FAIT DU JOUR Serge Alméras : « je suis le candidat de l’artisanat »
En octobre, 19 000 artisans sont appelés aux urnes pour élire le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisannat du Gard. Le sortant, Serge Alméras, est candidat pour un troisième mandat. Il fera face à son vice-président Henry Brin qui a refusé de participer à une liste commune.
Objectifgard : Vous êtes candidat pour un 3ème mandat. Quelles sont vos motivations ?
Serge Alméras : Je veux continuer à assumer les actions qui ont été mises en place. Par exemple, l’Institut de formation (21 M d’€) capable de nourrir, d’héberger et de former 800 apprentis. En novembre, je me verrai mal ne pas l’inaugurer ! Ce projet a demandé beaucoup de travail, de la part de tout le monde bien sûr, mais c’est moi qui l’ai porté. D’ailleurs aujourd’hui, mon premier souci : c’est le financement du fonctionnement.
C’est-à-dire ?
Nous devons rentabiliser au maximum l’outil, dont les charges de fonctionnement ont fortement augmenté. Chaque fois que l’on fait un acte de formation, nous décrochons des crédits. Il nous faut plein d’apprentis. L’année dernière, le personnel de la Chambre (180 salariés, NDLR) a téléphoné aux entreprises, qui n’ont jamais pris d’apprentis, pour les inciter à le faire. Il nous faut poursuivre ce type de démarche.
Quel bilan faites-vous de ces cinq dernières années ?
Quand nous sommes arrivés aux affaires : la chambre apparaissait comme une administration. Les artisans, n’ont pas le temps. Ils veulent des réponses immédiates quand ils appellent. Nous avons mis en place une plateforme d’accueil téléphonique, mail et physique qui fonctionne du feu de Dieu. On a fait pareil pour les enregistrements au CFE (Centre de formalité des entreprises) et au RM (Répertoire des Métiers). Le délai de réponse est passé de cinq semaines à 5 jours !
Comment aidez-vous les entreprises artisanales ?
Sur les 19 000 entreprises artisanales du Gard, la moitié n’a pas de salariés. Contrairement à la CCI, la CMA n’a pas le pouvoir de leur attribuer des subventions. Toutefois, nous pouvons mettre les entreprises en relation avec les banques ou la Région et les EPCI* qui ont la compétence développement économique. Notre objectif est d’apporter les services qui existent dans les grandes entreprises. Cela passe aussi par de l’aide au recrutement d’un salarié ou d’un apprenti…
Vous avez récemment perdu la présidence de la CMA de la grande Région. Cela ne pénalise pas votre candidature ?
L’avenir nous le dira. Mais quand même : le jour du scrutin, les électeurs du Languedoc-Roussillon ne s’étaient pas mobilisés, contrairement à Midi-Pyrénées (55 votants pour Languedoc-Roussillon contre 67 en Midi-Pyrénées). En plus, est venue se greffer la candidature surprise de l’Aude (ex-président de la CMA Languedoc-Roussillon). C’était impossible de gagner !
Quels sont vos nouveaux projets pour ce mandat ?
Le vrai enjeu de ce mandat, c’est la grande Région. On est passé d’un fonctionnement avec 5 départements à 13. Les élus régionaux devront définir le mode de répartition des ressources des Chambres. Le Languedoc-Roussillon a un modèle différent de celui de Midi-Pyrénées. Nous, nous fonctionnons sur le principe de la solidarité. Les 10 M d’€ de taxes récoltés sont reversés en fonction des projets de chaque Chambre. Or, en Midi-Pyrénées, c’est le nombre d’entreprises qui fait loi. Donc finalement celui qui est riche reste riche…
Vous avez proposé une liste d’union à votre opposant Henry Brin. Pourquoi ?
Aujourd’hui, 11 sur 13 présidents sont issus de la CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment). La CAPEB a intégré ma liste. J’ai proposé à Henry Brin et son allié Jacques Bourgade (soutenus par la FFB, Fédération Française du bâtiment), de faire une liste ouverte pour passer ce cap. Au début, c’était acté. Mais après, il y a des ambitions et des égos qui font que les choses ont capoté…
Et quelles sont les raisons de ce « capotage », selon vous ?
Il y a toujours eu une « guéguerre » du bâtiment, entre la Fédération Française du Bâtiment (raccrochée au MEDEF) et la CAPED (raccrochée à l’UPA). C’est d’ailleurs le seul corps de métier où il y a deux représentations ! On peut s’étonner de voir Henry Brin, zéro salarié, zéro apprenti, dans le camp des Bouygues, Carrefour, Auchan… Mais bon, passons… Tenez, j’imagine quelque chose qui n'est pas possible : Henry Brin remporte la présidence de la CMA en octobre. Il va arriver avec sa casquette FFB et, je le connais, c’est un homme très clivant… Je ne souhaite pas que notre territoire soit pénalisé. Si nous ne sommes pas intégrés dans la réflexion, on risque d’être les déshérités du système. Voilà le gros enjeu de ce scrutin !
*Établissement public de coopération intercommunale.
Propos recueillis par Coralie Mollaret