FAIT DU JOUR Audits : une nouvelle ère pour le Gard ?
La préparation du budget 2016 de Denis Bouad (PS) laisse entrevoir des économies de fonctionnement. Celles-ci doivent, selon l’audit financier, se pérenniser pour permettre au Département de poursuivre ses actions.
Denis Bouad a voulu jouer « la transparence ». Hier après-midi, sous les dorures de l’Hôtel Mouret, le socialiste a livré les résultats tant attendus des trois audits du Département : financier, organisationnel et patrimonial. Réalisé par le cabinet Ressources Consultant Finances, l’audit financier est de loin le plus intéressant. De 2008 à 2015, il analyse froidement : charges, dépenses, recettes et investissements d'une collectivité qui pèse près d’1 milliard d’€.
Le premier enseignement de cette étude abonde dans le sens des politiques : le Département est victime « de l’effet ciseau » : des dépenses sociales en hausse combinée une baisse des dotations de l’État (11 M par an jusqu’en 1017) qui grèvent ses finances. Les experts sont unanimes : « l’effort demandé aux collectivités n’est pas compatible avec le fait que les dépenses de solidarité sont en progression sensible ».
Lire aussi : DÉPARTEMENT Les coulisses des négociations autour du budget 2016
Une épargne grignotée par la dette
En 2016, pour présenter un budget à l’équilibre, le Département doit trouver 25 M d’€. « Par chance », un artifice budgétaire a permis d'économiser 10 M et 4,5 M ont été débloqués exceptionnellement par l’État. Mais la chance ne suffit pas. Dans leur analyse, les experts s’inquiètent de la gestion « au fil de l’eau » du Département.
L’audit relève une épargne « extrêmement réduite » du Département en raison notamment des annuités de la dette. Ces dernières années le Gard a souhaité maintenir un taux élevé d’investissements (environ 130 M). Seulement, avec la hausse des dépenses obligatoires, les exécutifs ont eu recours à l’emprunt : « depuis 2011, les annuités de la dette ont progressé de 28 à 44 M ».
Cette constatation n’est pas un secret. La volonté de maintenir un haut niveau d’investissement a toujours été porté haut par Damien Alary puis Jean Denat. Aujourd'hui, les dépenses en équipement généreraient « jusqu’à 7 500 emplois indirects dans le Gard », selon le Département. Toutefois, au vu du contexte actuel, le cabinet conseille au Département de changer de braquet en engageant « des mesures d’économies drastiques ».
Engager des économies « drastiques »
Si le mot « drastique » n'est guère apprécié du président Bouad, ce dernier s'oriente sur le chemin des économies : en 6 mois, 1 M d'excédent budgétaire a été dégagé (relire ici). Le budget 2016 devrait contenir de nouvelles économies, inspirées notamment des autres audits : organisationnel et patrimonial. Avec 3 M d’€ de loyers par an et 150 bâtiments dont il est propriétaire, le Département s’est lancé dans une « réorganisation » plus efficiente. Par exemple : le Mas des Abeilles devrait être racheté pour 3, 8 M quant le bail de la MDPH, renégocié, devrait diminuer de 36.65 % et accueillir la direction de l’autonomie.
Lire aussi : FAIT DU JOUR En période difficile, le Département lance un audit de son patrimoine
Enfin, l’audit organisationnel a relevé un taux élevé d’encadrement et préconise le non-remplacement de 100 départs à la retraite sur les 120 annuels. Seulement : « il n’est pas question de toucher au personnel qui reçoit du public. On essaiera de ne pas remplacer 70 départs (sur les 5 ans à venir), mais cela demande de la mobilité interne et de la formation », assure Denis Bouad, pour qui, un gestionnaire se substituera jamais à un politique.
Coralie Mollaret