CÉVENNES Pollution minière : trop d'arsenic et de cadmium pour 46 habitants
Ce jeudi, le Préfet du Gard a dévoilé les premiers résultats de l'étude sanitaire menée auprès des habitants de cinq communes des Cévennes, concernées par des pollutions minières. Sur 675 personnes dépistées, 46 ont révélé des taux de présence de cadmium et d'arsenic "supérieurs aux seuils d'intervention".
Le sujet prend de l'ampleur et la préfecture du Gard change de stratégie. Plutôt que de se murer dans le silence, au risque de laisser ses détracteurs prendre la main, elle préfère désormais maîtriser sa communication. Elle a donc décidé de convoquer la presse ce matin, pour dévoiler les résultats partiels de la surveillance sanitaire menée en Cévennes à l'automne dernier.
2849 habitants sont concernés sur cinq communes situées sur d'anciens sites miniers de plomb et de zinc : Générargues, St-Félix-de-Pallières, Tornac, St-Sébastien-d'Aigrefeuille et Thoiras. "La zone a été définie en fonction des concentrations relevées dans les sols par une étude de l'expert Géodéris en 2006", rappelle Philippe Choquet, chef de l'Unité Territoriale de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL).
Taux trop élevés de cadmium et d'arsenic
Prise de sang, analyse d'urine et questionnaire, 675 personnes se sont déplacées gratuitement pour évaluer la présence de plomb, cadmium et arsenic, dans leur organisme. Deux mois plus tard, les résultats partiels montrent une présence trop élevée de cadmium et arsenic chez 46 personnes, dont des enfants. Trop tôt cependant pour dévoiler des chiffres ou des tendances précises. "Ce n'est qu'un bilan biologique. Les questionnaires n'ont pas encore été explorés, et ils sont nécessaires pour tirer des conclusions", insiste Franck Golliot, épidémiologiste à l'INVS (Institut de veille sanitaire). Et de justifier : "Parmi les personnes concernées, certaines sont là depuis peu de temps, d'autres n'y habitent plus. Il faut aussi regarder si elles ont eu un contact avec l'un des métaux lourds dans leur travail ou par leur nourriture. Le cadmium est par exemple présent dans les légumes et les poissons".
Les résultats complets devraient être annoncés dans les semaines à venir. En attendant, ceux dont le taux dépasse les valeurs de référence définies par l'INVS, ont été individuellement contactés par l'Agence régionale de santé. "Ils bénéficieront d'un suivi médical personnalisé auprès des spécialistes du CHU de Nîmes, en lien avec leur médecin traitant", souligne Monique Cavalier, directrice de l'ARS. Tandis que l'arsenic est un toxique cancérigène, le cadmium atteint les reins s'il est ingéré en trop grande quantité.
Poursuite du dépistage
Deuxième mesure : le dépistage va être remis en place à partir du 15 février tous les mardis et jeudis après-midis dans la salle communale de Générargues. "Ça nous a été demandé par les élus, on s'y attendait. Ça permettra d'élargir la représentativité de l'échantillon final", argue Monique Cavalier.
Un point de vue partagé par François Simon, docteur à St-Félix-de-Pallières et fervent défenseur d'une dépollution des terres contaminées. "D'autres personnes sont certainement touchées, ça va compléter ce qui a été engagé. C'est une bonne chose". Le militant reste toutefois prudent : "Les résultats présentés confirment ce que l'on redoutait. Mais il est difficile de se prononcer, car peu d'études du genre ont été menées. Quoi qu'il en soit, celle-ci restera insuffisante, il faudra mener une véritable étude épidémiologique sur les liens entre pollution et maladies", conclut-il.
Pratique :
Pour toute information complémentaire, contacter la permanence au 04 67 07 21 75, ou envoyer un mail à ars-lr-carnoules-pallieres@ars.sante.fr
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