Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 16.03.2016 - tony-duret - 4 min  - vu 8890 fois

L’ENQUÊTE (3/4) Disparition de Lucas : les trois pierres manquantes...

Lucas DR

Le 18 mars 2015, Lucas, un adolescent de 15 ans vivant à Bagnols-sur-Cèze, a disparu. Début février, Eric et Nathalie Tronche, ses parents, ont accepté de nous aider dans notre démarche consistant à revenir sur les lieux, rencontrer les proches, les voisins, les témoins et comprendre un peu mieux les circonstances de la disparition du jeune homme. Voici le résultat de notre enquête.

La fugue

Dès le début, c’est cette piste qui a été privilégiée par les enquêteurs. Il faut dire que les circonstances de la disparition (relire ici) sont en faveur d’un départ volontaire de l’adolescent. Cependant Lucas, bon élève, décrit par ses parents comme gentil — « parfois trop », ajoutent-ils — n’avait aucun problème apparent qui pourrait justifier une envie de départ. « Ça nous semble improbable vu l’esprit de Lucas, sa gentillesse », nous déclaraient Eric et Nathalie Tronche un mois après la disparition de leur fils, en avril 2015. De plus, Eric Tronche ne voit pas quand son fils aurait eu le temps de préparer un départ : « quand on reconstruit le planning de Lucas, il fait école-domicile et domicile-école, il n’est jamais seul, et ne cherche pas à se libérer du temps. » Les chiens policiers ont flairé une piste dans la forêt proche du domicile des Tronche quelques jours après sa disparition, mais « il faut trois heures à pied pour faire le tour de cette piste, et il n’a pas trois heures seul lors des quinze derniers jours », précise Eric Tronche.

Un temps, la piste d’un jeu consistant à survivre en pleine nature sur le modèle de l’émission de télévision « Man vs Wild » a été évoquée, Lucas étant scout et proche de la nature. Or, le fait qu’il ait laissé son couteau fétiche et qu’il n’ait pas emporté de sac de couchage met à mal cette théorie.

D’une manière générale, si le départ de Lucas de la maison le mercredi 18 mars entre 17h10 et 18 heures semble volontaire, les éléments matériels ne plaident pas en la faveur d’une fugue prolongée. Outre le couteau, Lucas a laissé ses clés et son argent liquide.

Mais en octobre, un message anonyme envoyé à RTL suite à la diffusion de l'émission « L'heure du crime », sème le doute. Ce message, à prendre avec beaucoup de pincettes, laisserait entendre que Lucas serait sain et sauf. Selon Eric Tronche :« ce message indique que Lucas va bien, que quelqu'un serait avec lui et que ce ne serait pas quelqu'un de mauvais ».

Le rendez-vous

Autant d’éléments qui pourraient conduire à penser à un rendez-vous qui aurait mal tourné. C’est d’ailleurs vers cette hypothèse que Rachid Ghamri, un ami proche de la famille Tronche qui enquête depuis un an sur la disparition de Lucas, penche. Restent plusieurs inconnues : dans ce cas, qui Lucas devait-il voir ? Et pour quelle raison ?

Les pierres disparues

Piqué de géologie, Lucas collectionnait les pierres. « Il lui arrivait de partir pour aller chercher des cailloux », se souvient Nathalie Tronche. En décembre 2014, Lucas commence à ramasser des pierres étranges, lourdes et aimantées. L’adolescent pense avoir mis la main sur des météorites. Il se fabrique un instrument composé d’une ficelle et un puissant aimant lui permettant de ramasser ces étranges cailloux : « il en avait des kilos », note Eric Tronche, sachant que le prix du kilo de minéral extraterrestre varie entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d’euros. Sauf qu’en réalité, le père a découvert qu’« il s’agissait de scories de forge médiévale. » En clair, la valeur des scories serait de quelques dizaines d’euros tout au plus. Cependant, « pour nous il en manque trois », affirme la mère, « les plus polies » précise le père.

Peu avant sa disparition, Lucas aurait été vu devant le stand d’un homme revendant des pierres sur le marché de Bagnols. Nous avons tenté de rencontrer ce vendeur en question, qui ne semble plus faire le marché de Bagnols et aurait quitté la région.

L’accident de chasse

Cette piste a été évoquée rapidement par Eric Tronche lors de notre première entrevue. Nous avons donc contacté le président de la société communale de chasse de Bagnols Sauveur Obino. En 2015, la chasse au sanglier avait été prolongée jusqu’au 31 mars, et il y avait des battues à proximité du quartier Saduran, où a disparu Lucas. Quand on demande à Sauveur Obino s’il a pensé à l’accident de chasse dans cette affaire, le chasseur répond qu’« au début peut-être, mais maintenant non, les bois ont été fouillés. Une balle perdue, on s’en serait aperçus. Quand il y en a un qui tire, il y en a toujours un autre pour demander sur quoi on a tiré, et on est rarement seuls à la chasse. » Pour autant, Sauveur Obino rappelle que « le risque zéro n’existe pas. » Quant à savoir si un chasseur de sa société de chasse n’est plus revenu depuis le 18 mars, « je n’en vois pas, mais jusqu’ici personne ne m’a posé cette question. »

Ces hypothèses ne sont pas les seules. Retrouvez la suite et la fin de notre enquête à 19 heures.

Voir ici l'avis de recherche de Lucas

Tony DURET & Thierry ALLARD

Tony Duret

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