Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 09.06.2016 - thierry-allard - 3 min  - vu 625 fois

UZÈS Haribo : les salariés disent oui au plan de compétitivité

Le DRH Sylvain Chardard et le président d'Haribo France Jean-Philippe André (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« C’est un résultat extrêmement haut et encourageant pour nous » : le président d’Haribo France Jean-Philippe André ne cache pas sa satisfaction.

Le pari de faire appel à un vote des salariés sur le plan de compétitivité d’Haribo France, qui vise à atteindre une baisse des coûts de production des sites de Marseille et Uzès de 10 % d’ici 2018, s’est révélé payant.

65 % de ‘oui’, 70 % sur Uzès

« Nous avons eu les résultats lundi, avec une participation impressionnante, de 88 %, et à Uzès 91 %, le taux le plus fort, explique Jean-Philippe André. Sur l’ensemble, le résultat donne le ‘oui’ à 65 %, et sur Uzès, c’est 70 %. C’est extrêmement haut et encourageant pour nous. » Encourageant, car le plan reste contesté par deux syndicats sur les quatre que compte Haribo France.

« A la fin du processus de discussion qui a duré trois mois, deux syndicats sont prêts à soutenir le plan, FO et la CGC, mais la CGT, qui est majoritaire à Uzès, et la CFDT, qui n’est représentée qu’à Uzès, ont dit qu’ils ne le soutenaient pas », présente le président. Un hic, les deux syndicats réfractaires représentant pas moins de 73 % des voix sur le site uzétien. « Même si les avis sont consultatifs, il n’était pas sérieux de partir sur un programme aussi engageant alors que potentiellement 73 % des salariés ne l’approuvent pas », note Jean-Philippe André.

Alors la direction a décidé d’en appeler directement aux salariés, par le biais d’un vote par correspondance. « On a envoyé tous les projets d’accords, tous les documents », explique le directeur des ressources humaines d’Haribo France Sylvain Chardard. Les salariés ont eu huit semaines pour voter, « dans des règles strictes de neutralité et d’équité », affirme Jean-Philippe André, évoquant notamment le fait que les bulletins étaient directement postés par les salariés chez un huissier de justice.

« Si Haribo c’est le recul social, la France a beaucoup de soucis à se faire »

Le plan a donc été massivement validé par les salariés, en dépit de l’opposition des deux syndicats. Un plan que la direction explique devoir mettre en place pour compenser « le désavantage de compétitivité » des sites français par rapport aux autres usines européennes du groupe Allemand, alors que « l’actionnaire a le choix entre quinze usines », rappelle Jean-Philippe André. Un président qui souhaite conserver la production française annuelle actuelle, de 50 000 tonnes, ce qui ne pourrait être fait qu’au prix de ce plan de compétitivité : « sinon on rentrerait dans une logique d’affectation des volumes ailleurs qu’en France ». Pour autant, « ce n’est pas un chantage », affirme Jean-Philippe André.

Concrètement, le plan comporte l’annualisation du temps de travail, la fin du volontariat pour le travail de nuit (salariés de plus de 55 ans et familles monoparentales exclus), le forfait jour pour les cadres, « des chantiers d’organisation » à mettre en place sur les deux sites qui vont aboutir « à une baisse d’environ 100 emplois à temps plein », dont la moitié pour Uzès, présente le président. Un point qui provoque l’inquiétude de la CGT et de la CFDT. Inquiétude balayée par la direction : « on s’est engagés sur le fait qu’il n’y aurait aucun licenciement », affirme le DRH, « il s’agit d’un plan de départs volontaires à la retraite qui devrait concerner 80 personnes qui toucheront trois fois l’indemnité légale », précise le président. Le delta étant compensé par les intérimaires, qui sont une cinquantaine à venir travailler tous les jours sur les sites français du groupe.

Autre point, « une maîtrise salariale », mais « pas un gel », nuance Jean-Philippe André : « nous n’avons jamais parlé de gel, sur les trois prochaines années, chaque salarié aura l’équivalent de l’inflation, et nous avons l’objectif d’augmenter l’intéressement de 10 % sur la période 2018 - 2019 - 2020. » Parallèlement, « l’entreprise investira 3 millions d’euros supplémentaires sur les deux sites dans le cadre du plan de productivité », précise Sylvain Chardard.

Car, et le président n’hésite pas à parler de « paradoxe », Haribo France est « un groupe solide qui se porte très bien et se développe. » Et Jean-Philippe André d’ajouter qu’« en neuf ans, on a doublé le chiffre d’affaires et triplé l’intéressement. Chez nous, en moyenne un ouvrier a touché l’année dernière 35 900 euros bruts annuels. Si Haribo c’est le recul social, la France a beaucoup de soucis à se faire. »

En attendant, la direction compte bien aller au bout pour appliquer son plan, arguant de la « légitimité » donnée par les salariés. Un Comité central d’entreprise est prévu pour la fin juin.

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La guimauve, autre point dur : les syndicats tiquent également sur la perte de l’atelier de fabrication de la guimauve, qui fabrique 2 500 tonnes par an et serait transféré en Belgique début 2017. « Le groupe a pour projet de créer un centre d’expertise », explique le président d’Haribo France, avant d’affirmer que « le tonnage sera compensé pour ne pas affecter l’usine. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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