GARD Laurent Burgoa : "la droite a un droit de vie ou de mort sur le Département"
Divergences au sein du groupe, rétropédalage et éviction de leur collaborateur… Le président du groupe d'opposition Le Bon Sens Républicain Laurent Burgoa revient sur une année 2015 tumultueuse.
Objectif Gard : Taxe sur l'électricité, subventions des syndicats ou renvoi de votre collaborateur… Différents sujets ont bousculé votre groupe. Quel regard portez-vous sur l'année écoulée ?
Laurent Burgoa : Ce n'est pas simple. Aujourd'hui l'opposition au Département n'est plus dans la même configuration que celle de la précédente mandature : la droite est le deuxième groupe avec 20 élus sur 46 (dont 22 élus à gauche et 4 FN). Nous sommes en majorité relative, de notre vote dépend le sort des délibérations. Quant à moi, en tant que président de groupe, je n'ai rien à imposer à mes conseillers départementaux. Mon rôle est d'animer les débats pour aboutir au consensus.
Animer les débats ? Quand on est président de groupe, ne faut-il pas plutôt imposer ses décisions ?
Non, pas au Département. Les conseillers départementaux n'ont pas été élus sur une liste mais sur des territoires. Par contre, là où je suis intransigeant c'est lorsqu'une décision est prise : il ne faut pas revenir en arrière.
Vous dites ça, mais en ce qui concerne les syndicats, vous avez rétropédalé…
Ça ne marche pas toujours, c'est vrai. Mais j'espère que l'on fera ce genre de chose le moins possible.
Laurent Burgoa : "Je ne suis pas un dirigiste"
Toujours sur le dossier des syndicats, votre groupe s'est abstenu à l'exception de deux élus. Y-a-t-il une liberté de vote, à présent, au sein du Bon Sens Républicain ?
Sur certains dossiers, plus sectoriels comme les syndicats ou le Pont-du-Gard, je n'y suis pas opposé. Mais en ce qui concerne le vote du budget ou la fiscalité, nous devons préserver notre unité. Attention à ne pas perdre notre âme : nous avons été élus sur un programme et sur une étiquette politique avec des valeurs.
Si petite soit elle, cette liberté de vote fragilise votre rapport de force avec l'exécutif, non ?
Chacun prendra ses responsabilités. En politique, le plus difficile n'est pas d'être élu, mais réélu.
L'éviction de votre collaborateur et ex-directeur de campagne Anthony Belin est un échec pour vous?
Le souci était de privilégier l'unité de groupe (certains élus de Nîmes, de Saint-Gilles et d'Alès menaçaient de scinder le groupe si ce dernier était maintenu dans ses fonctions, NDLR). Aujourd'hui, il faut que tout le monde mette de l'eau dans son vin. Moi, je ne suis pas un dirigiste. Je cherche la cohésion du groupe. Il faut penser à l'intérêt général des Gardois et non à l'intérêt particulier.
Il y a tout de même un problème de fond dans votre groupe : une partie de vos élus (non-nîmois) n'apprécie pas que le sénateur-maire de Nîmes s'ingère dans les affaires du Département. D'autres, ne reconnaissent que Jean-Paul Fournier comme véritable patron… Comment avancer ?
Il faut arriver à un consensus. Jean-Paul Fournier, en tant que secrétaire départemental Les Républicains, est notre chef. Avec plus de 150 000 habitants, Nîmes est la première ville du Département. Mais n'oublions pas les 700 000 autres Gardois. Début janvier, les élus de notre groupe rencontreront Jean-Paul Fournier à la permanence au Quai de la Fontaine.
Budget 2016 : gare au "vote sanction"
Actuellement, vous préparez le budget 2016. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
La semaine dernière, Thierry Procida, président du groupe UDI et Indépendants, et moi-même avons rencontré le président PS du Département, Denis Bouad. La situation financière est compliquée : il nous manque 20 M d'€ pour boucler le prochain exercice. Pour nous, il est hors de question que la collectivité augmente ses impôts, elle doit faire des économies en se recentrant sur ses compétences obligatoires. Enfin, notre groupe présentera un projet par canton. Si ces derniers ne sont pas retenus, nous sommes susceptibles de sanctionner.
De sanctionner, c'est-à-dire ?
Nous sommes en majorité relative. La gauche ne peut plus gouverner seule, sans tenir compte de nos avis et des électeurs que nous représentons. De la position de notre bras, dépend l'avenir de la collectivité… La droite a un droit de vie ou de mort sur le Département. C'est le même processus que Ponce Pilate (sourire).
Quels projets souhaitez-vous que le Département finance ?
Par exemple sur Nîmes, il y a le Musée de la Romanité pour lequel nous attendons une aide qui ne doit pas être inférieure à 5 M d'€. Sur le canton d'Aigues-Mortes, il y a le financement d'une école de voile du Grau-du-Roi et sur Alès, nous souhaitons soutenir l'abattoir pour ses travaux de réhabilitation à hauteur de 150 000 €. Cet abattoir est le seul sur le Gard, d'ailleurs il faudrait pourquoi pas, penser à la gérer sous la forme d'un syndicat mixte au lieu d'une régie municipale.
Vous dites que le Département doit se recentrer sur ses compétences. Mais financer le Musée de la romanité ne dépend pas vraiment de ses prérogatives…
Ce projet participe au développement économique du territoire au travers du tourisme. Cela permet de lutter contre le chômage, de créer de l'emploi et par conséquent, de diminuer les dépenses sociales.
Associations : la droite propose de baisser les subventions
Vous proposez beaucoup de dépenses. Au niveau des économies : que proposez-vous ?
Nous devons diminuer les frais de fonctionnement. Demain se tient la dernière réunion des audits, nous verrons les différentes propositions. Pour nous, la conseil départemental doit faire des efforts. Denis Bouad a proposé de supprimer une centaine de postes, c'est très bien. Il faudrait pourquoi pas supprimer des jours fériés ou faire moins de ponts. Il faut également diminuer la subvention de 2,5 M d'€ que le Département verse au Pont-du-Gard. Nous pourrions également diminuer les subventions aux associations culturelles et sportives, dont le budget représente tout de même 16 M d'€.
Pas certains que cette dernière proposition trouve un écho favorable chez les communistes…
Tout le monde doit faire des efforts. À Denis Bouad de tenir sa majorité dans sa politique du compromis. Si le budget est retoqué, la collectivité passera sous la tutelle du préfet avant l'organisation de nouvelles élections. Dans le contexte actuel, je pense que nous avons plus à y perdre.
Propos recueillis par Coralie Mollaret