GARD RHODANIEN Centre d’excellence numérique, l’Ardoise éco fret… l’agglo présente ses grands projets
Une fois n’est pas coutume, la séance du conseil communautaire de l’agglo du Gard Rhodanien, qui se tenait hier soir à Laudun-l’Ardoise, s’est longuement prolongée après l’épuisement de l’ordre du jour.
C’est qu’après les trois questions, qui étaient plus des formalités qu’autre chose, le président Jean-Christian Rey a honoré la promesse faite lors du vote du budget il y a cinq semaines à Saint-Julien-de-Peyrolas.
Il a donc été procédé à une présentation en détail des quatre grands projets d’investissements de l’agglo, avec par ordre de présentation : l’aire d’accueil des gens du voyage de Laudun, la maison multi loisirs verts de Saint-André-de-Roquepertuis, le contesté Centre d’excellence numérique de Cornillon et le projet l’Ardoise éco fret.
L’aire d’accueil des gens du voyage de Laudun
L’agglo a choisi d’attaquer les présentations par un projet consensuel, « déjà bien avancé, au moins dans la réflexion », d’après la directrice du pôle des solidarités à l’agglo. En tout, 20 places de 75 mètres carrés chacune seront construites sur un terrain situé en bordure de la D240, entre Laudun et Saint-Victor-la-Coste, sur une emprise de 9 685 mètres carrés, pour un coût total d’un million d’euros (dont 200 000 euros de subventions).
Hasard du calendrier, le permis de construire du projet a été déposé hier. Huit mois de travaux seront nécessaires, et l’aire sera livrée en « avril-mai 2017 », a précisé la chargée du projet. A l’issue de la présentation, le maire de Lirac Stéphane Cardènes s’est assuré que « l’impact pour Laudun-l’Ardoise en matière de scolarité » avait été pris en compte : « Bien sûr, la base est qu’il y ait un arrêt de bus ou une solution scolaire à côté » lui a répondu Jean-Christian Rey, avant que le laudunois Serge Verdier ne rappelle que la commune avait déjà l’habitude de gérer cette situation, le terrain derrière le Forum étant régulièrement utilisé par des Gens du Voyage.
La maison multi loisirs verts de Saint-André-de-Roquepertuis
Autre projet consensuel, la maison multi-loisirs vise à résorber « une carence en lieux pour accueillir les gens sur une partie du Gard rhodanien qui concentre 80 % du tourisme », explique le directeur du pôle attractivité du territoire de l’agglo Daniel Michel.
Il a donc été décidé de rénover et réaménager l’ancienne école de Saint-André-de-Roquepertuis pour « accueillir 50 personnes » a précisé Daniel Michel. Un projet chiffré à 1,43 million d’euros, autofinancé à hauteur de 1,07 million d’euros.
Si le projet en lui-même ne fait pas débat, les élus vont devoir se pencher sur la gestion du lieu : « c’est une vraie question », reconnaît le vice-président délégué au tourisme et maire de Saint-André Michel Coullomb. « Ce serait plus intéressant avec une délégation », pour Stéphane Cardènes, un point de vue partagé par le maire de Tresques Alexandre Pissas : « c’est un beau projet, je serais plus pour une DSP (délégation de service public, ndlr), ça me paraît plus cohérent. » Affaire à suivre.
Le Centre d’excellence numérique de Cornillon
C’est LE projet, celui dont on parle depuis très (très) longtemps : le Centre d’excellence numérique (CEN), aussi connu sous le nom PER ou Scène Campagne. C’est au directeur de cabinet du président Guillaume Jarrié qu’est revenue la tâche de faire les présentations.
Guillaume Jarrié a démarré son exposé par les objectifs du projet, au nombre de dix, parmi lesquels « l’accroissement de la capacité économique », « le renforcement de la complémentarité des territoires », « le maintien et/ou la création d’emplois », « éviter le décrochage numérique » ou encore « accélérer l’accès et la pratique du très haut débit. »
Un projet qui a bien changé depuis l’esquisse initiale portée par feue ValCézard à partir de 2007. Un projet initial plus cher (7,5 millions d’euros) qui comptait un volet diffusion de spectacles, une halle de sports et un centre de loisirs, et qui a depuis été recentré pour « faire de l’axe numérique et économie numérique l’épicentre du projet, a affirmé Guillaume Jarrié. Aujourd’hui, c’est un projet de développement économique. »
Un projet qui va coûter 4,40 millions d’euros, subventionnés à hauteur de 1,11 million d’euros par l’Etat, 1 million d’euros par la Région et 800 000 euros par le Conseil départemental, sachant que seule cette dernière subvention n’est pas encore notifiée.
Guillaume Jarrié a ensuite enchaîné sur la fonction du bâtiment, sur laquelle « on a tout entendu. » Point de salle de spectacle tant décriée, mais un espace de co-working, une salle de télétravail, un fab-lab avec imprimante 3D, et une salle centrale, « un auditorium pour les conférences ou les séminaires, les répétitions de spectacles, les cours magistraux. » Bref, « sa vocation n’est pas d’être un lieu de diffusion d’œuvres culturelles, même s’il pourra l’être, mais un lieu de création. »
Tous ces espaces seront loués et commercialisés par l’Office de tourisme du Gard rhodanien — c’est en tout cas ce qui est discuté en ce moment — et le lieu serait géré par une équipe de cinq personnes.
Le maire de Saint-Nazaire Gérald Missour, opposant déclaré au projet, a pris la parole pour regretter qu’« on se retrouve à faire une présentation après des votes de budgets, il aurait fallu le faire bien plus tôt. » L’élu a ensuite répété qu’il était « partisan d’une priorité à l’accélération du déploiement de la fibre optique sur l’ensemble du territoire » avant de prédire des frais de fonctionnement « très importants sur le matériel informatique. » Sur ce point, Guillaume Jarrié a rappelé que la location des équipements serait privilégiée. Stéphane Cardènes regrettera pour sa part l’absence de compte d’exploitation.
Si les sceptiques ont été moins vindicatifs que par le passé, il reste improbable de les voir changer d’avis sur un projet qui doit sortir de terre début 2018.
L’Ardoise éco fret
Last but not least, le projet l’Ardoise éco fret, qui vise à développer une zone industrielle avec report modal notamment sur l’ancien site d’Arcelor-Mittal. En tout, le projet représente un espace de 310 hectares de foncier économique, dont 200 en foncier nouveau, en comptant le cœur de projet de l’espace de report modal, la friche d’Arcelor-Mittal, qui est embranché fer-fleuve.
Un site que le sidérurgiste est prêt à céder à l’agglo contre 1,5 million d’euros. Une acquisition indispensable pour que le projet de plateforme aboutisse, un projet qui ne compterait pas de port fluvial. « Je le regrette », déclarera le maire de Saint-Etienne-des-Sorts, défenseur de la voie fluviale devant l’éternel. « Le port existe, lui répondra le vice-président de l’agglo le laudunois Bernard Pasquale. Dans la phase 3, il y a des appontements prévus, mais aujourd’hui nous n’avons pas de besoins identifiés. »
Le projet devrait sortir de terre en 2018. D’ici là, un comité de site se réunira le 8 juillet.
Thierry ALLARD