JUSTICE Julien Sanchez jugé pour discrimination : « Les commerçants pourraient être bouddhistes, ce serait pareil »
Hier, en fin d’après-midi, le maire de Beaucaire Julien Sanchez était jugé devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour « discrimination » auprès de six commerçants maghrébins du centre-ville. Les 16 et 17 juin derniers, l’édile avait pris deux arrêtés interdisant l’activité « des épiceries, primeurs et commerces de distribution » à partir de 23h.
18h10 ce jeudi 7 janvier. Après plus de quatre heures d’attente, le dossier de Julien Sanchez est examiné par le président Jean-Pierre Bandiera. La salle d’audience est encore pleine même si certains spectateurs, présents à 14h, n’ont pas pu rester. Trois des six plaignants ont également quitté le palais de justice. Le maire de Beaucaire, lui, est toujours là et s’avance à la barre. Il assure rapidement que ses arrêtés ne visaient aucune population en particulier :
- C’est ridicule comme accusation ! Je me contrefous de l’appartenance religieuse de ces commerçants. Ils pourraient être bouddhistes, ce serait pareil. Et comment je peux la connaître ? Comment je peux deviner votre appartenance religieuse, M. le président ?
Khadija Aoudia, l’avocate des six plaignants, n’est pas du même avis. Elle énumère les noms et prénoms de ses clients et ironise :
- C’est vrai qu’on peut avoir un doute.
Elle persiste :
- Le jour de la délivrance de l’arrêté, c’est le premier jour du Ramadan. Il y a des amalgames en fond de toile.
Et signe :
- Vous n’avez apporté aucune preuve des nuisances. Si les arrêtés ne sont pas fondés, c’est que la cause est ailleurs. La réelle motivation inavouée est une discrimination.
Autre son de cloche pour le conseil du maire de Beaucaire, Maître Sylvie Josserand. Selon elle, le maire n’a pas à « se justifier » quand il prend un arrêté. Et à son tour, elle cite les noms de trois commerçants « d’origine européenne », visés par les arrêtés, qui n’ont pas déposé plainte.
- Venir dire qu’il n’y a que des commerces d’origine maghrébine visés par les arrêtés, c’est archi faux. C’est un combat politique.
Avant d’envoyer :
- Je signale enfin que ces arrêtés n’ont jamais été respectés par les commerçants. Et maintenant, ils demandent un préjudice de 5 000€. Tous les mêmes préjudices ! Mais que la fête continue, surtout ne vous gênez pas. C’est un délit bidon.
A 20h, après deux heures d’audience - le tribunal correctionnel de Nîmes n’est touché par aucun arrêté interdisant son activité après une certaine heure – le président Bandiera a mis la décision en délibéré au 10 mars prochain.
Tony Duret