FAIT DU JOUR Affaire Bouvet : Jean Denat passe à l'offensive
Il gardait le silence depuis plusieurs mois là où beaucoup s'agitent. Le premier fédéral PS, Jean Denat, revient en exclusivité pour Objectif Gard sur l'affaire Bouvet. Serein, déterminé, le maire de Vauvert compte bien récupérer la totalité de la somme détournée. Explications...
Objectif Gard : Dans quel état était la fédération à votre arrivée il y a un an ?
Jean Denat : Quand la tutelle a pris la main, c'était un cadavre moribond, un grand corps malade. Organiser une nouvelle élection, en juin, a été le signe que le PS du Gard pouvait à nouveau fonctionner. Mais il y avait tout à faire, notamment sur le plan financier. Les dirigeants de l'époque (Stéphane Tortajada, NDLR) n'avaient pas été en mesure de fournir les comptes pour qu'ils puissent être validés par le national. C'était problématique…
Pourquoi ?
Si nos comptes ne sont pas validés, nous ne pouvons pas recevoir l'agrément de Solférino qui permet de percevoir les cotisations des adhérents. C'est important, parce que ces cotisations sont nos ressources qui servent à organiser des rencontres, des débats… Il a donc fallu tout revoir et c'est seulement en novembre 2015 que nous avons retrouvé cet agrément.
Parti Socialiste : 188 000 € à récupérer
Vous évoquez les recettes, mais qu'en est-il des 188 000 € de dommages et intérêts que vous doit Nathalie Bouvet*, l'ex-comptable du PS condamnée en 2014 pour détournement de fonds ?
L'exécution du jugement a été lancée par la tutelle en avril 2015. Et depuis cette date, le PS demande son application. Alors, quand j'en entends certains dire qu'on ne bouge pas... (Nabil Kadri et Benjamin Mathéaud, NLDR). Et puis, je tiens à rappeler que la précédente équipe avait la possibilité entre avril et juillet 2014 de lancer les procédures… Et personne n'a rien fait.
La précédente équipe ? Vous parlez de l'ex-Premier fédéral, Stéphane Tortajada. Mais avec la mise sous tutelle, il n'a peut-être pas eu le temps de le faire...
En respectant le délai d'appel d'un mois, ça lui laissait un mois et demi pour le faire. Alors moi, je ne juge ni ne vise personne et je ne tiens pas à les accabler. Seulement, ces personnes-là ne peuvent pas s'exonérer de tout.
Aujourd'hui, où en êtes-vous du recouvrement de la dette ?
Deux cabinets d'avocat ont été mandatés, dont un basé à Nîmes. Certains des biens de madame Bouvet ont été saisis. Aujourd'hui, nous sommes au milieu de la procédure. Un juge d'exécution des peines doit prochainement se prononcer sur leurs ventes. Il faut rappeler que cette procédure dépend du calendrier de la justice et pas de nous.
Affaire Bouvet : l'extension des responsabilités
Au pénal, Nathalie Bouvet a été condamnée à 188 000 €. Seulement, le détournement total est estimé à 377 000 €. Dans son jugement, le tribunal invite la fédération à poursuivre la banque de Mme Bouvet (BNP Paribas) et l'expert comptable (cabinet 2AB) pour récupérer la somme restante…
C'est exact ! Comme l'explicite le jugement, Nathalie Bouvet doit indemniser la fédération pour les années 2007 à 2010, c'est ce que je viens de vous expliquer. Pour les années 2011-2012, la justice a considéré que les organes de contrôle ont été défaillants et c'est sur ce point précis que nous espérons récupérer le reste de la somme. Quand j'entends que Fabrice Verdier est mis en cause, ce n'est pas possible puisqu'il n'était plus à la fédération dans les deux dernières années visées.
Concrètement, qu'allez-vous faire ?
J'ai pris un avocat nîmois (Me Hugo Ferri, NDLR) et j'ai envoyé avant-hier un courrier de mise en demeure à la banque et à l'expert comptable pour une procédure à l'amiable.
Pourquoi seulement avant-hier ?
Parce que nous y travaillons depuis longtemps et, comme je vous l'ai dit, j'ai par ailleurs mené plusieurs combats de front.
Comment comptez-vous convaincre la banque et l'expert comptable vu qu'ils n'ont pas été condamnés par la justice ?
Ces structures ont des assurances sinistres pour gérer ce type de litige. Leurs avocats peuvent s'entendre sur une somme que chacun pourra donner.
Et s'ils refusent de payer ?
Et bien nous irons au tribunal, au civil.
Vous prenez un risque puisque, à leur tour, les banques et l'expert comptable pourraient pointer le manque de contrôle de la fédération…
Oui, c'est un risque éventuel mais ce n'est dans l'intérêt de personne d'aller en justice. C'est pour ça qu'on est dans une démarche à l'amiable. Si jamais, on devait finir au tribunal, je souligne que le trésorier de l'époque (Jean Grenier) et le Premier fédéral (Alain Teisseire) ne pourraient pas être poursuivis puisque dans la décision de justice, ce sont les organes de la fédération qui sont visées et non les personnes à titre nominatif.
Ça ne vous agace pas trop l'agitation autour de l'affaire Bouvet ?
Oh, vous savez, il y a tellement de choses qui pourraient m'agacer... Moi, je suis adepte de la force tranquille. Je préserverai toujours les intérêts de la fédération PS du Gard.
Propos recueillis par Tony Duret et Coralie Mollaret