CROIX-DE-PALLIERES Cadmium, plomb et arsenic : 188 habitants touchés
Le préfet du Gard l'avait promis, il vient d'annoncer de nouveaux résultats de la contamination des personnes dépistées en Cévennes cet hiver. Des chiffres toutefois partiels, peu sérieux selon certaines associations.
La préfecture souhaite-t-elle gagner du temps, ou peine-t-elle simplement à communiquer avec clarté sur un sujet ultra-sensible ? Ce mercredi, Didier Lauga tenait sa troisième conférence de presse sur l'étude sanitaire menée à St-Félix-de-Pallières, St-Sébastien-d'Aigrefeuille, Tornac, Thoiras, et Générargues. L'on attendait des résultats quasi-complets, voire des mesures pour l'ancien site minier pollué. Mais seuls des chiffres préliminaires ont été annoncés.
Rappel des faits : en février dernier, le représentant de l'Etat, entouré de l'Agence régionale de santé, dévoile le premier bilan de l'étude sanitaire menée auprès de 2800 habitants potentiellement touchés. Sur 675 personnes dépistées, 46 révèlent des taux de présence de cadmium et d'arsenic "supérieurs aux seuils d'intervention à surveiller particulièrement". Un suivi médical leur est proposé avec le CHU de Nîmes et le centre anti-poison de Marseille. Des conclusions définitives doivent être publiées "dans les semaines à venir".
Des chiffres élevés
Chose promise, chose due, le préfet annonce la tenue d'une conférence de presse ce mercredi 20 juillet. De nouveaux résultats partiels sont dévoilés. Ils indiquent que 135 participants présentent une imprégnation à l'arsenic supérieure à la valeur de référence*, soit 22% des personnes dépistées. Coté cadmium, ils sont 47, soit 13 % au-dessus. Une petite partie de l'échantillon est positive à deux polluants (27 au total), et une l'est aux trois. Des personnes habitant à distance des anciens sites miniers sont également touchées.
Aucune mesure de protection dans l'immédiat
Mais prudent, Didier Lauga continue de faire durer le suspens. "Avant de prendre des décisions telles que des expropriations, nous devons avoir la preuve que la présence humaine est impossible sur ces terrains. Nous ne l'avons pas", souligne-t-il. Le représentant de l'Etat s'appuiera sur une étude complémentaire des sols, menée par l'expert minier Géodéris, et étendue aux écoles, crèches, terrains de jeux... "Il faut savoir pourquoi les résidents sont imprégnés, cartographier les concentrations et faire des corrélations. Ce travail va se poursuivre jusqu'à l'an prochain".
Un processus qui a pour objectif d'"endormir la population", selon Jacques Rutten, président de l'association Causses-Cévennes d'action citoyenne. "D'abord, les métaux lourds ne restent pas dans le sang et les urines, ces analyses ne sont pas complètes. Il faut faire des prélèvements dans les os ou les cheveux. Ensuite, pourquoi faire une nouvelle étude alors que beaucoup existent déjà ? Enfin, aucune mesure n'est prise malgré ces résultats. C'est un scandale".
Eloïse Levesque
*Valeur de référence : valeur en-dessous de laquelle se trouve la plus grande partie de la population