà. À Nîmes, l'Université se développe et accueille chaque année de plus en plus d'étudiants avides de rencontres, de culture, de découverte. Mais ils se confrontent à une population qui ne tolère plus le bruit, et idéalise un centre-ville silencieux à la nuit tombée.
Les statistiques de l'INSEE démontre que l'âge moyen de Nîmes Métropole, fixé à 39,7 ans en 2010, ne cesse d'augmenter et devrait atteindre 42,2 ans d'ici 2030. L'une des raisons évoquées, l'héliotropisme notamment. "On est en centre ville, dans tous les cas il y aura toujours des gens devant les bars estime Céline Cools, gérante de l'Instant T. Il faut expliquer aux résidents qu'une médiation est nécessaire". Son bar respecte les normes qui imposent un niveau sonore maximum de 85 db. "On pourrait monter à 95 db en réalisant des travaux d'insonorisation, mais c'est trop coûteux". Au lieu de ça, elle a investi dans un limiteur et contrôle le volume surtout pendant la feria.
En dehors de cette période, la marge de manœuvre est réduite à néant. D'ici janvier 2016, une nouvelle brigade de nuit de six policiers municipaux supplémentaires a été recrutée pour parader de 21h à 7h du matin. Une amélioration en matière de sécurité, mais qui pourrait augmenter les sollicitations de riverains se plaignant de nuisances sonores. "Si le Préfet répond à toutes demandes et plaintes, plus rien ne peut exister sur un territoire" estime Délio Sanchez, gérant du Café Olive et ex-candidat sur la liste EELV de Christophe Cavard. Mais la loi est floue et n'indique pas le niveau sonore autorisé. "Cet été, un client téléphonait en terrasse. Des voisins se sont plaints du bruit engendré. On parle juste de bruit, mais c'est quoi le bruit ? Ce n'est même pas défini" ajoute la gérante de l'Instant T.
Au delà de la volonté des associations et des commerçants de faire vivre un centre ville aux atouts indéniables, les solutions sont aussi politiques. D'ici un an, la ligne T2 fera son apparition, et entraîne avec elle son lot d'interrogations : 700 places de parking sacrifiées, au profit de flux tournées essentiellement vers les zones commerciales en périphérie.
Baptiste Manzinali